Des économies qui risquent d’hypothéquer l’avenir!

25.04.2010

Des économies qui risquent d’hypothéquer l’avenir! 


Comme l’heure est aux économies un peu partout, l’Education nationale ne pouvait pas en être épargné. Ainsi, nous avons donc le contingent pour réduire les postes attribués aux communes pour leur organisation scolaire, et d’ores et déjà tout le monde commence à sortir la calculatrice pour organiser les apprentissages de ceux qui ne sont plus ni des enfants, ni des élèves, mais rien que des chiffres qui donnent droit à tel nombre de leçons d’enseignement pour telle commune. Que certains enfants demandent plus d’attention que d’autres, que la taille des écoles constitue une contrainte supplémentaire, peu importe, il n’y a que les chiffres qui comptent. Le contingent de leçons une fois attribué demande à être respecté. C’est une logique infernale qui est mise en place et qui risque de créer le chaos dans nos écoles au cours des prochaines années. Il devient de plus en plus évident que le MEN cherche par tous les moyens de réduire les investissements dans l’école publique et tout particulièrement les investissements dans le personnel en contact avec les élèves. L’autonomie des écoles consiste à gérer la pénurie des moyens et le MEN fait appel à la conscience professionnelle des enseignants pour suppléer bénévolement aux carences imposées. Le rapport de planification prévoit une réduction conséquente des moyens investis à la base tout en augmentant le nombre de postes dans les autres structures tels que les instituteurs ressources auprès de l’inspectorat ou encore l’accroissement des postes au SCRIPT. Or c’est dans le travail réel et quotidien au contact des élèves où les moyens font le plus cruellement défaut et où les réductions risquent de mettre en péril la qualité de l’encadrement des élèves.

Et même si les effectifs de classe sont moins importants que chez nos voisins, on oublie toujours de mentionner les exigences au niveau de l’apprentissage des langues, sans parler de la diversité culturelle de notre population scolaire. Nombre de nos écoles connaissent d’ores et déjà des situations difficiles, sans que cela n’ait abouti jusqu’à présent à des situations ingérables comme nous en connaissons pourtant chez nos voisins. Aujourd’hui encore toutes les écoles fondamentales du pays sont en mesure de rassurer les parents d’élèves que leurs enfants y acquerront les compétences nécessaires à la poursuite de leurs études au secondaire et à l’université. Ceci est d’une importance capitale, si l’on veut parer aux ségrégations de tout bord.

Ce que le premier contingent de leçons attribuées aux communes révèle clairement, c’est que les « ressources humaines » mis à disposition des écoles sont en baisse et que l’exception a plutôt tendance à confirmer la règle. Accepter cela parce que les dégâts sont encore « minimes » serait certainement faux, car ce qui peut encore apparaître comme faisable aujourd’hui, ne le sera certainement plus demain. Ce dont nos jeunes d’aujourd’hui ont besoin, ce sont des adultes qualifiés et disponibles qui savent les prendre au sérieux avec leurs nombreuses questions concernant nos modèles de société et les enjeux qui se posent. Ne pas les prendre au sérieux et ne pas leur répondre serait tout simplement irresponsable et constituerait une démission de la génération présente envers les générations futures. C’est cela que les enseignants engagés au sein du SEW/OGBL ne peuvent accepter, car c’est contraire à l’éthique de leur métier.

Le Gouvernement qui impose ce contingent aux écoles est finalement le même qui estime qu’on peut faire des économies sur les allocations de rentrée et les subventions pour enfants, dès que ceux-ci ont atteint l’âge de 21 ans. C’est tout aussi irresponsable et cela suit la même logique, car ceux qu’on n’aura pas relégués au cours de l’enseignement fondamental à travers la suppression de l’appui, on les découragera au niveau de l’université parce que les parents n’auront pas les ressources nécessaires pour les faire étudier.

Donc ce n’est pas demain qu’on fera démentir Bourdieu et compagnie et PISA pourra continuer tranquillement à démontrer que le système scolaire luxembourgeois ne favorise nullement l’égalité des chances. Cela fera toujours mauvaise conscience aux enseignants engagés qui continueront à avoir du mal à défendre leur métier, mais à part eux cela ne dérangera personne et surtout pas le Gouvernement qui ne mesurera la performance de l’école que dans la réduction des coûts.


Monique Adam,
Présidente du SEW