La réforme de la Formation professionnelle augmente tes chances de réussite (Journal 5/2012) Jules Barthel
Wëssen, Kënnen, Wëllen
La réforme de la Formation professionnelle augmente tes chances de réussite
Ne vous laissez surtout pas induire en erreur par le titre racoleur que vous venez de lire. Il s’agit du titre de l’une des nombreuses brochures en trompe-l’oeil dont le MENFP est devenu le champion toutes catégories. En voici quelques passages issus de la brochure en question.
En théorie, le nouveau régime de la formation professionnelle prend davantage en compte le temps qu’il faut à chaque élève pour apprendre… mais sous quelles conditions ? Chaos organisationnel, horaires scolaires impossibles et en plus surchargés, mesures de rattrapage et de remédiation qui frôlent parfois le ridicule,…
Alors que l’actuel technicien peut accéder directement aux études supérieures, le technicien « reformé » devra passer par un véritable chemin de croix qui, en plus, manque totalement de cohérence, n’est pas équitable et risque de déboucher dans un désastre organisationnel tout comme les modules de rattrapage et la remédiation.
Seule une poignée d’élèves accèdera encore au Graal alors qu’ils sont plus de 48 % actuellement, selon les propres statistiques du MENFP.
Des passerelles existent belles et bien entre le DAP et le DT. Mais toutes les passerelles entre le régime professionnel et le régime technique ont été « de facto » éliminées. Fini les bons élèves d’une 10e ou d’une 11e du régime de technicien qui sont orientés vers une 11e ou une 12e du régime technique. Dorénavant la devise c’est « une fois dedans, tu n’en sortiras plus jamais ».
Quelle formule magique. Prenons le cas, par exemple, de la classe de 10e de la formation du technicien commercial. L’élève ne réussit pas le premier module de comptabilité (module complémentaire et donc non obligatoirement offert en rattrapage au semestre suivant1), il n’a donc pas totalement assimilé les bases fondamentales de la comptabilité mais il peut quand même continuer au deuxième semestre avec le 2ième module de comptabilité qui approfondit les notions non assimilées au semestre précédent. Bien évidemment, le MENFP ne va pas laisser tomber ce pauvre élève. Bien évidemment, on va l’aider à surmonter ses faiblesses. Bien évidemment, il lui proposera de la remédiation …. réduite à deux séances d’appui de 2 heures, en dehors de l’horaire normal voire même, comble du ridicule, pendant les heures de cours du module de comptabilité du 2e semestre.
Pourquoi ne pas dire qu’un élève qui a raté plus d’1/3 des modules sera écarté de la formation choisie et qu’il devra voir ailleurs, absence de redoublement oblige ?
Cette affirmation est risible. Les mathématiques ont tout simplement été éliminées de l’enseignement général. On les retrouve tout au plus dans l’enseignement spécifique. Et encore. Il y a tellement de lacunes dans la structure générale des programmes que souvent, il n’y a même plus de place dans l’enseignement spécifique pour les mathématiques. Et dire qu’après, comble de l’hypocrisie – une fois encore – les élèves devront réussir des modules préparatoires en mathématiques pour avoir la possibilité d’accéder à des études supérieures2.
1 Faut-il rappeler qu’un module de 6 heures par semaine pendant un semestre représente en fait tout le programme d’une 10e du régime ancien. Il s’agit donc bel et bien des fondements absolument essentiels de la comptabilité dont on discute ici.
2 Dans le cas du technicien administratif et commercial par exemple, les 4 heures de l’enseignement spécifique sont consacrées à la langue française, langue éminemment importante dans le milieu administratif, mais réduite à la portion congrue dans l’enseignement général, par ailleurs identique à toutes les formations. Ces élèves abandonnent donc les études de mathématiques en classe de 9e pour reprendre un cours de mathématiques en classe de 12e devant servir à les préparer à des études supérieures. Il s’agira alors d’un cours d’un niveau certainement largement supérieur au cours de mathématiques suivi en classe de 9e.
Professeur des sciences écomomiques et sociales au LNW
Membre de la direction syndicale