Pour l'équité à et par l'école
Plus de 150 personnes s'étaient déplacées pour la table ronde sur "Ecole et élections: l'enjeu de l'équité" à laquelle les organisations réunies au sein du Pôle pour une école démocratique avaient invité les partis politiques. Les présents avaient non seulement l'occasion d'assister au débat, mais d'y participer et de puiser dans un document de questions et de réponses d'une quinzaine de pages. (téléchargement depuis www.sew.lu ou www.asti.lu)
Le débat ne s'est pas attardé aux études internationales peu favorables pour le système scolaire grand-ducal, si ce n'est pour les prendre comme argument pour agir à l'école et par l'école contre les inégalités sociales et contribuer de la sorte à l'amélioration des qualifications de nos jeunes, à l'épanouissement personnel et au développement de la société et de l'économie.
En tant que promoteurs de ce débat public - accessible aussi aux non luxembourgeois puisque traduit en français - nous voudrions relever quelques points qui nous semblent importants pour nourrir le débat électoral en cours.
a) La langue luxembourgeoise au précoce et au préscolaire
Comme l'apprentissage de l'allemand se base sur des connaissances étendues du luxembourgeois, cette langue doit bel et bien être apprise au précoce et au préscolaire par ceux dont elle ne constitue pas la langue maternelle. La table ronde n'a pas permis de préciser les choses, notamment s'il fallait rendre cet apprentissage obligatoire ou non. Systématique nous semble signifier que les objectifs à atteindre sont clairs et les moyens pour y arriver tout aussi précis. Reste à savoir s'il faut instaurer pareil apprentissage systématique à la "Spillschoul". L'invoquer sans s'assurer des moyens pour y arriver nous semble garantir la survie des malentendus: on en aura appris, on saura donc fonder dessus l'apprentissage de l'allemand. En 1991 déjà le Ministère de l'Education voulait rendre cet apprentissage obligatoire "vu la gravité de la situation", il n'en est rien encore. L'offre de pareil apprentissage devrait au moins être obligatoire.
b) La pondération des langues
Sur ce point un certain consensus semble se dégager: pas question d'abandonner une des langues usuelles, d'autant plus que la pression existe pour donner davantage d'espace à l'anglais. Et si le nouveau multilinguisme était à géométrie variable pour les élèves: on poussera les connaissances linguistiques en proposant une première langue à très fortes exigences et plusieurs autres à exigences moindres. De la sorte nous consoliderions nos avantages tout en permettant à davantage de jeunes d'en profiter plutôt que de se réfugier dans des écoles essentiellement monolingues de la région frontalière.
c) La recherche pédagogique
Une fois encore on peut s'attendre à des avancées en la matière. Les attentes face à l'Université du Luxembourg sont grandes. La recherche pédagogique de la nouvelle université doit prendre à bras le corps la situation du multilinguisme particulier du Luxembourg.
d) La formation des enseignants
A un parti politique près, tous semblent prêts à enrichir la formation des enseignants du préscolaire et du primaire en lui donnant un caractère universitaire. Les pays aux meilleures performances scolaires ne lésinent pas sur les moyens de la formation de ce type de personnel enseignant
e) La mise en place d'un seul ministère de l'éducation
Il n'est pas acceptable pour la plupart des partis en présence que dans un petit pays comme le Luxembourg, trois ministres soient compétent-e-s pour organiser d'un côté l'enseignement préscolaire/primaire et secondaire, de l'autre les activités péri/parascolaires et enfin l'enseignement supérieur et la recherche. Tous ces éléments sont interdépendants et la discussion sur les tâches de l'Université de Luxembourg - notamment au niveau de la formation des enseignant-e-s et de la recherche en matière pédagogique. - pour faire progresser la qualité de l'enseignement a une nouvelle fois renforcé cette évidence.
f) L'évaluation des élèves est en pleine évolution: ne pas comptabiliser seulement les performances en points, mais encourager les progrès par une évaluation formative, voilà un domaine où les choses semblent bouger. De même plus rien ne semble s'opposer à une évaluation de l'enseignement lui - même: rien de mieux pour constater les forces et les faiblesses d'une école et de la sorte pouvoir y remédier.
g) En tant que organisateurs nous avons un double souhait: une meilleure prise en compte de la langue maternelle de tout enfant: elle constitue pour chaque enfant la base sur laquelle les autres langues et connaissances viennent se grefffer.
Par ailleurs, une approche plus cohérente au niveau des compétences ministérielles: enseignements préscolaire, primaire, secondaire et supérieur doivent être chapeautés par un même Ministère, compétent aussi pour les structures d'accueil parascolaires.
Nous espérons avoir pu contribuer modestement au débat sur l'école et par là sur l'avenir du Luxembourg.
Pôle pour une école démocratique