Rapport du workshop : Formation continue / recherche / innovation
Coordinateur: Georges Theis
Secrétaire: Nadine Anen
La discussion a dégagé dès le début - et en tant que condition sine qua non - les besoins de réformer et d'améliorer la formation initiale. Les participants ont illustré par de multiples exemples des conséquences qui résultent des déficiences de la formation actuelle :
o Pendant leurs débuts dans l'exercice de la profession, les jeunes enseignants se heurtent à de multiples difficultés sans savoir à qui s'adresser pour trouver conseil et assistance.
- Trop de jeunes sont drainés vers la profession d'enseignant sans qu'ils aient des prédispositions psycho-sociales indispensables, qui leur permettent d'être à l'aise au sein d'une classe et de remettre continuellement en question leur pratique.
- Trop d'enseignants sont amenés, dès leur leur formation de base, à adopter une approche passive, quasi scolaire, de sorte qu'ils n'attendent d'une formation continue qu'une simple distribution de « bonnes recettes » pour l'enseignant-exécutant.
- Trop d'enseignants s'enlisent dans des approches conservatrices et dans le scepticisme à l'égard de toute innovation dans l'enseignement ou l'organisation de l'enseignement.
Le groupe a souligné que la formation à Walferdange a connu ces dernières années quelques remaniements qui vont dans la bonne direction, mais qui sont loin d'être suffisants. Quelques lignes à suivre furent dressées: La durée des études doit permettre des études sérieuses en sciences pédagogiques tout en permettant des échanges perpétuels avec le travail dans les classes, sur le « terrain ». L'imbrication de la théorie et de la pratique doit être le fil rouge pendant la formation. Des expériences à l'étranger doivent compléter le curriculum. Une telle formation de type Master et s'étalant sur 5 ans, verrait l'encadrement des étudiants par des enseignants-formateurs, qui seraient en même temps enseignants-chercheurs, travaillant ensemble dans le cadre de projets de recherche. Le lien avec les débuts dans la profession de l'enseignant serait plus facilement réalisable.
Des enseignants mieux formés et dotés de compétences nécessaires pour le travail de formation et de recherche seront à mêmes d'exprimer et de définir des besoins réels en formation continue. Pourrait se réaliser alors seulement une situation souhaitable où le perfectionnement des enseignants et la transformation des écoles vont de pair.
Le groupe a constaté que les paramètres d'une telle formation continue exigent d'autres moyens :
- Elle devra être intégrée dans la tâche de l'enseignant, et non plus avoir lieu presque exclusivement pendant les après-midi libres, les soirées ou les week-ends.
- Il faudra songer aux possibilités d'un compte-épargne-temps avec augmentation nette des crédits-formation et création d'une année sabbatique.
- Une évaluation systématique sera de rigueur.
- Une décentralisation géographique s'impose.
Alors seulement, l'intérêt de la formation continue sera évident, son utilité manifeste et la nécessité d'une participation obligatoire tout au long de la carrière indéniable pour tout enseignant.
Le groupe a constaté que le système, l'organisation même de l'école luxembourgeoise freine ou empêche toute innovation réelle. L'organisation est bureaucratique et autoritaire. « Il faut faire ce manuel, arriver à telle page à telle date ! » Cela se réflète dans l'enseignement figé octroyé à nos élèves. Pour casser l'immobilisme, il faudra augmenter considérablement l'autonomie des enseignants dans le choix des méthodes et -très concrètement- dans le choix des manuels et du matériel didactique. Certains membres du groupe ont cependant rappelé les risques d'une autonomie totale des écoles qui, en reflétant les différences des milieux sociaux, pourrait amener une diversification qualitative des écoles, diminuant peut-être l'égalité des chances des élèves. Pour y pallier, les membres du groupe ont convenu de la nécessité d'un socle de compétences commun à tous les élèves. Le défi serait d'innover en adaptant les méthodes et les moyens aux besoins des élèves tout en assurant ou rétablissant les chances de chaque élève à atteindre un niveau de compétences acceptable.
Les besoins réels de nos élèves et de notre enseignement sont souvent tangibles sur le terrain. Notre groupe s'est montré persuadé que des enseignants mieux formés sont capables d'en dégager les besoins d'innovation et de transformation et de les définir en vue d'une transformation des pratiques, en collaboration avec des chercheurs scientifiques, avec les chercheurs-formateurs de l'université et avec les étudiants en formation.