Etude TALIS de l’OCDE: LE SEW/OGBL refuse sa participation!

Sur invitation du MENFP, des représentants des 4 syndicats d’enseignants (SEW/OGBL, APESS, FEDUSE et SNE) ont participé en tant qu’observateurs à la réunion préparatoire de l’étude TALIS à l’OCDE. Le MENFP comptait sur l’appui des syndicats pour participer à la deuxième édition de TALIS. Le SEW/OGBL, de même que l’APESS et le SNE ont refusé leur participation.
Selon les notes de l’OCDE TALIS est l’enquête internationale de l’OCDE sur les enseignants, l’enseignement et l’apprentissage. Il s’agit de la première enquête internationale qui se concentre sur l’environnement de l’apprentissage et les conditions de travail des enseignants dans les écoles et vise à combler le manque d’information en matière de comparaison internationale des différents systèmes éducatifs. TALIS offre l’opportunité aux enseignants et aux chefs d’établissements de contribuer aux travaux d’analyse de l’éducation ainsi qu’au développement de la politique générale sur certains sujets clés. L’analyse des données internationales de TALIS permet aux pays d’identifier d’autres pays confrontés à des défis similaires aux leurs et à tirer un enseignement de leurs politiques.
TALIS vise essentiellement les enseignants du premier cycle du secondaire et les chefs des établissements dans lesquels ils travaillent. L’OCDE laisse toutefois le choix au pays de l’étendre aux autres enseignants du secondaire ainsi qu’aux enseignants du fondamental, ce qui était l’intention du MENFP.
Contrairement à l’étude Pisa qui s’adresse aux élèves, l’étude TALIS s’occupe exclusivement des enseignants et des directions des établissements. L’OCDE conseilla les ministères nationaux de s’associer dès le départ aux syndicats afin d’éviter que les syndicats n’émettent leur veto et avisent leurs membres de ne pas participer à l’étude ce qui mènerait inévitablement à un échec cuisant de toute cette opération assez coûteuse.
Ainsi le MEN invita des représentants aux réunions préparatoires de la deuxième étude TALIS au siège de l’OCDE à Paris. Le Luxembourg n’avait pas participé à la première édition.
Il va sans dire que les représentants des syndicats ont profité de l’occasion pour discuter en profondeur le rôle et l’influence de l’OCDE sur les systèmes scolaires nationaux.
En même temps, ils ont eu la chance de se concerter avec les représentants du TUAC (Trade Union Advisory Committee to the OCDE) envoyés par l’IE (Internationale de l’Education). Les experts du TUAC ne donnaient pas de recommandation aux syndicats nationaux, mais signalaient la position de force (pour une fois) des syndicats, qui peuvent à tout moment demander à leurs membres de boycotter TALIS et ils n’omettaient pas d’indiquer les éventuels pièges de TALIS.
Le SEW/OGBL ayant critiqué à maintes reprises l’approche utilitariste de l’OCDE, basée uniquement sur des critères de productivité et d’efficacité, afin de promouvoir l’employabilité des futures générations, avait évidemment déjà un certain nombre de réticences par rapport à une telle participation.
Par ailleurs, la participation à l’étude TALIS pouvait également avoir des retombées positives sur la reconnaissance des compétences professionnelles des enseignants.
Ainsi le TUAC veille à ce que TALIS se concentre surtout sur la reconnaissance de la profession des enseignants et leurs conditions de travail (l’environnement d’apprentissage). De même tout lien avec la notion d’une “rémunération selon le rendement” doit être évité. C’est dans cet ordre d’idées, que nos amis allemands de la GEW ont exigé de la part de leur Gouvernement de participer à TALIS. L’Allemagne ne figure pas parmi les pays qui ont annoncé leur participation.
Pour le SEW il était important de vérifier si les conditions d’une participation permettaient de discuter les paramètres de l’enquête et les modalités de son interprétation. Connaissant les capacités de l’OCDE pour une mise en scène médiatique spectaculaire, il sera difficile, voire impossible pour les syndicats de rectifier les interprétations de TALIS fournies par l’OCDE dans l’après-coup.
Toutefois l’image de l’OCDE, une organisation dont les experts dirigent les représentants des ministères d’éducation des différents pays au lieu d’être à leur service, et qui suit une mission strictement économique, s’est malheureusement vérifée.
Les deux types de questionnaires prévues pour TALIS s’adressent aux enseignants et aux directeurs des établissements. Or, si cela convient pour le secondaire, ils ne seront pas du tout adaptés à la situation de l’enseignement fondamental. Les membres du consortium n’ont d’ailleurs montré que très peu d’enthousiasme pour adapter leurs questionnaires à la situation spécifique du Luxembourg. Leur objectif reste de trouver un questionnaire valable pour la plupart des pays de la planète. Déjà pour PISA, l’OCDE a montré qu’elle ne se soucie pas du tout de la situation langagière spécifique du Grand-Duché qui ne pouvait trouver sa représentation dans les jolis graphiques dessinés par les responsables de PISA.
Les syndicats luxembourgeois s’étaient donné le temps de se concerter avec leurs comités, avant de se réunir le 26 janvier pour donner une réponse à la requête du MENFP.
La FEDUSE est le seul syndicat à donner son aval à l’étude, l’APESS et le SNE ont donné un avis négatif et le SEW/OGBL s’est opposé à une participation du Luxembourg à TALIS.
Ci-après vous trouvez la lettre adressée au MENFP qui justifie la décision du SEW/OGBL.
Président