L'accord gouvernemental en matière d'enseignement et la position du SEW au sujet de ces orientations (Journal 4/2009)

EDUCATION NATIONALE ET FORMATION PROFESSIONNELLE
L'éducation est un enjeu décisif de l'avenir du pays. Il s'agit de qualifier au plus haut niveau possible les résidents afin de faire face aux besoins d'une économie qui se veut compétitive et qui a besoin de toujours plus de qualification. En même temps il s'agit de développer les compétences qui permettent à chacun de participer aux débats d'une société démocratique et d'exercer ses droits de citoyen.
Certes, l'école ne peut pas résoudre tous les problèmes d'une société, mais elle est un élément clé pour répondre aux défis de l'adaptation nécessaire d'un pays aux changements d'ordre socio-économique, technologique, culturel et démographique.
Il faut un engagement sans faille pour une école de la réussite avec l'objectif d'amener le plus grand nombre à un diplôme de niveau bac ou équivalent et 50 % d'une cohorte à un diplôme de bac plus pour répondre aux exigences du marché du travail. Parallèlement, il faut endiguer l'échec scolaire et réduire le nombre de décrocheurs qui quittent l'école sans avoir obtenu de qualification.
Pour atteindre ces objectifs, les réformes engagées seront poursuivies et développées. Les offres de formation tout au long de la vie seront étendues et ancrées dans un concept de Life Long Learning.
La formation initiale doit être conçue comme le point de départ de la formation tout au long de la vie. Face au développement technologique et à la multiplication des savoirs, il faut définir les compétences qui permettent aux jeunes de s'engager avec succès dans un projet de vie.
Le gouvernement précédent n'a cessé de déclarer que l'Education nationale est un élément stratégique de sa politique économique et sociale. Or, - contrairement à ces déclarations, le budget des dépenses courantes du MEN accuse depuis des années un retard persistant par rapport au budget des dépenses courantes total de l'Etat
Il est évident que l'école existante résulte d'un choix de société; alors veut-on y changer quelque chose de fondamental? Veut-on permettre à un nombre beaucoup plus important de jeunes d'accéder au savoir ? Veut-on donner à ce qu'on appelle « orientation » et « éducation des choix » une finalité qui dépasse les problèmes de recrutement au niveau de certaines entreprises. Il faudra pour y arriver, un changement de mentalité par rapport à ce que l'école publique doit accomplir dans notre « société de la connaissance », où de moins en moins d'emplois sont ouverts aux démunis du savoir et où le maintien de la démocratie est plus que jamais lié à l'éducation de citoyens avertis et responsables. Le colloque du 22 mai 2008 organisé par l'OGB-L au sujet des résultats PISA/PIRLS a permis au SEW de mettre en évidence ses représentations d'une réforme fondamentale de l'école publique:
Nous mesurerons donc aux actes la sincérité des projets de l'accord gouvernemental. |
Compétences
Il n'y a pas de compétences sans savoirs: les programmes seront fixés de manière à favoriser le travail interdisciplinaire. En effet, outre des compétences en langues, mathématiques, sciences naturelles, sciences humaines, les élèves doivent maîtriser les nouvelles technologies. Ils doivent être initiés à l'éducation au développement durable, à l'éducation aux médias, ils doivent être encouragés à la créativité, à développer une sensibilité aux arts, ils doivent être préparés au monde du travail, connaître la variété des métiers. Ils doivent recevoir une éducation citoyenne, une éducation à une vie saine et à la santé. Il est évident que tous ces objectifs ne peuvent être poursuivis que dans une approche commune de toutes les disciplines et la conjugaison de tous dans un but commun.
Le SEW salue le principe des socles de compétences, mais le problème majeur se pose quant à leurs contenus. Conçoit-on par exemple le curriculum jusqu'à la fin de l'obligation scolaire comme une éducation de base pour tous permettant de former des citoyens à part entière ou s'agit-il de préparer dès l'école primaire à la poursuite d'études longues et à la formation d'une élite ? Une surcharge du curriculum conduit d'une part à une marginalisation d'un pourcentage important de la population scolaire et, d'autre part, ne permet pas de mettre en oeuvre les méthodes de construction du savoir, du savoir-faire et du savoir-être. Fixer le contenu des socles de compétences est une décision politique qui nécessite une discussion approfondie préalable sur les visées de l'école publique. Cette discussion n'a pas eu lieu jusqu'à maintenant. Nous nous attendons par conséquent à une vraie discussion sur le contenu des socles de compétences en partant des visées de l'école publique. S'il faut évaluer, nous pensons néanmoins que dans le processus mis en oeuvre par le MEN, l'évaluation prend des proportions démesurées. Les enseignants risqueront de passer le plus clair de leur temps à tester leurs élèves, soit pour en apprécier les différentes compétences en vue d'une démarche formative ou certificative, soit pour répondre aux nombreuses enquêtes évaluatives nationales ou internationales qui figurent dans le plan d'action. Nous nous demandons à quoi sert une évaluation si on ne dispose pas des moyens pour résoudre les problèmes détectés. Il est primordial pour nous aussi que le MEN ne demande pas à chaque établissement scolaire - sous prétexte d'une autonomie scolaire mal comprise de cuisiner sa propre sauce et de mener «sa» propre réforme de l'enseignement. Pour le SEW/OGBL l'autonomie des écoles doit se jouer dans le cadre d'objectifs et de méthodes d'évaluation clairement fixés pour l'école publique dans son ensemble. L'évaluation des écoles doit contrôler si partout ces objectifs essentiels sont atteints et s'abstenir d'établir un ranking entre les différentes écoles. Il nous semble au contraire nécessaire de travailler de concert au niveau national et de maintenir une unité forte de l'école publique luxembourgeoise. Le SEW se prononce clairement contre un éclatement de l'école publique, tant au niveau des contenus de l'évaluation et des diplômes conférés. A l'intérieur d'un tel cadre les équipes pédagogiques de chaque école doivent garder une réelle autonomie sur l'organisation scolaire et les méthodes d'enseignement. |
L'école s'ouvrira: les intervenants du monde politique, social, économique et culturel seront les bienvenus à l'école pour informer et s'échanger avec les communautés scolaires. Cet échange devra toujours être préparé et encadré afin de garantir que la neutralité et l'objectivité des informations soient garanties. Les élèves et les enseignants sortiront également de l'école pour mieux connaître le monde économique, social et culturel. Le parcours scolaire des élèves devra être organisé de façon que chaque élève ait eu des contacts avec le monde du travail et qu'il ait fait connaissance avec plusieurs institutions culturelles.
Les écoles et lycées sont encouragés à conclure des accords de partenariat avec des établissements scolaires de la Grande Région
Le SEW soutient l'ouverture de l'école sur le monde politique, social, économique et culturel et sur la Grande Région sous condition que la neutralité et l'objectivité des informations soient garanties. A noter par ailleurs que nombre d'écoles pratiquent cette ouverture depuis des années. |
Enseignement des langues
Le multilinguisme est un atout pour les habitants du pays. Il faut le préserver, tout en veillant à ce que l'enseignement multilingue ne constitue pas un obstacle infranchissable pour un grand nombre d'élèves d'accéder à une qualification. Voilà pourquoi l'enseignement des langues est aménagé de manière à donner à tous les élèves de l'école luxembourgeoise des compétences dans les trois langues du pays, de permettre l'apprentissage de l'anglais au plus grand nombre et de valoriser les langues maternelles autres que les langues de l'école., Il est illusoire de prétendre que les élèves de l'école luxembourgeoise ont des compétences identiques dans les langues.
Des niveaux de compétence langagière seront définis pour les différentes filières. Pour les formations secondaires qui donnent accès aux études supérieures, il sera exigé, en plus de compétences dans toutes les langues de l'école, une bonne maîtrise (niveau C du Cadre européen de référence) dans au moins une langue, qui sera celle dans laquelle seront poursuivies des études.
Un enseignement plus actif des langues et l'utilisation du potentiel d'apprentissage langagier des disciplines non linguistiques constituent sans doute des pistes majeures à exploiter pour améliorer les performances de nos élèves. Or, l'enseignement actif suppose un travail avec des effectifs de classes réduits. On revient ainsi à la question des moyens. Le manque de moyens (enseignants, salles disponibles, ) pour travailler davantage en petits groupes et pour réaliser la panoplie des évaluations constituent sans doute une des pierres d'achoppement majeures. Nous conseillons aux responsables ministériels de réfléchir sur ce qui est faisable compte tenu des moyens existants. D'un point de vue culturel et économique, le français constitue sans doute la langue la plus importante dans notre pays. Il est à craindre qu'en permettant aux élèves de choisir entre le français et l'allemand comme première et deuxième langue, les élèves luxembourgeois préféreront massivement l'allemand, ce qui constituera sans doute un handicap pour eux sur le marché de l'emploi. La politique scolaire actuelle part de l'idée que les enfants des immigrés apprendront le Luxembourgeois grâce à l'éducation précoce et préscolaire et qu'ils pourront ainsi être intégrés avec succès dans l'enseignement fondamental. Cette optique néglige e.a. le rôle de la langue maternelle pour l'apprentissage d'autres langues. Une meilleure structuration de l'apprentissage de la langue allemande et des cours d'apprentissage intensif du français/de l'allemand pour les nouveaux-arrivants s'imposent. Il est symptomatique que devant les difficultés à lire et à écrire que ressentent notamment les enfants des milieux défavorisés, aucune action précise n'était prévue dans le plan d'action pour l'ajustement de l'enseignement des langues publié en 2007. |
Langue luxembourgeoise
Alors que chaque année un grand nombre d'enfants nouvellement arrivés au pays sont scolarisés tant dans les écoles fondamentales que dans les lycées, il importe de les rendre aptes à comprendre et parler le luxembourgeois.
Le luxembourgeois, qui est une des langues de l'école, est enseigné comme langue de communication à l'école fondamentale dès l'enseignement précoce. L'oral est privilégié. Les objectifs à atteindre sont définis, du matériel didactique ainsi que des conseils didactiques pour l'enseignement du luxembourgeois comme langue étrangère sont mis à disposition des
enseignants.
A l'enseignement secondaire, une option «langue et culture luxembourgeoise » sera proposée aux élèves de la division supérieure. Cette première expérience sera mise en place et évaluée.
L'encouragement de l'apprentissage du luxembourgeois par les parents d'enfants immigrés, notamment en l'incluant dans le temps de travail, constitue une revendication de longue date de notre syndicat. La loi récemment votée, qui introduit un congé spécial de 200 heures destiné aux salariés de toutes nationalités travaillant depuis 6 mois, pour apprendre le luxembourgeois est un pas important dans cette direction. Il convient à présent de promouvoir son application, et cela malgré la crise économique. |
Enseignement fondamental
La réforme de l'école fondamentale entrera en vigueur à la rentrée 2009. Il sera veillé à l'exécution de toutes les dispositions. Un premier bilan sera dressé après 3 ans. En attendant, les conditions de formation et de statut d'un directeur d'école seront désormais examinées. Lors d'une future adaptation de la loi, les écoles d'une certaine taille pourraient opter pour une direction à plein temps. Parallèlement, le rôle de l'inspectorat, notamment ses relations avec l'Agence pour le développement de la qualité nouvellement créée, sera précisé.
La réforme de l'école fondamentale a été soutenue dans ses grandes lignes par le SEW/OGBL parce qu'elle vise une plus grande responsabilisation des acteurs du terrain en leur conférant une plus grande autonomie. La mise en place des comités d'école et le fonctionnement en équipes pédagogiques et multiprofessionnelles ainsi que le partenariat avec les parents d'élèves en sont les éléments essentiels aux yeux du SEW/OGBL. Voilà pourquoi notre syndicat a consenti à augmenter les heures de concertation et la consultation des parents d'élèves dans la tâche de l'instituteur. Le SEW/OGBL continuera à soutenir pleinement cet aspect de la réforme, mais il est plutôt sceptique sur la façon d'établir les socles de compétences ainsi que l'introduction précipitée de nouvelles formes d'évaluation, sans concertation à large échelle. Le SEW/OGBL estime qu'il n'est pas utile de confronter les parents d'élèves tous les deux ans à de nouvelles procédures d'évaluation et qu'il faut donc qu'un tel outil puisse être éprouvé dans la pratique et évalué sérieusement avant d'être adopté. Le SEW/OGBL ne comprend pas pourquoi le Gouvernement entend examiner les conditions de formation et de statut d'un directeur d'école, alors que les nouveaux comités d'école viennent tout juste d'entrer en fonction. Aucun directeur d'école n'est prévu par la nouvelle loi scolaire et le MENFP doit savoir que le soutien de nombreux instituteurs à son projet de réforme passe essentiellement par la cogestion à travers les comités d'école et de cogestion qui ont été introduits par la nouvelle loi et en aucun cas par l'introduction de directeurs. Il est donc primordial de munir les comités d'école et de cogestion des moyens nécessaires à réaliser leur travail. Le SEW/OGBL est fortement attaché à une réforme qui tient compte des constats établis dans le travail quotidien avec les élèves, voilà pourquoi il estime qu'il est indispensable de permettre aux équipes pédagogiques de faire entendre leurs propositions. Le SEW/OGBL continue à demander une bonne formation initiale et continue pour tous les instituteurs, car il est d'avis que l'école fondamentale a besoin de praticiens réflexifs qui relient un vaste savoir théorique à un savoir-faire pratique qui leur permet d'adapter lur pratique quotidienne aux besoins des élèves et à l'évolution des connaissances dans tous les domaines. Le SEW/OGBL est d'avis que tous les professionnels de l'enseignement et de l'éducation doivent actualiser leurs connaissances par des formations continues régulières mais il estime que le choix de ces formations doit être absolument libre. Le SEW/OGBL s'opposera à tout encadrement trop rigide des équipes pédagogiques que ce soit par l'inspectorat ou par l'Agence pour le développement de la qualité. |
Il apparaît d'ores et déjà que la reprise par l'État de certains intervenants sous statut communal rendra nécessaire des adaptations législatives afin de permettre le changement de statut du fonctionnaire communal vers celui de fonctionnaire de l'État.
Le SEW/OGBL salue la volonté du Gouvernement d'effectuer les adaptations législatives nécesaires afin de permettre le changement du statut du fonctionnaire communal vers celui de fonctionnaire de l'Etat. Ceci permettra notamment de reprendre tous les professionnels devant faire partie des équipes multidisciplinaires, notamment les éducateurs et éducateurs gradués sous le statut du fonctionnaire de l'Etat. |
L'évaluation formative des élèves est mise en place progressivement à l'école fondamentale. Elle est au service de l'apprentissage et permet de suivre les progrès des élèves, d'intervenir pour les pousser à aller plus loin et de les aider à surmonter les difficultés qui apparaissent. Le profil de l'élève qui s'établit ainsi au cours de sa scolarisation à l'école fondamentale sera une aide précieuse dans l'orientation des élèves après le cycle 4.
La mise en place de cette nouvelle forme d'évaluation demande à être discutée en profondeur avec tous les partenaires de l'école. Le SEW/OGBL est favorable à cette réforme de l'évaluation, mais demande une préparation optimale afin d'aboutir à un système permettant de signaler les progrès des élèves dans les différents domaines de façon facilement compréhensible et évidente. Or, tel n'est pas le cas des documents élaborés pour les cycles 1 et 2. Voilà pourquoi le SEW demande à les analyser avec tous les partenaires et de les adapter ensuite afin de donner une chance de succès à leur introduction. |
La procédure d'orientation de l'enseignement fondamental vers le secondaire sera réaménagée. Elle se fera en fonction des intérêts et des compétences des élèves, le poids des compétences langagières en tant que critère d'orientation sera diminué.
Le SEW/OGBL salue une réforme de la procédure d'orientation de l'enseignement fondamental vers le secondaire, mais il estime qu'il faudrait aller plus loin et donner aux élèves et à leurs parents le droit de choisir en toute responsabilité l'ordre d'enseignement qui leur convient le mieux sur base d'une bonne information sur les exigences de différents ordres d'enseignement et les compétences développés par les élèves. En ce qui concerne le poids des compétences langagières, il faut cependant éviter de signaler aux élèves et à leurs parents qu'il suffit d'apprendre convenablement une seule langue ! Le SEW/OGBL reste d'avis que le tronc commun jusqu'à la fin de l'obligation scolaire serait la meilleure solution. |
Enseignement secondaire
Le passage du secondaire technique vers le secondaire classique, qui est rare dans tous les lycées, se fait plus fréquemment dans les lycées dits mixtes. Voilà pourquoi tous les lycées secondaires qui accueillent des classes du cycle inférieur classique, créeront également des classes du régime technique. Il sera veillé à doter de manière équivalente tous les lycées en ressources techniques, administratives et d'encadrement.
Le SEW soutient cette idée. |
Les réformes initiées à l'école fondamentale devront trouver leur prolongement au cycle inférieur du secondaire. L'expérience du projet pilote PROCI (projet pilote cycle inférieur) et du « Neie Lycée » permet d'identifier les mesures qui doivent être généralisées. Ainsi, dans le souci de faciliter leur adaptation à un entourage différent, les élèves des classes de VIIe seront mieux encadrés. Des équipes restreintes d'enseignants les accompagneront, un tutorat sera institué. Pour permettre aux élèves d'acquérir les socles de compétences, les apprentissages seront organisés en cycles.
Dans l'ensemble, les résultats du projet pilote PROCI sont mitigés; par ailleurs une évaluation digne de ce nom reste à faire. Quant à l'encadrement des élèves dans le cycle inférieur de l'EST, par ailleurs indépendant des projets PROCI ou « Neie Lycée », nous le soutenons pleinement, à condition que ce travail soit intégré dans la tâche des enseignants. |
La loi sur l'enseignement technique, tronquée depuis le vote de la loi sur la formation professionnelle, sera remaniée. Dans ce cadre il y a lieu de modifier la dénomination des différentes filières de formation.
Nous attendons les propositions du MENFP à ce sujet. |
Le régime préparatoire sera organisé comme une voie pédagogique du cycle inférieur.
Le SEW exige une intégration complète du régime préparatoire dans le cycle inférieur de l'enseignement technique. Dans le cadre de cette intégration, il faudra prévoir un maximum d'activités communes au sein d'un même établissement. |
Des mesures spécifiques seront mises en place pour éviter le redoublement, soit, au cas où le redoublement s'avère indispensable, pour assurer que les élèves progressent sans tourner en rond.
Sans vouloir nier les résultats des études de M. Crahay e.a., nous pensons que le redoublement est expression d'un déficit grave qu'il ne faut passer sous silence, mais qui doit être comblé. En d'autres termes, le manque de qualification ne doit pas être camouflé au travers de critères de promotion bidon, mais les élèves en difficulté doivent être aidés, et cela dès les premières années de leur scolarité. On touche ici une nouvelle fois à la question essentielle des moyens à mettre en oeuvre. |
Les principes de l'apprentissage par compétence et de l'autonomie des apprenants devront trouver leur répercussion dans les programmes et les méthodes de la division supérieure.
L'organisation en trimestres pourra être remplacée par une organisation en semestres.
Proposition que nous approuvons pour les cycles moyen et supérieur de l'ES et de l'EST, mais dont il faudra discuter l'opportunité pour le cycle inférieur. |
Il s'avère qu'une spécialisation poussée au niveau du cycle supérieur ne constitue pas la meilleure préparation des élèves aux études supérieures. L'organisation des classes supérieures sera donc repensée afin de mieux préparer les élèves aux études supérieures.
La nouvelle organisation devra initier les élèves au travail de recherche, de documentation et de synthèse à réaliser en autonomie, leur permettre des parcours individualisés, en fixant pour tous un tronc commun des compétences indispensables à la fin de l'enseignement secondaire et en leur offrant des branches optionnelles, voire un enseignement de différentes disciplines à niveau. standard ou à niveau avancé. Cette organisation, qui sera du moins en partie modulaire, permettra une spécialisation modérée, sans pour autant hypothéquer l'orientation future des études.
Le SEW/OGBL craint que le développement de voies pédagogiques très diversifiées ne conduise en fin de compte à des diplômes fortement dévalorisés, ne permettant qu'à des initiés de choisir les filières valables conduisant à des débouchés réels. D'autre part, une école moderne ne devrait pas seulement disposer de salles de classe équipées des moyens didactiques appropriés, mais encore d'un centre de documentation (bibliothèque, médiathèque, accès à Internet, etc.), de salles de séjour, de réunions, de repos, ainsi que d'infrastructures sportives et ludiques, de même que d'un restaurant scolaire. Il faudra tenir compte des changements au niveau de la méthodologie (salles pour le travail en groupe des élèves, salles de réunion pour les enseignants) et des technologies d'information et de communication (équipement en ordinateurs portables reliés à un serveur) Voilà qui créerait des conditions de travail plus agréables à la fois pour les enseignants et pour les élèves et les inciterait certainement à y passer une plus grande partie de leur temps. Pour les enseignants cela signifierait certainement une plus grande disposition à un travail en équipe et pour les élèves la possibilité de créer des lieux de rencontres dans l'école plutôt que dans les grandes surfaces, les gares et les bistrots. |
Les compétences attendues aux différents niveaux de scolarité sont fixées par les règlements; les diplômes certifient les niveaux atteints à la fin du parcours scolaire. Le supplément au diplôme de fin d'études renseignera sur les niveaux de compétence en langues atteints individuellement.
Ce type de certification doit renseigner sur les acquis de l'élève et s'inscrire dans une perspective de formation permanente, chacun ayant le droit de continuer sa formation sur base des certifications antérieures.
Éducation aux valeurs
Lés partis de la coalition se mettent d'accord pour le maintien du statu quo, à savoir le parallélisme et la liberté de choix entre le cours de formation morale et sociale et le cours d'instruction religieuse et morale.
Si toutefois, en cours de période législative, des changements à ce propos s'avéraient nécessaires en raison d'évolutions ou d'événements indépendants de la volonté du Gouvernement, toute modification afférente fera l'objet de négociations préalables du Gouvernement avec les Églises et Cultes concernés.
Le SEW/OGBL demande depuis des années l'introduction d'un enseignement des valeurs unique pour tous les élèves sur la base de la déclaration universelle des droits de l'homme. L'instruction religieuse fait partie du domaine du privé et n'a pas sa place dans l'école publique. Il ne devrait pas y avoir de séparation des élèves d'après leurs croyances religieuses. L'école publique risque de perdre son rôle d'intégration de tous les élèves. |
Travail de l'enseignant
Il appartient aux enseignants d'adapter leurs méthodes d'enseignement et de guider les apprentissages des élèves pour que les jeunes quittent le système avec un niveau de compétence optimal par rapport à leurs potentialités. Ceci demande de la part des enseignants un grand professionnalisme qu'il s'agit de développer en permanence. Le métier d'enseignant continue à changer: l'enseignant ne doit pas seulement transmettre du savoir, il est aussi pédagogue. Pour amener les élèves à faire des efforts et à se mobiliser pour apprendre, il faut créer à l'école une atmosphère de travail et de confiance, qui demande la participation de tous. Voilà pourquoi le travail en équipe est essentiel: toutes les écoles doivent développer des stratégies et des projets pour instaurer un climat de convivialité et de soutien au travail et associer les parents des élèves.
Dans l'exécution de sa tâche de transmission de savoir, l'enseignant se voit confronté à de multiples problèmes que rencontrent ses élèves et qui sont directement liés à leur affectivité et à leur environnement social. Nous pensons que l'enseignant détient un rôle clé face à l'élève, qui demande à être pris au sérieux avec les dimensions multiples qui forment sa personnalité. Le travail en équipe et le contact soutenu avec les parents constituent des éléments clés du travail de l'enseignant. Il faut se rendre compte que de nombreux élèves viennent aujourd'hui à l'école avec de problèmes qui dépassent les compétences des enseignants et qui nécessitent l'implication d'éducateurs gradués, de psychologues et d'assistants sociaux. Le SEW/OGBL souligne que leur place dans les écoles devrait être clairement définie. L'accord trouvé entre le gouvernement et les syndicats au niveau de la tâche de l'enseignant du secondaire a donné lieu au règlement G-D du 24 juillet 2007. Or, il s'avère que deux ans après la clôture du dossier « tâche » l'instruction de notre ministre concernant l'organisation des lycées et lycées techniques adressée aux directions des établissements ne correspond toujours pas au règlement. L'Intersyndicale était intervenue à plusieurs reprises auprès de la ministre et après le rejet en appel du recours des chargés de cours, nous nous attendons à présent à une mise en conformité complète. Ainsi notamment la tâche de disponibilité (ACT72) ne doit pas se rapporter exclusivement aux « besoins résultant de l'organisation du lycée » mais elle peut aussi correspondre « à l'enseignement » en général et « comprendre des activités de recherche scientifique, ainsi que des activités culturelles ou sociales ». D'autre part, les 8 heures de formation continue obligatoire par année pourront être étalées à raison de 24 heures à réaliser sur une période de 3 ans. Au niveau de l'enseignement fondamental la nouvelle tâche des enseignants, dans laquelle n'ont pas seulement été intégrées la formation continue, la concertation et la consultation des parents, mais encore des leçons d'appui, est manifestement trop lourde. Ceci aura des conséquences sur la préparation et la tenue des leçons d'enseignement. Au cours des prochaines années, le SEW/OGBL analysera de près les conséquences de cette surcharge et fera des propositions pour revenir à une tâche permettant une préparation adéquate des leçons d'enseignement. Nous insistons aussi sur la participation des enseignants à la définition des contenus de la formation continue et sur l'intégration de la formation continue dans un système de certification et de reconnaissance internationale. |
Monitoring
Les écoles disposent d'une relative autonomie qui leur est accordée par la loi. Elles ont l'obligation de la mettre à profit pour faire réussir leurs élèves. Pour renseigner les communautés scolaires sur leurs performances et pour permettre au ministère d'assurer le pilotage du système éducatif, le monitoring sera développé: outre la participation aux études internationales, telles PISA (Programme for International Student Assessment) et PIRLS (Progress in International Reading-Literacy Study), il consiste en une évaluation pluriannuelle, réalisée par un institut universitaire en exécution d'une convention conclue avec le Ministère de l'Éducation nationale. A l'aide des informations recueillies grâce aux évaluations, les communautés scolaires développeront des projets pour assurer la qualité de l'enseignement et la réussite des élèves.
L'innovation pédagogique est encouragée: des projets pilotes peuvent être initiés par les communautés scolaires; des dérogations par rapport aux règlements en vigueur peuvent leur être accordées. Ces projets devront toujours être accompagnés et évalués, afin que le transfert de pratiques innovantes à d'autres écoles soit possible.
En revendiquant une certaine liberté pédagogique, doublée d'une responsabilité accrue pour les acteurs du terrain, le SEW/OGBL ne s'oppose pas à un contrôle de l'«out-put». Les bonnes intentions et les exemples de bonnes pratiques ne peuvent suffire à évaluer la qualité d'une école et il est évident qu'une école doit aussi pouvoir démontrer que ses élèves possèdent les compétences requises par les socles de compétence. Ceci dit, le SEW/OGBL demande :
Par ailleurs, nous insistons sur le fait que toute activité d'évaluation et d'encodage des résultats pose problème dans la mesure où le temps d'enseignement ne comprend pas ces activités d'évaluation. Ces activités viennent perturber le déroulement des apprentissages et leur envergure doit être aussi limitée que possible. Le SEW/OGBL demande une réflexion approfondie sur les méthodes d'évaluation afin d'éviter les conséquences néfastes telles
Par le choix de ses questions l'évaluateur externe risque de dominer les objectifs de l'école. Il pourra favoriser certaines approches pédagogiques par rapport à d'autres. Pour préserver les objectifs et les valeurs de l'école publique ainsi que la liberté pédagogique, le contenu des épreuves doit pouvoir être discuté. Les valeurs et les objectifs ainsi que les méthodes pédagogiques ne peuvent en aucun cas être fixés ni par l'évaluateur externe, ni par l'agence qualité. |
École pour tous les élèves
L'hétérogénéité des élèves constitue sans aucun doute le plus grand défi que l'école luxembourgeoise se doit de relever. Chaque enfant est différent, à la différence de capacité et de talent, viennent s'ajouter les différences socio-culturelles et les différences linguistiques. Il faut donc que l'enseignant, qui doit aider l'élève à réussir, différencie son enseignement et l'aide à progresser dans son apprentissage et à atteindre le niveau de compétence requis.
Certains enfants présentent des difficultés d'apprentissage ou de comportement. La collaboration de tous les services permettra un dépistage précoce de ces difficultés et une prise en charge améliorée des enfants. Pour qu'ils suivent avec succès l'enseignement, l'école doit s'associer avec les différents spécialistes, qui se concerteront autour de l'enfant et de ses parents. Les équipes multiprofessionnelles, instaurées par la loi sur l'enseignement fondamental, seront mises en mesure d'exécuter ces missions. Un dispositif analogue sera créé pour les élèves de l'enseignement secondaire.
Les parents des enfants présentant un handicap ont le droit d'opter pour un enseignement dans une école spécialisée ou dans une classe d'une école fondamentale, respectivement d'un lycée. Les aides et soutiens pour ces enfants seront renforcés. Au fur et à mesure de la disponibilité des infrastructures nécessaires, les classés de l'Éducation différenciée seront intégrées dans les écoles fondamentales et les lycées. Une planification pluriannuelle sera établie et la loi sur l'Éducation différenciée sera réformée dans ce sens. Pour que ces enfants ne soient pas seulement' scolarisés, mais qu'ils puissent accéder à une qualification reconnue, le relevé des moyens accessoires que les élèves sont autorisés à utiliser en classe sera établi, les mesures compensatoires ou dérogations qui peuvent leur être accordées seront précisées.
Le SEW est favorable à l'intégration d'enfants présentant des difficultés d'apprentissage. Mais si l'on préconise l'intégration des enfants à besoins spécifiques, des équipes multidisciplinaires regroupant des professionnels de diverses formations qui organisent ensemble le suivi de ces enfants devront être créées. Pour cela il faudra que ces professionnels puissent se rencontrer sur un pied d'égalité, que leur place dans les écoles soit clairement définie et qu'ils ne soient pas dispersés sur des structures diverses. Il faut aussi veiller à une certaine continuité et ne pas recourir à du personnel avec des contrats précaires. Il est un fait que la carrière de l'éducateur gradué souffre depuis longtemps d'un classement qui ne correspond nullement au niveau d'études et au degré de responsabilité. Nous demandons en conséquence un reclassement adéquat. Notons encore que des équipes multiprofessionnelles dont feraient partie les enseignants sont exigées depuis des années par le SEW. Ces équipes sont prévues au niveau de l'enseignement fondamental, mais dans beaucoup de communes les professionnels font encore défaut. Au niveau du secondaire, il n'y a que le « Neie Lycée » qui compte 17 éducateurs gradués, alors que les « Al Lycées techniques » en ont chaque fois un seul ! Deux poids et deux mesures donc en matière de moyens mis à la disposition de l'école publique. |
Réforme du stage pédagogique
La mise en place du processus de Bologne dans les universités nécessite à moyen terme des adaptations substantielles dans la formation initiale des professeurs. Elle aura pour conséquence une réforme fondamentale de la procédure d'accès à la fonction.
Au sujet de la réforme de l'examen concours et du stage pédagogique, le SEW a formulé depuis 2007 les propositions suivantes:
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En attendant, vu les difficultés d'organiser un stage pédagogique pour 190 stagiaires, alors qu'il était conçu pour en formuer quelque 90, il est impérieux d'apporter des modifications au stage actuel.
Il s'agit d'une part d'éviter une surcharge de travail aux stagiaires et d'autre part d'agencer les responsabilités entre les différents intervenants. Le stage pédagogique est censé former des praticiens réflexifs: il est donc indispensable que les stagiaires puissent intervenir en première année sur le terrain pour acquérir cette pratique, sous la tutelle d'un tuteur qui les conseille et les supervise. La deuxième année de stage sera davantage consacrée à la formation théorique assurée par l'Université du Luxembourg.
S'agit-il à présent de réduire l'envergure de la formation pédagogique et d'accroître le nombre de leçons d'enseignement des stagiaires, surtout en première année de stage ? Comme le SEW s'est toujours prononcé contre un enseignement de la théorie pédagogique coupée de la pratique, nous jugerions inacceptable une première année de stage sans préparation théorique concomitante. Former des praticiens réflexifs signifie pour nous lier la théorie et l'expérience. Notons enfin que nous ne trouvons dans l'accord gouvernemental aucune référence au manque croissant d'enseignants qualifiés dans l'ES et l'EST. Il s'agit là d'un problème majeur qui touche toutes les réformes et qui demande une augmentation substantielle des recrutements annuels ! Le plan de recrutement quinquennal adopté par le Conseil de gouvernement en date du 3 septembre 2009 a augmenté légèrement le nombre de postes, mais il reste insuffisant par rapport aux besoins réels. Nous pensons que dans le dossier « recrutement et formation initiale des enseignants du postprimaire », l'ouverture d'un dialogue honnête avec les syndicats d'enseignants s'impose de toute urgence! |
Partenariat avec les parents d'élèves
Le partenariat entre les écoles et les parents d'élèves est inscrit dans tous les textes sur l'école. Ce partenariat doit être vécu au quotidien dans l'intérêt des enfants et nécessite un engagement des deux parties et la volonté de collaborer, de s'échanger et d'être à l'écoute l'un de l'autre. Ce partenariat s'exerce tant au niveau individuel autour de l'enfant entre ses parents et ses enseignants, qu'au niveau institutionnel entre l'institution enseignante et l'organisation représentative des parents.
Pour permettre au partenariat de se développer au niveau national, le Gouvernement mettra à disposition des ressources et moyens nécessaires.
Ces voeux pieux sur le partenariat ne constituent pas une base pour un partenariat efficace. Les textes qui existent sur le partenariat ne sont malheureusement pas toujours très clairs et ne tiennent pas compte du fait que les parents ont souvent des vues très diverses sur l'école et qu'ils n'ont pas tous les mêmes moyens pour faire valoir leur point de vue, ne serait-ce qu'en temps disponible. Le SEW approuve la mise à disposition de ressources pour permettre à tous les parents de s'engager dans le partenariat avec l'école. |
Formation tout au long de la vie
Une bonne formation initiale est indispensable, tout aussi nécessaire est la formation continue, l'apprentissage tout au long de la vie.
L'offre en formation continue augmente, tout comme le nombre des inscriptions.
Il s'agit maintenant de donner à ce secteur de la formation un cadre qui lui donne une plus grande visibilité et une plus grande efficacité.
La stratégie cohérente pour-le Life Long Learning implique un service de conseil au LLL, où sont réunies toutes les informations sur les possibilités de se former, de faire valider ses acquis de l'expérience et de faire reconnaître et certifier les formations suivies.
Les efforts en vue de la mise en place et le développement d'une pédagogie adaptée aux adultes seront continués, des possibilités accrues de formation à distance ou d'autoformations guidées seront offertes.
Toutes ces mesures seront inscrites dans une stratégie nationale pour le LLL en concertation avec tous les partenaires.
Le SEW/OGBL soutient de puis des années les efforts en direction du droit à la formation continue: «Si la formation continue tant individuelle que collective devient une nécessité, l'accès à la formation continue doit devenir un droit. (...) Ce droit ne pourra par ailleurs se concrétiser que par une offre de formation continue adéquate. Dans cette optique, l'éducation des adultes doit devenir un service de première importance du MENFP avec des structures appropriées, des enseignants travaillant à titre principal dans cet ordre d'enseignement, des méthodes pédagogiques et une organisation adaptées aux besoins des adultes. Au-delà des formations menant à des diplômes de l'enseignement initial, l'Etat devrait veiller à ce qu'une large offre de cours de perfectionnement et de formation générale et professionnelle continue dans les domaines les plus variés soit proposée à toutes les personnes intéressées. «( Propositions et réflexions de l'OGBL sur la politique de l'éducation et de la formation- 12/1998) |
Formation professionnelle
La réforme de la formation professionnelle entrera en vigueur à la rentrée 2010/2011. Les travaux de préparation avancent, les enseignants aussi bien que les représentants des chambrés professionnelles, qui sont les partenaires de l'école, sont impliqués dans la mise en oeuvre.
La réforme de la formation professionnelle a passé la Chambre des Députés sans prise en compte des réserves et appréhensions émises par le SEW, en substance la professionnalisation de la formation du technicien et la disparition de l'accès direct aux études supérieures des détenteurs de ce diplôme, l'organisation modulaire tous azimuts des contenus des formations,ainsi que le retour au modèle de l'école professionnelle d'il y a 25 ans, nullement adapté au développement technologique et social actuel. Nous craignons que les nouvelles dispositions légales ne mettent en péril les perspectives professionnelles des élèves de l'EST et qu'elles nuisent gravement à l'avenir économique du pays. Les équipes curriculaires que le MENFP a instituées fonctionnent (cf. le site www.men.lu ) avec une « grande majorité de personnes qui ne possède(nt) que peu d'expériences et de connaissances dans l'élaboration de curricula selon une approche par compétences ». D'où la nécessité, « de coopérer avec le Bundesinstitut für Berufsbildung (BIBB) de Bonn ainsi qu'avec l'université de St. Gallen ». En recourant une nouvelle fois à la collaboration d'institutions étrangères pour élaborer de nouveaux référentiels, le MENFP revient à la case départ, sans tenir compte de l'expérience accumulée à ce sujet depuis le début des années 1990. Nous pensons qu'il s'agit là non seulement d'une dilapidation de fonds publics par le MENFP, mais encore d'une incapacité à utiliser l'expertise de ses propres fonctionnaires. Il doit être permis de poser la question pourquoi le MENFP ne réussit pas à mobiliser les enseignants qui ont acquis cette expertise à force de s'être attelés pendant des années à l'élaboration de programmes directeurs suivant la méthode standardisée. Il faut noter aussi que ni le profil professionnel, ni le profil de formation, ni le programme directeur des nouvelles formations n'ont été publiées à ce jour. On peut se demander sous quelles conditions ces formations démarreront en septembre 2010. |
L'information sur les offres en formation sera fournie aux élèves aussi bien qu'à leurs parents. Le grand défi sera d'atteindre l'adéquation entre les demandes des élèves et les offres qui leur sont proposées. Trop souvent les élèves sont insuffisamment informés sur les professions et les métiers pour lesquels ils peuvent opter.
L'information sur les débouchés professionnels et l'éducation des choix sont sans doute des moyens de premier ordre pour familiariser les élèves avec leurs prédilections et leurs limites et pour leur éviter des parcours scolaires sans issue. N'empêche que l'orientation professionnelle ne peut être une panacée pour les problèmes irrésolus de notre système scolaire et de notre économie nationale. Le mécanisme du classement systématique des élèves par niveaux de performance, lâchant du lest en poussant les élèves en difficulté à faire un choix professionnel précoce et poursuivant la route éducative et formative avec les autres est à la fois injuste parce qu'il joue en grande partie au dépens des enfants et des jeunes socialement défavorisés et il est économiquement désastreux parce qu'il génère e.a. un manque de qualification conduisant au chômage. Il faut en déduire qu'une meilleure orientation passe en premier lieu par l'égalité des chances pour tous et que la meilleure arme contre le chômage reste une bonne formation générale ! |
Voilà pourquoi les services d'orientation seront réorganisés.
Les efforts de tous les services d'orientation seront réunis. Une structure commune devra disposer de toutes les informations sur les possibilités d'étudier et de se former, tant en formation initiale qu'en formation continue. Cette structure commune disposera d'antennes décentralisées où les collaborateurs des Services de psychologie et d'orientation scolaires, de l'Action locale pour Jeunes, du Centre de Documentation et d'Information sur l'Enseignement Supérieur et de l'Administration de l'Emploi se partageront la responsabilité d'accueillir les apprenants et de leur fournir des conseils et des informations.
L'Observatoire de la formation, initié par l'INFPC (Institut National pour le Développement de la Formation professionnelle continue), sera finalisé pour mettre à disposition des services d'orientation et des écoles les informations sur l'évolution des besoins en formation. Il recueillera les données sur le suivi des carrières professionnelles des jeunes sortis de l'école et sur les formations continues des personnes actives pour dresser les profils des compétences attendues sur le marché du travail.
A l'heure de la discussion autour d'une réforme de la formation professionnelle, les chambres professionnelles et certains représentants de l'ADEM ont reproché plus ou moins ouvertement à l'école et notamment aux SPOS de ne pas faire convenablement leur travail d'orientation et ils ont réclamé la mise en place d'une instance nationale d'orientation scolaire et professionnelle externe à l'école. Ainsi, à la page 7 de leur prise de position datant du 22-02-06, les chambres professionnelles (patronales et salariales) ont demandé de « réorienter les CPOS et SPOS vers des missions psycho-pédagogiques » et de « créer une nouvelle cellule responsable de l'orientation scolaire et professionnelle en collaboration avec les chambres professionnelles ». Deux objectifs ont été mis en évidence dans le sous-titre de cette prise de position: « plus d'apprentis et des apprentis mieux formés », et on peut craindre qu'il ne s'agisse à présent de mettre la main sur l'orientation pour drainer davantage d'élèves vers l'apprentissage. (Le même objectif a été cité lorsqu'il s'agissait d'inclure la formation du technicien dans le giron de la formation professionnelle.) Au-delà de cette prise de position commune des différentes chambres professionnelles, la Chambre des Métiers s'est opposée « formellement » au choix qu'a fait le projet de loi sur la formation professionnelle de ne pas créer un autre organe national pour définir la politique en matière d'orientation, mais de confier cette mission à un organe existant déjà, à savoir le comité consultatif à la formation professionnelle en vue d'une concertation entre les partenaires concernés (prise de position de la Chambre des Métiers du 11-01-2005). Le SEW ne nie pas les déficiences de l'orientation scolaire et professionnelle et nous pensons qu'il faut incorporer celle-ci dans le cursus scolaire normal, mieux équiper les SPOS et l'Action Locale pour Jeunes, former des enseignants à cette tâche, améliorer les relations avec les entreprises et les administrations et coopérer davantage avec les parents. Sortir par contre l'orientation du contexte de l'école et la confier à un organisme externe, constituerait à notre avis un mauvais choix par excellence ! En effet, c'est bien dans leur cadre scolaire habituel que les jeunes peuvent être sensibilisés et orientés au mieux, et cela en toute indépendance. Le SEW salue qu'enfin l'Action Locale pour Jeunes soit reconnue légalement comme structure d'orientation. Un mot encore sur le document du MENFP « Proposition pour une procédure d'orientation en classe de 9e» au sujet duquel, nous avions publié notre avis. Ce document avait soulevé plus de questions qu'il n'avait donné de réponses. Nous pensons que cela tient en grande partie au rythme trop rapide des réformes et au manque de dialogue du MEN avec les enseignants. Si nous ne sommes pas opposés à certains changements fondamentaux que le MENFP veut entreprendre - dont l'aménagement de socles de compétences, l'appréciation plus nuancée des capacités linguistiques des élèves ou encore un enseignement plus actif - nous avons à plusieurs reprises précisé les conditions de leur mise en place :
L'avis en question nous avait permis d'insister une nouvelle fois sur ces conditions, de questionner la notion - toujours floue - de compétence et de mettre en évidence la contradiction flagrante entre les critères de promotion calamiteux du cycle inférieur de l'EST et les hautes visées du MENFP en matière de critères d'orientation. Une synthèse des différents avis au sujet du document en question nous est parvenue à la mi-juillet et nous nous attendons à poursuivre la discussion avec les responsables du MENFP dès le début de l'année scolaire 2009-10. Notons enfin que la meilleure orientation professionnelle ne pourra pas résoudre le problème des élèves les plus faibles (régime préparatoire, classes IPDM). De nouvelles formations professionnelles qui correspondent à leur niveau et aux besoins économiques de certaines branches doivent être créées. Le Ministère doit soutenir des activités scolaires avec le monde du travail (p. ex. stages d'orientation professionnelle) au lieu de les réduire (un arrêté ministériel vient de limiter la durée de stage pour les classes IPDM à 30 jours) et de diminuer ainsi les chances d'insertion de ces élèves dans le monde du travail. |
Encadrement des élèves en dehors des heures de classe
Le nombre d'enfants accueillis dans des structures d'accueil augmente.
L'échange et la collaboration entre les maisons relais et les écoles seront intensifiés. La mission éducative des structures d'accueil sera précisée, elle sera complémentaire à celle des écoles.
Il faudrait que la surveillance de ces structures revienne au ministère de l'Education nationale, ceci permettrait une meilleure coordination de l'école et des services péri- et parascolaires. Malheureusement, l'accord de coalition actuel n'est pas allé dans cette direction. |
Les communes qui voudront créer des écoles à journée continue seront encouragées. Elles recevront les mêmes aides pour le financement des locaux destinés à l'encadrement que pour les maisons relais.
Le subventionnement des infrastructures scolaires sera revu afin de tenir compte des besoins nouveaux. A cette fin un groupe de travail État-communes définira les critères d'attribution.
Des internats de faible capacité devront être créés pour accueillir des enfants scolarisés au primaire.
Le SEW/OGBL préconise la gratuité de ces services. Ces services doivent être des institutions publiques qui collaborent étroitement avec les écoles. Ces internats de faible capacité devront être créés non seulement pour des enfants scolarisés dans l'enseignement fondamental, mais aussi au secondaire, car à défaut d'une alternative, beaucoup de jeunes sont inscrits sur les listes d'attente pour des placements en foyer. |
Offre scolaire
Le Gouvernement veillera à la diversité de l'offre scolaire, tant par le financement des écoles privées que par la mise en place d'offres scolaires variées au sein de l'école publique.
Une loi établira le fonctionnement du lycée sportif: des infrastructures définitives seront mises en place.
Le SEW pense que les écoles privées devraient se financer par leurs propres moyens. C'est l'évolution inverse qu'on observe. Ainsi, dans le budget 2009, la participation de l'Etat aux frais des écoles privées s'est accrue de 7,5%, alors que budget total en matière de dépenses courantes pour les écoles publiques n'a augmenté que de 6,4 %! |
SPORTS
(partie qui concerne l'Education nationale)
Le Gouvernement s'engage à multiplier et à diversifier les mesures en faveur d'une large participation de la population aux activités sportives formelles et informelles. Ces mesures s'adressent essentiellement aux jeunes par le biais d'un partenariat avec les communes et avec le monde sportif.
L'activité sportive contribue non seulement à l'équilibre corporel; elle constitue aussi un excellent facteur de développement personnel et de socialisation pour les jeunes. « L'activité sportive tout au long de la vie » peut s'apprendre à l'école à condition d'appliquer d'une part une amélioration quantitative: augmenter le nombre hebdomadaire d'heures d'éducation sportive, surtout pour les 3 dernières années dans l'ES. D'autre part, une amélioration qualitative peut être atteinte en réservant au sport péri-scolaire une plage horaire suffisante et intégrée dans les horaires scolaires de façon à donner à chaque élève la possibilité de pratiquer une activité sportive plusieurs fois par semaine, et selon un horaire régulier. Au-delà de l'horaire «normal», les activités sportives pourront certainement constituer un élément important de la journée continue - ici, on peut envisager des contacts avec les associations sportives locales. |
Le Gouvernement maintient son engagement pour le Plan national d'action « Gesond iessen, méi bewegen » et proposera des projets-pilote innovants.
La présence dans chaque école primaire et chaque lycée/technique, d'une cantine qui respecte les règles nutritionnelles est sans doute un moyen efficace pour lutter contre la société « fast-food ». Or, nous assistons depuis plusieurs années à une privatisation rampante du service de la restauration scolaire. Des sociétés privées ont jeté leur dévolu sur un marché juteux et cela au détriment du service public existant. |
Une place appropriée doit être accordée à l'éducation sportive dans la formation initiale des instituteurs. Les activités sportives sont encouragées. Le Gouvernement réfléchira sur l'extension de l'offre sportive para- et périscolaire, notamment dans les structures d'accueil, et sur l'opportunité de recourir à des personnes, dont la carrière reste à définir, ayant une spécialisation en sports pour assurer l'encadrement de ces activités.
Il faudra donc faire de l'éducation sportive une branche obligatoire dans la formation des instituteurs !
Le développement des fonctions motrices, indispensable pour le développement des enfants, est un objectif très important, mais néanmoins souvent négligé, de l'école. Les discussions autour des études PISA ont fait disparaître les déficits de nos enfants en psychomotricité de l'avant scène. Il est important que tout instituteur, indépendamment des branches qu'il enseigne, soit conscient et qualifié pour respecter les exigences du développement de la motricité. Par son importance, l'éducation sportive ne peut être considérée comme option ou branche secondaire. Les objectifs du cours d'EPS ont fondamentalement changé au cours des deux dernières décennies. Il ne s'agit plus d'enseigner les techniques complexes et tactiques spécifiques des différents sports, mais il faut développer des techniques de base des enfants, les amener à apprendre le goût de l'effort corporel et effectuer les mouvements élémentaires. L'environnement et le mode de vie n'offrent plus guère aux enfants les possibilités nécessaires pour développer leurs capacités corporelles. L'école ne pourra être le seul remède à ce problème de notre société, mais à côté d'un développement des compétences langagières, elle ne doit pas négliger les activités physiques. Et cette éducation ne pourra se réduire aux seuls cours d'EPS. Souvent une amélioration des infrastructures sportives et leur accessibilité accrue suffit à inciter aux activités physiques, ainsi dans l'enseignement fondamental des cours de récréation et des préaux bien aménagés peuvent influencer très favorablement l'activité physique des élèves. |
La structure « Sport-Etudes », toute récente dans notre paysage éducatif, offre un concept pédagogique aux jeunes sportifs talentueux leur permettant de concilier les contraintes d'un entraînement intense avec celles d'un enseignement régulier. Le « Sportslycée » est institutionnalisé par des autorisations légales pour la création de l'école et pour la réalisation de ses infrastructures, incluant un internat. L'encadrement sportif du « Sportslycée » est à organiser en étroite collaboration avec le Comité olympique et Sportif luxembourgeois (COSL) et les fédérations sportives.
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Dans le cadre de l'urbanisation des friches de Belval, il y a lieu de réaliser un centre sportif régional essentiellement pour les élèves des lycées et les étudiants de l'Université. Une démarche similaire s'impose dans la « Nordstad » en raison de déficits avérés en installations sportives scolaires.
Les équipements en place surannés seront rénovés ou remplacés par des infrastructures nouvelles, fonctionnelles et sobres. Il sera veillé à leur pleine utilisation. L'aménagement d'un environnement propice à l'activité sportive récréative de loisir et de santé est à encourager au niveau communal.
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La réouverture de la Base nautique à Lultzhausen entraînera une augmentation et une diversification des utilisateurs. De ce fait, il sera procédé à une réorganisation de son fonctionnement selon le modèle de la gestion séparée.
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ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET RECHERCHE
(partie directement en relation avec l'Education nationale)
Au vu de l'évolution démographique du pays avec sa population multiculturelle d'une part, et au vu des changements économiques nécessaires suite à l'actuelle crise d'autre part, l'enseignement supérieur, avec sa double mission d'enseignement et de recherche, est appelé à contribuer au renforcement de la cohésion sociale ainsi qu'à l'essor économique du pays.
Dans la mesure où l'accès à l'enseignement supérieur constitue à la fois un enrichissement personnel et une chance de promotion sociale, l'enseignement supérieur, contribuera à l'objectif général du Gouvernement d'accroître le pourcentage de diplômés de l'enseignement supérieur. A cette fin, l'offre des formations sera étendue, notamment au niveau du brevet de technicien supérieur; les nouvelles perspectives ouvertes grâce à la loi du 19 juin 2009 sur l'enseignement supérieur, notamment l'implication. des milieux professionnels dans la définition des objectifs de formation, permettront d'élargir et d'étoffer l'offre. La poursuite de cet objectif sera accompagnée par la collecte de données fiables et pertinentes.
Par ailleurs, l'apprentissage tout au long de la vie contribuera à relever le niveau des compétences requises dans une société post-industrielle. Le Gouvernement veillera à ce que le prochain contrat de développement signé avec l'Université du Luxembourg mette un accent fort sur la formation continue et donc également sur la mise en oeuvre des principes de la validation des acquis et de l'expérience tels que stipulés dans la loi sur l'Université.
Dans un souci d'accroître l'employabilité des personnes et leur mobilité, la reconnaissance des diplômes sera facilitée et restructurée, et ce avec le souci d'une plus grande transparence.
Dans notre avis sur le projet de loi UdL, nous avions estimé que le premier objet de l'Université de Luxembourg devrait être la mise en place d'un enseignement universitaire conduisant à des diplômes reconnus et répondant aux besoins professionnels, culturels et intellectuels de la société luxembourgeoise et de sa région. Si le Luxembourg compte parmi les pays avec le moins de diplômés universitaires par tête d'habitant, cela s'explique e.a. par l'absence d'université sur notre territoire. Or, les auteurs du projet avaient d'autres visées. Ainsi l'un des représentants du Ministère de l'enseignement supérieur de l'époque déclarait à l'occasion d'une conférence, organisée par le Conseil syndical interrégional sur la politique universitaire dans la Grande Région: « L'ère de la démocratisation universitaire est derrière nous ! » Et d'ajouter que « 60% des fonds de l'enseignement supérieur sont engloutis dans l'enseignement pour des jeunes de 18-22 ans » et « qu'il est possible de gagner de l'argent en faisant aboutir la recherche vers des brevets enregistrés. De même, l'exposé des motifs portant création de l'Université de Luxembourg « donne la priorité à la recherche pour en décliner ensuite les enseignements .» Nous partageons bien entendu l'idée que la recherche est vitale pour notre pays et nous disons tout autant qu'il faut être attractif pour des chercheurs étrangers. Mais nous voyons la recherche plutôt comme un corollaire de l'enseignement universitaire. Nous pensons qu'on ne peut faire abstraction du lien nécessaire entre la culture d'une pépinière d'étudiant-e-s de deuxième cycle et la recherche - au niveau d'un troisième cycle. Admettre que de prestigieux professeurs et chercheurs vivant actuellement à l'étranger se laisseraient transplanter contre monnaie sonnante dans un désert intellectuel relève de la mégalomanie. C'est avec satisfaction que nous notons un changement d'orientation dans cette déclaration gouvernementale. Ceci dit, nous déplorons qu'une nouvelle fois, l'Université du Luxembourg ne fasse pas partie des attributions du Ministère de l'Éducation nationale. Cela implique e.a. que les enseignants des BTS de l'Ecole de Commerce et de Gestion et du Lycée technique des Arts et Métiers dépendront du Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Etant donné que ces mêmes enseignants donnent aussi des cours dans l'EST, ils sont donc à cheval entre deux ministères. La même remarque vaut pour les cours dans le cadre de l'apprentissage tout au long de la vie. |
S'agissant de la mission de recherche, le Gouvernement veillera à ce que l'Université concentre les moyens sur un nombre restreint de priorités ayant un fort potentiel de développement et à ce que la recherche enrichisse l'enseignement prodigué à l'Université. Par ailleurs, l'Université sera appelée à miser davantage sur une approche interdisciplinaire lui permettant de mieux répondre aux défis sociétaux. Cependant, les dispositions retenues dans le prochain contrat de développement seront telles que l'Université sera à même de répondre de façon flexible et créative aux opportunités qui pourront se présenter à moyen terme. Ainsi, un recrutement de scientifiques de haut niveau véritablement international à tous les niveaux est essentiel en vue de développer une éclosion intellectuelle endogène, à côté du recours à des compétences externes du Luxembourg. Par ailleurs, il sera veillé à un juste équilibre entre les activités de recherche à fort potentiel d'innovation et les sciences humaines, ces dernières devant être appelées à jouer un rôle important dans la vie culturelle du pays.
La loi portant création de l'UdL en 2003 fut marquée massivement par l'esprit néolibéral. Ainsi, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche de l'époque caractérisa la loi luxembourgeoise de 1996 sur l'enseignement supérieur comme « la plus moderne en Europe »; l'accord gouvernemental de 1999 déclarait que « des instituts d'enseignement supérieur étrangers qui sont établis ou comptent s'établir au Grand- Duché seront appelés à jouer un rôle important» et le livre blanc de 2000 de l'enseignement supérieur au G-D de Luxembourg qui servait de base à la loi UdL notait que « l'enseignement supérieur devient une activité commerciale et
il se crée un marché de l'enseignement supérieur sujet aux règles de la concurrence ». Il s'entend qu'à l'heure actuelle où la crise économique montre les dérives de l'idéologie libérale, il n'est plus de bon ton d'insister sur cette orientation fondamentale de l'UdL. N'empêche que cette orientation ne disparaît pas pour autant: en témoignent les partenariats avec le privé pour financer de nouvelles chaires, comme la chaire « TDK Europe » dotée de 3,5 millions d'euros sur 5 ans, pour financer la rémunération du professeur et l'équipe de doctorants et de chercheurs post-doctoraux ou le contrat signé avec ATOZ, une entreprise spécialisée dans le conseil fiscal, qui autorise cette entreprise à fixer, pendant 5 ans, les travaux de recherche qui seront menés par les étudiants ou encore un programme de bourses de la part d'entreprises américaines installées au Luxembourg finançant un semestre d'études aux Etats-Unis à quelques étudiants inscrits en bachelor à l'UdL. En témoignent aussi les contrats de travail à durée déterminée conclus avec les enseignants-chercheurs, qui peuvent avoir une durée supérieure à 24 mois et qui sont renouvelables plus de deux fois sans être considérés comme contrats de travail à durée indéterminée. |
Conformément aux conclusions tirées par le rapport des évaluateurs externes de l'Université, exercice d'évaluation qui sera reconduit à l'échéance 2013 avec un rapport intermédiaire en 2011, il s'est avéré que le système de gouvernance de l'Université avec un conseil de gouvernance et un rectorat forts ont permis l'essor de l'Université. Cependant, la participation et la communication interne de l'Université devront être développées. Ceci vaut également pour les efforts de structuration des étudiants au sein de l'Université.
Afin de garantir le développement durable de l'Université, l'autonomie de cette dernière sera renforcée. Ceci vaut particulièrement pour le domaine de l'enseignement dont le degré d'autonomie sera étendu en fonction des modifications nécessaires de la Constitution.
Les étudiants et les enseignants-chercheurs auront-ils donc enfin l'occasion de faire valoir leurs revendications ? |
Pour ce qui est du programme spécifique de la formation des enseignants de l'enseignement fondamental, les recommandations émises par les évaluateurs externes seront mises en oeuvre et la formation sera revue, et par rapport au profil de l'enseignant élaboré par l'autorité compétente et par rapport aux besoins des étudiants et des écoles en conciliant théorie et pratique. L'Université proposera une formation spécifique débouchant sur l'obtention d'un master et incluant une formation spécifique disciplinaire et pédagogique en vue de l'enseignement secondaire. Les étudiants, se destinant à l'enseignement de l'allemand, de l'anglais et du français auront été en mobilité dans un pays où la langue à enseigner est langue officielle pendant au moins 4 semestres.
Jusqu'à present, aucune analyse de la nouvelle formation n'a été faite avec les professionnels du terrain qui interviennent pourtant en tant que formateurs du terrain dans cette formation. Il serait grand temps de prendre leur avis ainsi que celui des syndicates qui représentant la profession avant de revoir la formation. Le SEW/OGBL demande depuis longtemps un Master en Sciences de l'Education pour les enseignants du fondamental ? Il ne faudrait pas qu'un tel Master conduise automatiquement vers l'enseignement secondaire, il y a aussi des besoins pour une formation à ce niveau dans le fondamental. Le texte de l'accord gouvernemental reste extrêmement flou dans ce domaine. Va-t-on en direction de deux types d'enseignants de langues dans l'enseignement secondaire et secondaire technique ?
S'agit-il ici d'une variante de la proposition « diplôme de bachelor dans la branche enseignée et master en sciences de l'éducation » ? |
Pour ce qui est de la maîtrise foncière, l'Université deviendra propriétaire de son patrimoine et en assurera la gestion au sein d'une nouvelle fondation.
Afin de garantir le développement de l'Université et des centres de recherche publics ainsi que dans le souci d'une plus forte synergie entre leurs activités, synergie qui sera promue par le rapprochement géographique au sein de la « Cité des Sciences » de Belval, celle-ci sera inaugurée dans les délais impartis.
Le site de Belval sera consolidé par l'implantation sur ce site des formations et des activités de recherche - en économie ainsi que des services du décanat de la Faculté de Droit, d'Economie et de Finance de l'Université du Luxembourg.
Pour des raisons de proximité avec la place financière et les institutions judiciaires luxembourgeoises et européennes et en vue de pérenniser le site de la capitale, le centre de compétences spécialisé pour les domaines du droit et des finances sera localisé à Luxembourg-Ville y inclus les services de support nécessaires à son fonctionnement.
Cela signifie-t-il que la Luxembourg School of Finance et les autres entités financées par des fonds privés resteront à Luxembourg-Ville ? |
Dans le respect des principes énoncés ci-avant, l'Université du Luxembourg décidera, en toute autonomie, de l'organisation de ce centre de compétences et déterminera pour son fonctionnement le bon usage des facilités tant à Belval qu'à Luxembourg dans un souci d'économie et d'efficacité.
Par ailleurs, le Gouvernement continuera ses efforts en faveur de la création de logements à loyer modéré pour étudiants et chercheurs « mobiles ». Cela se fera de façon décentralisée et le Gouvernement veillera à ce que l'offre corresponde à 20% des étudiants inscrits à l'Université.
FONCTION PUBLIQUE, REFORME ADMINISTRATIVE ET GOUVERNANCE ELECTRONIQUE
Modernisation de la Fonction Publique
Le Gouvernement continuera au cours de la période 2009 - 2014 à moderniser l'appareil de l'État par un ensemble de réformes concernant le statut et les carrières de ses agents, le fonctionnement des administrations et les procédures administratives. Ces réformes s'effectueront dans le souci de la qualité, de l'efficacité et de la transparence de l'administration publique. Elles tiendront compte du principe que la responsabilité et l'engagement du fonctionnaire doivent avoir une répercussion sur l'évolution de sa carrière.
Le tableau E comporte uniquement des carrières planes et c'est bien ainsi ! |
Statut du fonctionnaire
C'est sur base de ces finalités que le Gouvernement élaborera une réforme du statut du fonctionnaire de l'État. Une telle réforme permettra, entre autres, de réexaminer le système des avancements et la structure des carrières ainsi que l'organisation du stage.
Correspondance de la durée du stage des enseignants de l'ES et de l'EST avec celle du stage dans les autres carrières. |
Un Code de déontologie pour les agents de l'État, qui trouvera sa base légale dans le statut du fonctionnaire, sera élaboré.
Il sera mis en place, pour les agents ne répondant plus à leurs obligations statutaires, une procédure d'encadrement et d'appréciation des compétences professionnelles, sur une période de temps limitée. Cette procédure pourra être suivie, le cas échéant, de sanctions.
Sur la base des conclusions tirées des expériences-pilote récentes, le « télétravail » sera introduit.
Le Gouvernement continuera à veiller à la transparence et à l'équité en matière d'accès au service public. Les mécanismes de recrutement en place, tant pour les fonctionnaires que pour les employés de l'État, seront adaptés avec comme objectif de mieux faire correspondre les profils des candidats aux besoins des administrations. Le Gouvernement procédera aussi à un réexamen des dispositions en vigueur en matière de recrutement d'experts du secteur privé, national ou international.
Le Gouvernement envisage l'introduction des comptes épargne-temps dans le secteur public dans des Le système permettant à des agents souhaitant continuer leur activité professionnelle au-delà de la limite d'âge sera simplifié.conditions et selon des modalités sinon identiques du moins similaires à celles à mettre en place dans le secteur privé. L'accord gouvernement syndicats du 9 novembre 2006 sur la tâche des enseignants de l'ES et de l'EST contenait la phrase suivante: « Le Gouvernement présentera en juillet 2007 les conclusions concernant la possibilité d'introduire des comptes épargne-temps pour les enseignants qui prestent des heures supplémentaires. » A ce jour, aucune conclusion à ce sujet ne nous est parvenue ! |
Le système permettant à des agents souhaitant continuer leur activité professionnelle au-delà de la limite d'âge sera simplifié.
Réforme administrative
Dans un souci d'accroissement de l'efficience et de la qualité du travail de l'administration, le Gouvernement demandera à ses administrations d'avoir recours de manière systématique à une gestion par objectifs en tant qu'instrument de pilotage dans le domaine de la gestion du personnel et de l'organisation. Cet instrument permettra de lier les objectifs stratégiques et mesurables, à définir à chaque fois en début d'année, aux objectifs de travail des collaborateurs, à apprécier en fin d'année dans le cadre des entretiens annuels.
Une évaluation régulière de la qualité des services publics sera mise en place. Les citoyens-usagers y seront associés sous diverses formes au moyen d'instruments tels que des enquêtes de satisfaction ou des sondages d'opinion.
En fonction de l'importance des contacts avec le public, les administrations se doteront de chartes d'accueil et de service pour prendre ainsi des engagements en matière de qualité de l'accueil et d'accessibilité aux services.
Aujourd'hui, l'organisation de la fonction publique se fonde sur les notions de carrière et de fonction. Afin de permettre le développement de la professionnalisation de la gestion des ressources humaines dans l'administration publique, le Gouvernement analysera la possibilité de compléter ces notions par une approche fondée sur la notion de « métier » qui tient compte des attributions et missions exercées par les agents de l'État.
Parallèlement aux mesures de simplification administrative en faveur des entreprises, un programme de réduction de la charge administrative pour les citoyens sera élaboré.
Politique salariale et révision des traitements
Le Gouvernement pratiquera à l'égard des agents publics une politique salariale qui tiendra compte de la situation économique du pays et de la situation financière de l'État.
Sur la base des travaux de la Commission d'experts chargée par le Gouvernement précédent d'effectuer une étude générale sur les traitements, le Gouvernement formulera des propositions en vue d'une révision d'un certain nombre de carrières sur la base des deux critères de l'évolution des études d'une part, de l'évolution des missions et sujétions d'autre part. Une attention particulière sera consacrée dans ce contexte aux nouveaux diplômes générés par le processus de Bologne.
Voir à ce sujet
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En prenant en compte l'étude générale sur les traitements et la grille des traitements ainsi que le niveau général des rémunérations de début de carrière dans le secteur privé, le niveau des rémunérations de début de carrière des nouveaux entrants dans toutes les carrières sera examiné et fera l'objet de négociations préalables. Ces mesures devront avoir un effet neutre du point de vue budgétaire.
Le SEW refusera toute diminution de salaire pour les nouveaux entrants tant au niveau de l'enseignement fondamental que de l'enseignement secondaire et secondaire technique. |
Établissements publics
Le Gouvernement définira les conditions pouvant mener en cas de nécessité à la création de nouveaux établissements publics. Il renégociera avec la CGFP la disposition y relative inscrite à l'accord salarial du 21 mars 2002. Il proposera une loi cadre précisant les modalités générales de création et de fonctionnement de tels établissements.
Dans l'immédiat, vu la situation actuelle sur le marché du travail et dans l'obligation d'agir à brève échéance, le Gouvernement préparera un nouveau projet de loi réorganisant l'Administration de l'Emploi et la transformant en établissement public.
Au cas où les défis de modernisation et d'adaptation. du Laboratoire national de Santé ne pourraient trouver de solution dans le cadre actuel du statut de la Fonction publique, le Gouvernement transformera le Laboratoire en un établissement public.
Ouverture de la Fonction publique aux citoyens de l'Union européenne
Les dispositions inscrites au projet de loi n° 6031 modifiant les dispositions existantes en matière de nationalité pour les fonctionnaires et les employés de l'État, ainsi que les autres mesures complémentaires, telles que précisées dans l'accord trouvé en la matière avec la CGFP, seront mises en vigueur. L'évolution de la jurisprudence de la Cour européenne de
Justice et l'action de la Commission européenne dans ce domaine seront suivies de près.
Fonctions dirigeantes
La loi du 9 décembre 2005 sera adaptée de façon à prévoir pour certains postes à très haute responsabilité la possibilité de décharger les fonctionnaires concernés à tout moment de leurs responsabilités lorsque les conditions nécessaires à l'exercice de leurs fonctions ne sont plus, remplies ou un désaccord fondamental par rapport à la politique générale du Gouvernement est constaté.
Conférence des directeurs
Dans le but d'une meilleure application des instructions du Gouvernement des nouveaux dispositifs législatifs en matière de gestion du personnel de l'État ainsi que des projets de réforme en relation avec le fonctionnement des administrations, le Gouvernement continuera, sur la base des expériences acquises au cours de la période législative précédente, d'organiser régulièrement des Conférences des directeurs sous l'autorité conjointe du Premier Ministre et du Ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative.
Gouvernance électronique
En vue d'accélérer le processus de simplification administrative, le Gouvernement continuera ses efforts de mise en place de structures de gouvernance électronique, cela fin de permettre un contact direct et efficace du citoyen avec l'administration et pour faciliter leurs démarches administratives aux entreprises. Entre autres, il s'agira de donner une priorité aux projets suivants: Guichet unique Le Gouvernement poursuivra le développement du Guichet unique Citoyen et mettra en place un Guichet unique Entreprise interactif avec pour objectif la réduction de la charge administrative et des délais de traitement.
Dans ce contexte, et pour répondre à la demande d'une communication plus moderne et rapide avec les services de l'État, le Gouvernement mettra en place les dispositifs nécessaires à l'acceptation des communications officielles par voie de messagerie électronique.
Par ailleurs, dans ce même contexte, le Gouvernement mettra en place un service de support, dit Helpdesk, pour aider et guider aussi bien les particuliers que les professionnels dans leurs démarches administratives en ligne.
Archivage électronique
Le Gouvernement veillera à établir rapidement une législation pour l'archivage électronique et procédera aux adaptations nécessaires du cadre légal sur le commerce électronique pour préciser la valeur juridique des documents électroniques.
L'introduction du recommandé électronique complémentera les initiatives en faveur d'une dématérialisation des échanges d'information.
Ces actions d'ordre législatif s'inscrivent dans un esprit de diversification de la place économique et créent un cadre propice pour attirer des sociétés informatiques actives dans les domaines de l'archivage électronique long terme et des hubs de données avec services à valeur ajoutée.
Référentiel d'interopérabilité pour les échanges électroniques
Afin de favoriser les échanges dématérialisés entre les acteurs économiques et garantir un degré d'interopérabilité et de sécurité adéquat, le Gouvernement va définir un référentiel d'interopérabilité des échanges électroniques.
Ce référentiel facilitera l'interaction avec les systèmes informatiques de l'État et pourra servir aux acteurs économiques pour homogénéiser leurs méthodes de transferts d'information avec à terme la possibilité de mise en place de plateformes d'échanges de données multi-secteurs encore appelées carrefours de données.