C'est le moment d'agir! (Editorial: Journal 2/2007 - Monique Adam)
Reclassement de la carrière
La carrière moyenne pour l'instituteur et pour l'éducateur gradué, ce n'est plus tenable. Le Ministre de la Fonction publique doit enfin tenir compte des responsabilités et des exigences de formation accrues auxquelles ces professionnels ont dû faire face au cours des 20 dernières années. Un reclassement dans la carrière supérieure s'impose de longue date et l'injustice subie au cours des deux dernières décennies est flagrante. Les discussions sur le profil de l'enseignant et le travail en équipe pédagogique ou multidisciplinaire des différents professionnels l'a rendue encore plus criante.
Malheureusement, le fait d'ignorer depuis longue date une revendication légitime n'a déjà fait que trop de dégâts. Que valent les belles paroles sur l'importance du travail éducatif de l'école et l'importance accordée aux premières années de la scolarité, si les enseignants constatent jour après jour qu'il est plus rentable d'enseigner dans le secondaire que dans le primaire ? Quel crédit accorder aux préoccupations sur l'échec scolaire, si le travail avec les élèves en difficulté est dévalorisé ? Faut-il encore souligner que les plus beaux discours ne sont plus crédibles si les actes ne suivent pas ? Comment ne pas comprendre que la résignation se répande de plus en plus sur le terrain ?
Jusqu'à présent les gouvernements successifs se sont terriblement appliqués à verrouiller la carrière de l'instituteur. L'accord de coalition sur la période de 1999 à 2004 s'était même payé le luxe de signaler expressément que la carrière de l'instituteur n'allait pas être revalorisée. Et que fait l'actuel gouvernement ? Il récidive ! Ainsi nous pouvons lire dans l'avant-projet de loi concernant le personnel de l'enseignement primaire que les instituteurs et les éducateurs gradués sont classés dans la carrière moyenne !
Croient-ils vraiment que les personnels concernés vont se dire une fois de plus qu'il n'y a vraiment rien à faire, qu'ils seront de toute façon toujours les laissés pour compte et qu'on ne changera jamais rien à rien ? Dans ce cas, ils doivent certainement croire aussi que leurs discours sur les compétences et la nouvelle loi scolaire ne sont destinés qu'aux médias et à un public peu averti et que de toute façon ils ne changeront jamais rien à rien.
Le SEW/OGBL a toujours lutté contre la résignation et il s'est toujours révolté contre les discours creux, voilà pourquoi nous estimons qu'il est temps d'agir. La Ministre de l'Education nationale dit qu'elle soutient le classement de l'instituteur dans la carrière supérieure, mais qu'elle doit attendre les propositions de son collègue de la Fonction publique. En 2001 déjà une démarche commune des deux syndicats avait revendiqué un reclassement de l'instituteur au grade E6. Depuis le nouveau Bachelor avec 240 points ECTS exigeant 4 années de formation pour les instituteurs a été introduit et les projets pour une formation continue débouchant sur un Master en Sciences de l'Education se mettent en place. Que le gouvernement se décide enfin !
Le SEW/OGBL a pris contact avec les responsables du SNE/CGFP pour mobiliser massivement les instituteurs et institutrices, si le gouvernement ne tenait pas compte de nos revendications communes. En aucun cas, nous ne laisserons passer une loi scolaire qui nous classe dans la carrière moyenne.
Le temps n'est donc pas à la résignation, mais à la mobilisation et qu'on se le dise !
Dans les semaines à venir, nous organiserons des réunions d'information et de mobilisation dans différentes régions du pays. En dehors de nos revendications en matière de carrière, ce sera l'occasion de discuter les changements majeurs dans l'évolution de notre profession au cours des dernières années et d'élaborer ensemble des perspectives pour l'école publique et les personnels qui y travaillent.