Restons mobilisés et vigilants! (Journal 3/2012) Patrick Arendt / Guy Foetz

03.06.2012

Restons mobilisés et vigilants!


Par leur présence lors de la grande manifestation du 22 mars, l’écrasante majorité des enseignants et des autres acteurs du fondamental et du secondaire ont montré leur engagement et ont soutenu les revendications des quatre syndicats du secteur de l’enseignement.

Au-delà de leur mobilisation pour défendre leurs propres conditions de travail, c’est la qualité de l’école dans son ensemble qui les préoccupe. Voilà que des discussions longtemps négligées sur les objectifs de l’école refont surface et qu’une remise en question de l’orientation néolibérale que les dirigeants actuels du MENFP ont soutenue est soudainement inscrite à l’ordre du jour. Les enseignants ont compris que l’évolution du système scolaire dans l’optique marchande que préconisent les chantres de l’OCDE et de la Commission européenne risque de compromettre sérieusement l’avenir de nos enfants et de notre société. Au-dela de l’école, l’affectation massive des valeurs de solidarité et de cohérence sociale renforce cette prise de conscience.

Il s’entend que nous acceptons avec plaisir le mandat de nos membres; le «Memorandum» que le SEW publie dans ce numéro de son journal essaie de faire le point de la situation, de prendre position et de proposer une marche à suivre.

Dans l’immédiat, trois fronts sont ouverts :
  • Ensemble avec l’APESS, le SEW/OGBL a saisi la Commission de Conciliation pour un litige collectif sectoriel. Les syndicats exigent que les principes, définis dans l’accord du Gouvernement avec la CGFP pour toute la Fonction publique, que sont la gestion par objectifs, l’évaluation et l’appréciation, la hiérarchisation des carrières et l’introduction d’un stage pour les institutrices et instituteurs du fondamental ne soient pas appliquées au secteur de l’enseignement. Dans une première réunion de cette Commission en date du 3 mai, le ministre Biltgen a contesté la recevabilité de ce litige, essayant ainsi de priver les acteurs de l’enseignement de leur droit de grève.
  • Dans l’enseignement secondaire, Madame Delvaux a dû faire des concessions majeures en reportant de 12 mois le dépôt du projet de loi de réforme du lycée et en acceptant une mise à plat de celui-ci. Fort de l’appui de milliers de manifestants, la délégation nationale composée paritairement de représentants des comités des professeurs et de délégués des trois syndicats SEW, APESS et Feduse a pu dans sa première entrevue avec la ministre, poser les jalons d’une discussion fondamentale. Il a été retenu qu’avant de se lancer dans des propositions prématurées, il faudra d’abord dresser un bilan des réformes menées ces dernières années, évaluer les forces et faiblesses de l’enseignement secondaire actuel, se mettre d’accord sur des concepts de base comme celui de l’enseignement général, aborder la politique de recrutement des enseignants et identifier des objectifs réalisables et cohérents. Cette première réunion fut aussi consacrée à des questions organisationnelles concrètes pour cadrer le travail de la délégation nationale pour les 12 mois à venir.
  • Dans l’enseignement fondamental, les effets néfastes de la mise en oeuvre de la loi de 2009 se font de plus en plus sentir. La réduction des leçons d’enseignement par l’introduction progressive du contingent ainsi que la situation catastrophique engendrée par des bilans d’évaluation qui ne sont acceptés ni par les enseignants ni par les parents, sont des problèmes qui préoccupent fortement les enseignants. Pour y réagir, les syndicats ont élaboré un modèle destiné à remplacer dans les meilleurs délais possibles les bilans existants. A l’image de l’enseignement secondaire, les syndicats se sont adressés aux comités d’école en vue d’en faire une proposition de tout le corps enseignant. Une première grande réunion aura lieu le 24 mai au forum «Geesseknäppchen ».

Il est nécessaire que les représentants de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire collaborent afin de garantir une continuité du système scolaire.
Notre combat est loin d’être terminé, il n’est même qu’à ses débuts. Restons mobilisés!
Patrick Arendt
Président du SEW/OGBL
Guy Foetz
Vice-président du SEW/OGBL