Une chance historique

23.04.2008

Avec l'échec des négociations sur le reclassement de la carrière de l'instituteur, le Gouvernement a raté une chance historique de faire aboutir une réelle réforme de l'école fondamentale grâce à un appui massif des deux syndicats des instituteurs.

En ouvrant les négociations avec les syndicats des instituteurs et en liant la revalorisation de la carrière à l'introduction de la nouvelle loi scolaire, la Gouvernement avait de fait reconnu la nécessité d'un reclassement de la fonction de l'instituteur compte tenu de l'allongement des études, de l'accroissement des responsabilités, de la complexité de la tâche et de l'émergence de nouvelles missions. Les deux syndicats s'étaient mis d'accord pour accepter le défi des nouvelles missions dans le cadre d'une revalorisation de la carrière. Ils avaient offert d'inclure dans la tâche de l'instituteur, 4 heures de présence en dehors des leçons d'enseignement, pour couvrir les besoins de la formation continue, de la consultation et de l'information des parents d'élèves, des concertations au sein de l'équipe pédagogique de même qu'au sein de l'équipe multidisciplinaire, de l'évaluation par compétences, des travaux administratifs et des réunions de service. Ils s'étaient même engagés à soutenir la mise en place de la concertation dans les équipes pédagogiques, si un accord pour le reclassement de la carrière était trouvé.

C'était un engagement énorme, pour lequel il fallait encore gagner tous les collègues. Par ailleurs, c'était un pari pour donner une nouvelle autorité à une profession qui a besoin d'une réflexion entre professionnels et d'une meilleure communication avec le grand public, ce qui passe en premier lieu à travers la qualité du contact avec les parents d'élèves. C'était une proposition en accord avec la volonté de réforme ayant accompagné l'élaboration du projet de loi sur l'enseignement fondamental.

Cela n'a pas été possible, puisque le Gouvernement s'est obstiné à exiger en plus de cette augmentation de la tâche de 3 heures hebdomadaires, une augmentation de la présence auprès des élèves de 2 heures supplémentaires. Ceci reviendrait selon les calculs à une augmentation du temps de travail se situant autour de 15 ou 20% (voir tableau ci-contre). Une telle proposition aurait été considérée comme tout à fait inimaginable pour tout autre profession et la proposition en soi constitue déjà un manque de respect devant le travail de l'instituteur.

Maintenant le litige est porté devant la commission de conciliation par le seul SNE/CGFP qui a estimé qu'il était seul représentatif pour les instituteurs et que la CGFP ne tolérerait pas que le SEW/OGBL fasse partie de la délégation syndicale. Cela malgré le fait que la loi du 16 avril portant réglementation de la grève dans les services de l'Etat et des établissements publics placés sous le contrôle direct de l'Etat aurait tout à fait permis une action commune des deux syndicats représentant pour le secteur concerné plus particulièrement les agents en litige. Nous regrettons évidemment cette rupture de l'unité syndicale qui risque de faire le jeu du Gouvernement, mais devant l'importance de l'enjeu pour la carrière de l'instituteur, nous avons renoncé à nous disputer publiquement sur la meilleure façon de porter le litige, voire d'entamer deux procédures parallèles, ce qui ne pourrait que nuire à la cause commune. Qui plus est, le SEW/OGBL continuera à jouer son rôle actif dans la mobilisation des collègues.

Nous avons une énorme responsabilité de faire aboutir notre revendication avec le vote de la nouvelle loi scolaire et le Gouvernement a intérêt à chercher un accord, s'il ne veut laisser sombrer l'école fondamentale dans le marasme. Il est vital que la nouvelle loi scolaire soit accompagnée par un nouveau respect pour la profession de l'instituteur. Cela est possible grâce à une réflexion et une cohérence accrues au sein des équipes pédagogiques, à une meilleure information des parents, mais également à travers un classement équitable dans la carrière supérieure de la fonction de l'instituteur.

Les réunions d'information préparent la grève et nous devons mobiliser tous les collègues dans une préparation active qui ne laisse aucun doute sur le degré de mobilisation. Nous dresserons une liste des écoles représentées lors des réunions d'informations et nous contacterons celles qui seraient restées à l'écart. Si les collègues de l'une ou l'autre école ne sont pas encore convaincus de l'importance historique de notre action, contactez vos syndicats qui vous aideront à les convaincre. Si le Gouvernement reste inflexible, il doit comprendre que le jour venu aucune école ne fonctionnera, car il y va de l'avenir de toute la profession et aucun instituteur ne peut se permettre de rester à l'écart. Les syndicats avertiront les communes que les cours chômeront pendant la durée de la grève et qu'elles devront éventuellement prévoir un service d'accueil pour les élèves qui se présenteraient néanmoins devant les écoles.

Et surtout ne vous laissez pas intimider par des messages hostiles au mouvement! Notre mouvement est légitime, il lutte pour l'avenir de la profession et pour une école de qualité et c'est l'attitude irresponsable du Gouvernement qui nous oblige à utiliser cet ultime moyen pour obtenir un accord qu'est la grève.

Si un accord se fait avant d'en arriver là, c'est évidemment tant mieux. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Et qui sait, notre mobilisation aurait pu y être pour quelque chose !

Monique Adam