Organisation de l’année scolaire en semestres : N’avons-nous pas d’autres chats à fouetter pour l’instant?

09.12.2011

Chères collègues, chers collègues,

Par courrier du 2 décembre 2011, Madame la Ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle a lancé un référendum des Écoles fondamentales.
Alors que les nouveaux bilans sur l'évaluation par compétences sont de plus en plus controversés dans l'enseignement fondamental, Madame la Ministre désire soudain connaître l'avis de chaque enseignant sur l'organisation de l'année scolaire en semestres ou en trimestres.



Comme par hasard, cette enquête est lancée à un moment où le monde enseignant se préoccupe de questions bien plus alarmantes et inquiétantes qui sont suspendues comme une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Le Ministère, par cette manœuvre, n’essaierait-il pas de détourner l’attention des institutrices et instituteurs des vrais problèmes d’actualité ? N’essaierait-il pas d’apaiser les esprits en feignant mettre en place un dialogue et des structures démocratiques ?


D’après la Ministre, l’organisation de l’année scolaire en semestres faciliterait la mise en pratique de l’évaluation nuancée telle que prévue dans l’approche par compétences. Mais c’est un secret de Polichinelle que l’immense majorité des enseignants doutent de l’efficacité de cette pratique d’évaluation et rejettent ces nouvelles méthodes énigmatiques d’évaluation, qui au lieu de promouvoir la transparence génèrent l’illisibilité et la confusion. Qui plus est, ils se déclarent foncièrement sceptiques par rapport à l’enseignement par compétences, mal conçu, entraînant une évaluation nécessitant un investissement en temps énorme, temps manquant à la mission primaire d’instruction de l’enseignant.

Renouer avec le dialogue, ce n'est pas lancer des enquêtes à tort et à travers, mais discuter le fond des choses avec les représentants mandatés du personnel des écoles. A l'heure actuelle, il n'est donc pas possible de répondre à la question posée.


Malgré les propos rassurants de Madame la Ministre qu’il n’est pas prévu de procéder à une modification du régime actuel des vacances et congés scolaires, les syndicats SEW/OGBL et SNE/CGFP craignent que le Ministère de l’Education nationale ne prenne la modification envisagée pour prétexte pour introduire à moyen terme des détériorations supplémentaires et gratuites de leurs conditions de travail (alourdissement de la tâche, changement du rythme des vacances scolaires). Faut-il à ce sujet rappeler les avant-projets de loi fixant la durée et la structuration de l’année scolaire qui ont été soumis pour avis aux syndicats en février 2011 ? Les effets néfastes de ces avant-projets sur la tâche des enseignants n’ont pu être détournés à ce moment-là que grâce à l’intervention résolue de tous les syndicats. Ne s’agirait-il pas d’une nouvelle tentative pour introduire, en catimini, les mêmes mesures allant à l’encontre des intérêts des enseignant(e)s ? Le SEW/OGBL et le SNE/CGFP déplorent que le Ministère ait réussi à créer parmi les enseignant(e)s de l’Enseignement fondamental un tel climat de méfiance totale face aux propositions émanant de ce Ministère.


Nous invitons les présidents des comités d'école de ne pas se laisser prendre au jeu du MENFP, mais d’exiger une discussion quant au fond du système de l’évaluation et des bilans.

SEW/OGBL et SNE/CGFP