Loi scolaire: Restons fermes sur les points essentiels! Monique Adam Journal 1/2007
Le 7 décembre dernier, une délégation du SEW/OGBL a rencontré Madame Mady Delvaux-Stehres accompagnée de ses conseillers pour discuter les différents avant-projets de loi. Les avis y afférents peuvent être demandés à notre secrétariat. Lors de ces discussions qui ont duré près de 3 heures, nous avons surtout abordé les questions qui nous semblent essentielles et qui mériteraient une réflexion approfondie avant le dépôt de tout projet de loi. Malheureusement, la discussion nous a semblé peu ouverte, comme si certaines dispositions avaient fait l'objet d'accords conclus en coulisse. Or ceci nous semble un mauvais point de départ pour une loi qui devrait aboutir à un renouveau de l'école en lançant une dynamique motivante pour tous les partenaires.
Nous avions par le passé beaucoup insisté sur l'importance des comités de cogestion et nous sommes évidemment heureux de les retrouver dans l'avantprojet de loi, malgré les diverses pressions visant à les remplacer par des directeurs. C'est un point essentiel et Madame Delvaux semble avoir compris qu'elle a besoin des comités pour réformer l'école. Néanmoins, nous pensons que l'actuel avant-projet fait trop de concessions à ceux qui privilégient une gestion dirigiste de l'école. Or, si nous voulons que les comités créent une nouvelle dynamique, il faudra leur donner les moyens d'agir et éviter de les enfermer dans un carcantrop rigide.
L'intégration des élèves à besoins spécifiques pose encore de nombreux problèmes, auxquels l'avant-projet de loi n'apporte pas vraiment de solution. Si l'on veut constituer des équipes multidisciplinaires, il faut que les différents professionnels puissent se rencontrer sur un pied d'égalité. Les décisions doivent être prises d'un commun accord avec tous les acteurs concernés, chaque professionnel étant appelé à y apporter ses moyens, mais également à dire ses limites. Il est inadmissible qu'il y ait d'un côté des «experts» gérant les dossiers et prenant les décisions et de l'autre les «exécutants » confrontés à des tâches impossibles.
De nombreuses dispositions concernant la concertation, l'évaluation et la formation continue risquent de peser lourdement sur . Il faudra tout d'abord ramener ces différentes activités à un niveau raisonnable qui tienne compte du fait que la première mission des instituteurs est celle d'enseigner. Par ailleurs, on ne peut pas nier que la concertation dans l'équipe pédagogique et multidisciplinaire devient de plus en plus importante et occupera nécessairement une place plus importante dans l'horaire des enseignants que les quelques réflexions échangées au cours des récréations. Or, dans la tâche des instituteurs et institutrices, il n'est prévu qu'une heure par semaine pour des travaux dépassant la tâche d'enseignement et depuis belle lurette cette heure hebdomadaire empiète sur la tâche d'enseignement ou alors sur le temps de repos de l'enseignant. Avant d'y intégrer de nouveaux éléments, il faudra diminuer le nombre de leçons d'enseignement à prester par l'instituteur afin de dégager du temps pouvant être consacré à ces nouvelles activités. Si l'on n'y prend garde on constatera rapidement une diminution de la qualité d'enseignement ainsi qu'une aggravation du burn out chez les enseignants.
Le danger le plus imminent résulte cependant de l'étatisation partielle de l'enseignement primaire avec l'attribution d'un contingent de leçons d'enseignement attribués aux communes par le MEN. Ceci constitue une mainmise ministérielle sur l'élaboration des organisations scolaires. Le SEW ne peut accepter une telle créées par l'introduction des comités de cogestion dans la loi scolaire. Il faut savoir ce qu'on fait et l'on ne peut pas donner d'une main ce que l'on reprend de l'autre. Au moment où le recrutement plus conséquent des dernières années et la valorisation des acquis professionnels pour l'admission à la formation permettent d'entrevoir la sortie du tunnel de la pénurie, voilà un nouvel outil pour limiter le recrutement d'enseignants en nombre suffisant. Nous ne nous laisserons pas berner par de telles stratégies. Le contingent doit disparaître du projet de loi.
Ce qui doit cependant nous préoccuper encore plus pour le moment, c'est l'avant-projet de loi concernant le personnel de l'enseignement primaire avec le classement dans la carrière moyenne de postes à responsabilité tels ceux des instituteurs et des éducateurs gradués. Au vu des responsabilités qu'entraîne la prise en charge d'un groupe d'enfants en vue de leur donner une éducation et une instruction fondamentale leur permettant de trouver leur place dans une société complexe comme la nôtre, il est impératif de classer les fonctionnaires qui remplissent cette tâche dans la carrière supérieure. Cette disposition est essentielle pour assurer à l'école un minimum de crédibilité et à ses enseignants une certaine autorité.