PAS DE REEL RAYON D'ESPOIR A L'HORIZON (Journal 5/2005) Danièle Nieles
Enseignement - Déclaration du Premier ministre et Budget 2006
Sept jours après la déclaration sur les priorités politiques du Gouvernement,faite par M. Juncker, Premier Ministre, Ministre d'Etat, le 12 octobre 2005 à la Chambre des Députés, le ministre du Trésor et du Budget, Luc Frieden, a déposé le projet de loi N° 5500 concernant le budget des recettes et des dépensesde l'Etat pour l'exercice 2006.
Nous avons lu et relu la déclaration du Gouvernement et le projet de budget. Malheureusement il ne nous était pas possible de trouver satisfaction. Bien que le SEW/OGB L partage l'avis du Premier lorsqu'il dit « Am Gespréich mat Enseignante fällt op datt der vill vun hinnen d'Gefill hunn, hir Aarbecht, hiren Engagement an hiren Devouement géifen op wéineg Resonanz an der Gesellschaft stoussen. Si maachen eng nobel Aarbecht, si hunn ee grousst Stéck lëtzebuerger Zukunft an der Hand. 'T ass falsch si fir all Fehlentwécklung an der Schoul haftbar ze maachen. 'T ass richteg, mat hinnen zesummen ze probéieren, all Kand eng Chance op Erfolleg ze ginn. », nous nous devons d'y ajouter que la résonance ne se montre guère en politique non plus, au moins jusqu'à présent.
Nous l'avons déjà dit ici et ailleurs, que l'engagement et le dévouement des enseignantes et enseignants vont de paire avec le droit de cogestion ainsi qu'avec une formation de qualité. Pour que l'Ecole et le personnel enseignant soient aptes à affronter l'évolution de la société hétérogène, qui est la nôtre, il nous faut des représentations du personnel fonctionnelles, bien formées et informées, ainsi que de nouvelles méthodes d'enseignement.
Le SEW/OGB L regrette fortement que sa revendication d'un master en sciences de l'éducation n'ait pas été retenue et réitère sa demande d'une formation professionnelle continue, en cours d'emploi, vers un master pour que chacun et chacune ait le bagage requis pour affronter les défis à relever. Dans ce contexte nous voulons aussi souligner qu'il est inadmissible d'ouvrir, par le biais d'une soi-disant réserve d'assistants pédagogiques, une voie de recrutement pour un personnel qui ne dispose pas d'une qualification suffisante et d'aucune formation pédagogique.
En ce qui concerne les nouvelles méthodes d'enseignement, nous saluons la volonté de réforme du ministère de l'Education nationale, mais nous condamnons le manque de volonté du Gouvernement d'investir dans la recherche pédagogique qui fait toujours défaut. Le temps est où l'on pensait que les élèves doués réussissent et que les non doués échouent. Les recherches faites à l'étranger montrent que rien n'est définitivement acquis et que les structures et les modes de fonctionnement doivent évolués. Mais ces résultats sont guère transférables tel quel au Luxembourg. Notre situation est unique et il faut nous lancer enfin dans notre propre recherche pédagogique - une recherche fondamentale à
l'Université du Luxembourg et une recherche appliquée dans les écoles, qui doivent être
en dialogue constant. Mais, il n'y a pas trace d'une telle approche, ni dans la déclaration sur les priorités politiques du Gouvernement ni dans le projet de budget. La recherche pédagogique ne fait non plus partie des axes prioritaires retenues dans le cadre des projets de l'Université. Ceci est de mauvaise augure pour la qualité du débat sur l'éducation et l'enseignement.
Le poste pour la promotion de l'égalité entre femmes et hommes dans l'éducation et la for-
mation serait augmenté de 2.000 à 71.000 euros. Le SEW/OGB L salue cette évolution et espère que ces fonds seront aussi utilisés pour promouvoir la profession d'instituteur auprès des jeunes hommes et de remédier au fait que l'enseignement technique et professionnel a tendance à se compartimenter très fort et qu'un pourcentage considérable de femmes est cloisonné dans des disciplines de l'enseignement dites « féminines ». Il faudrait analyser les implications de la féminisation croissante de la profession d'instituteur sur nos élèves; les avantages et les désavantages identifiés par cette recherche devraient constituer une base de discussions et d'actions.
Sachant que le budget total du MENFP augmenterait de 85,5 millions (11,35% ) et que maints postes des dépenses en capital seraient diminués, nous sommes exaspérés de voir que le financement par l'État des écoles privées passerait de 43 à 46 millions pour les dépenses courantes, soit une augmentation de 7%, et de 1 à 5 millions pour les dépenses en capital, équivalant à une augmentation de 400%. Le budget total des dépenses en capital du MENFP augmenterait de 2,75 millions d'euros.
Etant donné que pour l'enseignement privé il s'agit toujours de crédits non limitatifs, il ne faut en aucun cas perdre de vue que le budget de 2004 fût déjà dépassé de 7% pour les dépenses courantes et les dépenses en capital ont même été 22 fois plus élevées que prévu.
Nous voyons donc nos craintes relatives à la loi du 13 juin 2003 concernant les relations entre l'Etat et l'enseignement privé confirmées. Pour le SEW/OGB L cette loi reste un assaut sur l'école publique. Nul besoin de rajouter que certaines écoles privées non-confessionnelles - faisant à l'entrée une sélection de leurs élèves selon des critères économiques et scolaires - se débarrassent le plus souvent des cas problèmes. N'aurait-il pas fallu prévoir plus de fonds pour la mise en œuvre du projet-pilote « Ganzdagsschoul » au primaire, augmenter les crédits du service des équipements et des restaurants scolaires au lieu de le diminuer de 45% et persévérer dans l'équipement des écoles avec du matériel informatique et l'alimentation des bibliothèques, car souvent ces offres manquent dans les établissements scolaires publics ?

Daniele Nieles
secrétaire générale du SEW