Joel Bakan: Nos enfants ne sont pas à vendre

Joel Bakan est canadien et professeur de droit à l’université de Colombie-Britannique. Il s’adresse aux parents pour les inviter à protéger leurs enfants contre un système marchand qui prend les enfants comme cible principale du marketing. Il montre comment nos sociétés ont cessé à partir des années 1980 à protéger les enfants contre l’exploitation économique et les livrent à la quête effrénée du profit des grandes entreprises. Nombre de jeux vidéo et de réseaux sociaux sont conçus pour « fidéliser » leur clientèle en la rendant dépendante. Ainsi les sentiments des enfants sont habilement manipulés pour mieux leur soutirer de l’argent. Pour les parents il devient de plus en plus difficile à soustraire leurs enfants d’un monde numérique dans lequel ils sont plongés quand le marketing s’est emparé d’eux. L’accoutumance à la violence, la sexualisation et l’hyperconsommation sont alors littéralement inculqués aux jeunes qui se laissent de moins en moins éduquer par leurs parents et leurs enseignants. D’ailleurs Joel Bakan montre également qu’aux Etats-Unis les écoles sont de plus en plus mis au service du marché. Il fustige les tests normalisés parce qu’ils réduisent la valeur de l’éducation à ce qu’on peut en mesurer et rétrogradent les « pédagogues au rang de techniciens en préparation de tests, ils se coupent des aspects humains et créatifs de leur travail et perdent leurs capacités de réflexion et d’empathie aux yeux des élèves ». Sans oublier par ailleurs l’explosion des traitements pharmacologiques de troubles mentaux infantiles qui est en train de devenir un autre secteur d’activité très lucratif pour l’industrie des produits pharmaceutiques.
Joel Bakan est évidemment d’avis qu’il faut une réglementation pour protéger efficacement les enfants des menaces que les grandes entreprises font peser sur leur santé et leur bien-être, mais il appelle aussi tous les parents à se mobiliser non seulement pour faire des choix avisés pour leurs propres enfants, mais pour s’engager en tant que citoyens dans le remodelage collectif de la société.
Commentaire de Monique Adam