De l'autonomie des écoles selon la nouvelle loi scolaire… … et du plan de réussite scolaire en particulier.

21.11.2009

Pour le SEW/OGBL une réforme de l'école doit passer par la cogestion, c'est-à-dire la participation du personnel des écoles à la gestion de l'école. Afin que l'organisation des apprentissages tienne compte des situations concrètes et des besoins réels des élèves, il faut que les réformes soient élaborées le plus près du terrain. D'où l'idée de la cogestion et d'une certaine autonomie des écoles. Que cette autonomie va de pair avec une obligation de rendre des comptes, cela est évident, même si ce n'est pas une idée de tout repos, car nous savons tous qu'en matière de pédagogie les efforts investis ne sont pas toujours couronnés de succès et le résultat de notre travail dépend de multiples facteurs que nous n'arrivons à contrôler qu'en partie.
Néanmoins, le SEW est convaincu qu'une gestion de l'école par les acteurs du terrain plutôt que par des technocrates et des bureaucrates a bien des chances d'aboutir à des résultats satisfaisants.

Oui à la cogestion qui est ancrée dans la nouvelle loi



Voilà pourquoi il a approuvé dans ses grandes lignes une loi scolaire qui instaure les comités d'école et leur confère la gestion de l'école. Gestion encadrée par la mise à disposition de moyens limités d'une part et par un contrôle de qualité d'autre part.
Or, ce qui se passe actuellement est à mille lieux d'une autonomie des écoles et de l'idée de la cogestion. Plus que jamais, nous constatons que le gros des moyens budgétaires vont vers les instruments du contrôle et de la surveillance, alors que les ressources manquent sur le terrain, l'absence de remplacement de titulaires en formation ou en congé de maladie n'en est que l'exemple le plus frappant. Par ailleurs, ces instances de contrôle produisent des instruments multiples pour sonder le terrain. Ces instruments captent l'énergie et le temps de travail des acteurs du terrain sous formes de réunions, formations, questionnaires et autres paperasseries plus ou moins utiles à leur mission de contrôle, mais sans effet sur les apprentissages des élèves, si ce n'est en privant ces derniers de la disponibilité de leurs enseignants et finalement d'un enseignement de qualité.

Non à la bureaucratie et à la surveillance généralisée



Car c'est bien ce que ressentent actuellement bon nombre de nos collègues dans les écoles: Le contrôle minutieux du temps de travail partagé entre enseignement, appui, concertation, consultation, préparation, réflexion, administration et documentation menace sérieusement l'exercice serein du travail auprès des élèves. Personne ne conteste que tout cela fait effectivement partie du travail de l'enseignant, mais jusqu'à présent cette complexité était vécue comme une mission centrée sur les apprentissages des élèves, alors qu'aujourd'hui c'est souvent ressenti comme autant de domaines devant être documentés. Dans de telles conditions, la réforme du système scolaire n'aura aucune influence positive sur les apprentissages des élèves, bien au contraire.

Un plan de réussite scolaire sur commande



L'exemple type de cette perversion de l'autonomie représente bien le plan de réussite scolaire que chaque école est tenu d'élaborer pour faire évoluer la qualité scolaire. Alors que tout le monde peut souscrire aux objectifs fixés dans les différentes dimensions que sont «l'instruction, la socialisation et la qualification selon des caractéristiques qui sont d'accompagner le plus grands nombre d'apprenants, vers le socle de compétences, endéans la durée normale de chaque cycle, qui est de deux ans» et que l'on précise que chaque école est «appelée, à travers le PRS, à choisir la voie qui lui permettra d'atteindre ce but commun», la réalité de ce qui est proposé, voire imposé aux écoles est toute autre.
Des échéances et des procédures préétablies, des formations très ciblées et quasiment obligatoires, une guidance de tous les instants et une démarche pratiquement prédéfinie. On se demande bien où peut se situer l'espace de réflexion pour l'équipe pédagogique ou encore l'espace pour les discussions avec les parents d'élèves. Pour faire un bon plan de réussite scolaire, les écoles n'ont qu'à se conformer aux consignes données par l'Agence et les formateurs. Ainsi, elles auront plus de chances que leur plan sera en fin de compte effectivement accepté par l'Agence. Et évidemment le MENFP connaît dès à présent le contenu des Plan de réussite des écoles et il n'y aura pas de surprises à l'arrivée. Pourquoi ne pas donner tout de suite des directives selon lesquelles les écoles doivent fonctionner? Est-il vraiment plus moderne de jouer à cette mascarade pour faire croire aux écoles qu'elles définissent elles-mêmes leurs objectifs ? Est-ce parce que les gens travaillent plus ardemment en croyant réaliser leurs propres objectifs? Mais de grâce, ne nous parlez plus d'autonomie!

Atteinte à la protection des données privées

Mais de surcroît, et à travers des questionnaires insidieux, il s'agit d'établir un sociogramme des équipes pédagogiques et d'organiser une surveillance rapprochée de tout un chacun à travers les collègues ou les autres partenaires. Quel autre but pourrait poursuivre un questionnaire où chaque enseignant doit indiquer son âge, sa situation familiale, à savoir s'il est célibataire, marié ou concubin, s'il a des enfants, s'il vit avec ses parents ou avec ses enfants … De même les questions sur sa situation personnelle sur son lieu de travail et ses relations avec les collègues sont tout à fait destinées à la dénonciation insidieuse et ne contribuent en rien à un débat franc et ouvert sur la situation de l'école. Le simple fait qu'on ne peut répondre au questionnaire en laissant de côté certaines questions constitue une violation du droit de s'exprimer librement. Il nous semble que cela n'a rien à voir avec un plan de réussite scolaire et que les réponses à de telles questions touchent la sphère privée et sont soumises à la législation sur la protection des données.

Remarque ajoutée en dernière minute: Suite à notre intervention auprès de l'agence pour le développement de la qualité scolaire, il n'est plus obligatoire de remplir les questionnaires et une démarche alternative est proposée aux écoles qui le souhaitent. Le SEW se réjouit qu'il existe encore certains responsables au MENFP capables de comprendre les soucis des enseignants sur le terrain.

Monique Adam