Exécution de la loi portant réforme de la formation professionnelle - les contradictions éclatent

20.06.2010

Notre ministre de l’Enseignement supérieur a récemment mis en évidence l’importance du Brevet de technicien supérieur (BTS) et sa volonté de développer ces formations dans le domaine de la construction, de l’informatique et des télécommunications. Or parallèlement, la réforme de l’enseignement professionnel, menée contre vents et marées par notre ministre de l’Education nationale a pour conséquence de barrer la voie d’accès à toute formation supérieure pour les futurs techniciens de l’EST, à moins qu’ils n’aient réussi – à côté de leur formation normale – des modules préparatoires aux études techniques supérieures.

Peut-on faire mieux en matière de mesures politiques contradictoires? Malheureusement oui!

En effet, la nouvelle formation de technicien actuellement en projet réduit de manière drastique le poids de la formation générale et tend à se focaliser sur l’apprentissage de tâches d’exécution répétitives.

Ainsi par exemple pour le technicien «Employé de bureau», le poids des langues est-il réduit de 11 à 4 (!) leçons par semaine et les mathématiques et l’économie politique bannies de la grille horaire. Cela au profit de modules voués en grande partie à l’acquisition de compétences professionnelles pointues et morcelées. L’inclusion occasionnelle d’un module de français commercial, de quelques modules techniques de communication ou d’un module «Maths et Statistiques» n’y changera rien: après quatre années d’enseignement de ce genre, ces «techniciens» ne seront guère capables de suivre une formation BTS, que ce soit avec ou sans modules préparatoires (que par ailleurs une minorité seulement entamera).

Comme enseignant ayant participé activement à maintes réformes, je reste abasourdi devant un tel manque de perspectives pour les élèves dont j’ai la charge. Constatant que plus de 50 % des emplois créés au Luxembourg sont des emplois bac+, je me pose des questions sur la motivation des protagonistes de la réforme de la formation professionnelle. Mais en fait tout a été dit! Sert-il de répéter encore et encore les arguments de taille lancés par le SEW et d’autres à l’encontre de ce funeste projet de loi mis à présent en pratique – arguments qui ont manifestement été ignorés par notre ministre?

Il est maintenant bien tard pour redresser quelque peu la barre et éviter le pire – à travers des règlements d’exécution appropriés!

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Guy Foetz
Vice-président du SEW