04.07.2008

A l'occasion du 10e anniversaire de la Formation pédagogique des enseignants du postprimaire, le Professeur Maurice Tardif, Recteur de la Haute École pédagogique des Cantons de Berne, du Jura et de Neuchâtel en Suisse romande a tenu une conférence sur l'organisation de la formation des enseignants.

Il a énoncé à ce sujet une série de principes de base qui devraient être respectés lorsqu'on veut assurer une formation professionnelle de qualité:

li>une approche programme est nécessaire, qui donne une cohérence à la formation;
• les formateurs sont collectivement responsables, ce qui demande de disposer de suffisamment de temps pour se concerter et travailler ensemble;
• il faut collaborer étroitement avec les écoles et intégrer les compétences des tuteurs dans la
  formation
• une évaluation systématique de l'action sur la base de stratégies en relation avec la pratique
  enseignante est indispensable
• le travail de l'enseignant dans la classe doit être placé au coeur de la formation, qui devrait avoir trois composantes, (1) la discipline, (2) la didactique et la psychopédagogie, et (3) la pratique;
  (1) et (2) devant être fondées sur (3)
• les compétences à transmettre aux stagiaires sont à hiérarchiser (vu le temps limité disponible) et il faut décider en équipe ce qu'on va privilégier
• dans cette hiérarchie, il y a deux compétences essentielles, la gestion de la classe et la gestion de la matière; les autres compétences y sont subordonnées.

Il s'entend que le SEW souscrit des deux mains à ces principes. Nous y retrouvons en effet des revendications de longue date de notre syndicat, notamment

• l'intégration du travail et de l'expertise des tuteurs dans l'organisation du stage
• la concertation entre les formateurs de la partie théorique (formateurs modulaires) et ceux de
  la partie pratique (formateurs disciplinaires et tuteurs)
• la diminution du poids des cours purement théoriques et l'orientation de la formation théorique vers la pratique du métier d'enseignant.

Au cours des trois dernières années, un certain nombre de choses se sont améliorées au niveau du stage pédagogique des enseignants du post-primaire. Citons une meilleure organisation, la diminution de la charge qui pèse sur les stagiaires, une offre de cours aux formateurs et tuteurs, la mise en place d'une équipe de formateurs à plein temps qui se concertent régulièrement,...
Mais on reste loin d'une situation idéale:

• le stage demeure très éprouvant pour les stagiaires, au dépens d'échanges avec leurs tuteurs et leurs collègues et, parfois, de la préparation de leurs leçons
• les cours purement théoriques sans lien direct avec la pratique continuent d'occuper une grande partie du programme
• les contacts entre les différents acteurs sont notoirement sous-développés et le stage manque de cohérence dans son ensemble
• il n'y a pratiquement pas de liens entre les tuteurs dans les lycées et les formateurs (modulaires surtout) à l'UdL
• l'expertise des tuteurs est négligée et le choix des tuteurs est souvent aléatoire et ne répond pas aux exigences
• la pratique enseignante n'est pas placée au centre de la formation.
  Il y a du pain sur la planche!
  Guy Foetz