2011/2012 - Une année scolaire cruciale ...
2011/2012 -
Une année scolaire cruciale ...
Cruciale d’abord pour les enseignants luxembourgeois qui se sont enfin levés. Par leur présence massive dans la rue, ils ont porté un coup d’arrêt provisoire à une déferlante de réformes nuisibles à la qualité de l’enseignement et inspirées d’une idéologie visant à subjuguer l’école aux intérêts de l’économie.
Il est vrai que cet engagement décisif a été un peu tardif. En effet, la réforme de l’enseignement fondamental avec son enseignement par compétences à côté de la plaque et ses bilans incompréhensibles, ainsi que la réforme de l’enseignement professionnel tournant à présent au fiasco total, avaient déjà été votées par un parlement resté insensible aux arguments des enseignants et notamment de notre syndicat. Il est difficile à présent de corriger les méfaits de ces deux réformes, voire de faire marche arrière !
Les éléments déclencheurs de la fronde des enseignants ont été d’une part l’affreux projet de réforme de la Fonction publique - totalement inadapté au secteur de l’enseignement - et de l’autre la réforme du lycée, que la fureur réformatrice de la Ministre avait épargné jusqu’à présent.
Mais le SEW n’est sans doute pas innocent à la tournure qu’ont pris les événements, c’est le moins qu’on puisse dire ! En effet cette réaction tant attendue par les enseignants euxmêmes, qui couvait depuis des mois, mais qui tardait à se cristalliser a été essentiellement activée par notre syndicat ! La goutte qui faisait déborder le vase fut la réforme proposée de la Fonction publique et dès la fin du mois d’octobre, le Comité du département fondamental a décidé d’aller de l’avant. Le Comité du département secondaire, qui était arrivé à des conclusions comparables quant aux liens existant entre les réformes dans l’enseignement et celle dans la Fonction publique, s’est immédiatement enclenché et a demandé à l’APESS de s’associer au mouvement. L’APESS s’est rallié et des réunions d’informations ont été organisées dès le mois de novembre. Le grand nombre de participants à ces réunions régionales laissait présager l’immense succès de la manifestation au Centre Atert le 1erdécembre avec une salle archicomble et une foule d’enseignants qui ne trouvaient plus de place à l’intérieur. Les revendications des deux syndicats étaient reprises par après dans un “Manifeste” qui fut signé par quelque 4.500 enseignants et éducateurs. A partir de ce moment, ni le SNE, ni la FEDUSE ne pouvaient rester à l’écart et rejoignaient le mouvement. La grande manifestation du 22 mars constituait le point culminant et faisait reculer la ministre de l’Education nationale.
L’année scolaire 2011-12 a donc été cruciale aussi pour le SEW. Nous pouvons dire, sans fausse prétention, que nous avons affirmé notre position de syndicat fort et revendicatif, capable de faire bouger les choses ! Les membres particulièrement motivés des comités du fondamental et du secondaire du SEW constituaient la force motrice du mouvement et le fait que le SEW rassemble les enseignants du fondamental et du secondaire au sein d’une même organisation était à la base d’un mouvement commun du corps enseignant. Pour la grande manifestation de rue du 22 mars, tous les syndicats du secteur de l’Enseignement se réunissaient dans un front syndical qu’on peut qualifier d’historique, car il réussissait à rassembler deux tiers de tous les enseignants de notre pays.
Dans le développement d’un mouvement de cette ampleur, il ne faut certainement pas oublier non plus la force financière et organisatrice de l’OGBL.
Au tournant des années solaires 2011- 12 et 2012-13, les jeux ne sont pas faits, loin de là ! Du côté des réformes scolaires, la Ministre a certes ajourné sa réforme du lycée et en a accepté une mise à plat; une délégation nationale des enseignants, composée de 9 représentants des comités des professeurs des lycées et de 9 représentants des syndicats a été instaurée. Celle-ci s’est donné pour objectif de dresser un état des lieux de remettre ses propositions au printemps 2013. Il faudra voir ensuite !
Pour ce qui est des réformes de l’enseignement fondamental et de l’enseignement professionnel, rien n’est réglé: la Ministre semble ignorer des propositions des syndicats et continue comme avant. C’est intolérable !
Du côté de la réforme de la Fonction publique, la conciliation est dans l’impasse, puisque le ministre Biltgen ne veut pas entendre parler d’une non-application de ses quatre principes généraux ( gestion par objectifs, appréciation du fonctionnaire, hiérarchisation de la carrière par majoration d’échelon, stage de 3 années rémunéré à 80 % respectivement 90%) à l’enseignement. De leur côté, le SEW et l’APESS, forts du soutien représentatif des 4.500 signataires du “Manifeste” n’accepteront pas de négocier ces principes avec la ministre de l’Education nationale, parce qu’ils sont absurdes et étrangers à la nature des relations dans le secteur de l’enseignement.
L’automne s’annonce chaud !
Président du SEW/OGBL |
Vice-président du SEW/OGBL |