Procédure d'admission à une classe de 7e (Journal 2/2005) Patrick Arendt

06.04.2005

Procédure d'admission à une classe de 7e


Quelques réflexions



La procédure d'admission à une classe de 7e de l'enseignement
secondaire technique ou à la classe d'orientation de l'enseignement secondaire


Les élèves, les parents et les enseignants de la sixième année d'études entrent actuellement dans la phase chaude de cette procédure qui fut instaurée par le règlement grand- ducal du 24 octobre 1996. Elle a remplacé l'examen d'admission, épreuve d'un jour qui fut ressentie jadis comme un grand stress et traumatisme et qui réduisit la sixième année scolaire à la seule préparation de ces épreuves. A l'annonce de Madame la Ministre, ady Delvaux-Stehres de vouloir évaluer et réorganiser la procédure d'orientation des élèves de la sixième année d'études vers les écoles secondaires, le SEW a créé un groupe de travail pour élaborer de propositions concrètes.

Rappelons que l'avis d'orientation se base sur les critères suivants :
  • l'avis des parents,
  • l'avis de l'instituteur titulaire de la classe de 6e année d'études primaires sur le développement des compétences de l'élève,
  • les notes des bulletins de la sixième année d'études primaires,
  • - les résultats à une série d'épreuves standardisées à organiser dans le courant de la sixième année d'études primaires.

    Un redoublement de la sixième année d'études primaires est pos sible seulement dans des cas exceptionnels, à la demande des parents, sur décision de l'instituteur titulaire et avec l'accord de l'inspecteur d'arrondissement.

    Le questionnaire du SEW a révélé qu'un grand nombre d'enseignants (et de parents) expriment leur mécontentement et ressentent un grand malaise vis-à-vis de cette procédure. Sans vouloir anticiper les conclusions de ce groupe, voici quelques réflexions sur cette procédure.

    Le passage du primaire vers le secondaire est souvent appelé «orientation des élèves» et un des premiers critères est l'avis des parents. Ne soyons pas dupes: au primaire et au secondaire l'évaluation se fait toujours sans l'avis des parents. Le fait que les parents n'entrent pas en contact avec les membres du conseil d'orientation (sauf avec le titulaire et le psychologue) montre bien que la décision de l'orientation exclut les parents. Les parents ont bien le droit de préciser leur opinion, mais ils n'ont pas d'influence sur les membres du conseil. Lors d'un avis contraire, leur mécontentement, leur déception et leur colère vont se focaliser sur la personne du titulaire.

    Toutes les notes, les travaux élaborés au cours de la sixième (et même souvent de la cinquième) année d'études du primaire peuvent être considérés par le titulaire et les membres du conseil d'orientation et influencer leur jugement. On peut citer l'exemple de l' élève ayant raté un devoir en classe et voyant sa bonne note compromise dans une certaine branche, qui anxieusement aborde son enseignant en lui posant la question s'il lui reste une petite chance d'intégrer le lycée classique. Ce petit exemple montre que la pression ressentie jadis par les élèves à l'approche de l'examen d'admission s'est répandue sur toute la sixième année d'études.

    La procédure porte une dénomination trompeuse, il ne s'agit pas d'une orientation, mais simplement d'une sélection. Les élèves ayant obtenu les meilleures notes et les meilleurs résultats dans les épreuves standardisées sont «orientés» vers le secondaire classique. L'admission au classique promet les meilleures chances aux élèves en vue de l'obtention d'un diplôme universitaire. Un avis vers le secondaire technique réduit donc sensiblement les chances scolaires de l'élève. Il me semble clair que tous les parents vont dans la mesure du possible, même avec une toute petite chance de réussite, essayer de faire passer leurs enfants au classique. Une orientation vers le secondaire technique est perçue par les élèves et les parents comme un échec.

    Le titulaire de la classe est le seul intermédiaire des parents avec le conseil d'orientation. Les parents ne connaissent pas les professeurs du secondaire et sont tenus à l'écart lors des concertations entre les titulaires et les professeurs. Et il faut se poser la question s'il ne vaut pas mieux de garder ces «concertations» à huis clos; des avis émis en quelques minutes par des professeurs qui n'ont jamais vu les élèves et qui fouillent les textes libres des élèves. Précisons qu'il ne s'agit en rien de critiquer les enseignants du secondaire qui se retrouvent dans une situation inconfortable; donner un avis sur des enfants inconnus, fondé sur un coup d'oeil sur quelques travaux et textes d'élèves et les notes qui ne sont pas comparables d'une classe à l'autre. On comprend qu'il est de plus en plus difficile de trouver des professeurs disposés à coopérer dans ces conseils d'orientation et souvent on y retrouve des collègues enseignant les sciences dans les classes supérieurs.

    Le titulaire de la classe ne reçoit d'ailleurs aucun feed-back officiel quant à la qualité de ses avis d'orientation. Ce n'est que par un contact allant au-delà de la sixième année d'études avec ses anciens élèves qu'il aura les informations nécessaires pour vérifier ses avis.

    En pratique établie, les membres du conseil suivent en règle générale l'avis de l'instituteur. Cependant l'instituteur ne peut prendre aucun engagement vis-à-vis des parents avant la réunion du conseil d'orientation. Il faut donc évaluer la procédure d'orientation et proposer une solution valable sans toutefois tomber dans le piège de vouloir revenir en arrière en instaurant à nouveau un examen d'admission. Dans une prochaine édition de notre journal nous reviendrons sur les conclusions du groupe de travail.


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    Patrick Arendt