Réformer le concours et le stage pédagogique de manière conséquente! (Journal 1/2010)

Le rôle néfaste du concours de recrutement des professeurs du postprimaire
Au courant des années 1985 à 2000, le concours de recrutement fut un moyen de prédilection pour pratiquer une politique du personnel restrictive dans l’enseignement postprimaire. Cette politique, sévèrement critiquée par le SEW à de multiples reprises sort à présent pleinement ses effets désastreux.
L’afflux d’élèves et le départ à la retraite massif d’enseignants entrés en service rendent le manque de professeurs qualifiés plus grave d’année en année. Les deux derniers plans de recrutement du gouvernement témoignent de la prise de conscience - tardive - du problème, mais ils restent lettre morte devant le barrage du concours. En effet, l’examenconcours s’est progressivement transformé en un mécanisme avec sa propre logique, qui s’apparente de plus en plus à celle de la collation des grades d’avant 1968. Apparemment, le MENFP n’a plus d’influence sur les jurys et les objectifs qu’ils appliquent et il semble assister impuissant à la ruine de ses plans de recrutement. En attendant, le nombre de chargés d’éducation en attente (ou non) d’une réussite au concours ne cesse de croître, de polluer la discussion et de grignoter le statut du fonctionnaire régulier. Ces chargés d’éducation enseignent sans formation pédagogique et sont soumis à des conditions de travail très défavorables (davantage de cours à donner, rémunération moins importante que les titulaires).
Mais comme si cela ne suffisait pas, voilà que le concours, dans sa version «lourde» actuelle, devient en plus un obstacle à un début du stage dès la rentrée scolaire. Le MENFP argumente que par manque de temps et d’examinateurs disponibles, le concours ne pourrait avoir lieu avant le 15 septembre et il propose dans son projet de réorganisation du stage pédagogique de terminer le concours avant le 15 mars et de faire commencer le stage au 3e trimestre seulement. Or, cette date tardive favoriserait, plus encore qu’à l’heure actuelle, l’augmentation du nombre de chargés d’éducation. En effet, en attendant l’examen-concours, les nouveaux diplômés s’orientant vers l’enseignement chercheraient dès septembre à trouver un emploi comme chargés d’éducation et resteraient en place malgré un échec au concours.
Produire des chargés d’éducation deviendrait ainsi un facteur inhérent au système.
Pour le SEW, il n’y a qu’une solution valable: la première session de l’examen-concours doit être terminée avant la rentrée et le stage pédagogique doit commencer en même temps que l’année scolaire.
Une autre solution serait contraire à toute logique tant pédagogique et qu’organisationnelle!
La nécessaire réforme de l’examen-concours
Pour faire face à la nécessité de réaliser le concours avant la rentrée de septembre, l’envergure du concours devra être réduite à sa juste mesure: définition appropriée des objectifs et réduction du nombre d’épreuves. Quant aux jurys, ils ne devront plus être cooptés, comme c’est le cas actuellement, mais composés de manière transparente et ouverte par appel à candidatures!
La nécessaire réforme du contenu et du mode d’organisation du stage pédagogique
Quant au stage pédagogique, le SEW insiste sur sept revendications essentielles:
- les stagiaires sont en premier lieu des personnes en formation et il ne s’agit pas de résoudre à leurs dépens le problème de la pénurie d’enseignants dans le postprimaire; il ne faudra donc pas les charger de plus de leçons qu’actuellement, mais au contraire leur permettre de préparer convenablement ces leçons, notamment en approfondissant le tutorat
- en aucun cas, le passage en cours d’année scolaire du statut de chargé d’éducation à celui de stagiaire ne doit servir de prétexte à un abaissement de la rémunération des stagiaires débutants en comparaison du niveau de rémunération actuel
- tout au long du stage, il faudra maintenir l’occasion pour les stagiaires de regarder au-delà des murs du lycée (technique) et éviter de les confiner dans un stage «intra muros» avec des tuteurs scolaires comme seules personnes de référence; en revanche l’institut de formation (qui est actuellement le département de la FOPED de l’Université du Luxembourg) devra se conformer aux exigences du MENFP, à qui il incombe en tant que donneur d’ordre, de préciser ce qu’il attend et de vérifier régulièrement l’exécution du contrat
- les liens entre les tuteurs dans les lycées et les formateurs de l’institut de formation, qui sont très faibles à l’heure actuelle, devront être développés et l’expertise des tuteurs sur le terrain devra être mieux prise en compte
- il faudra bannir les cours purement théoriques sans lien direct avec la pratique, qui caractérisent largement le stage actuel; le lien intensif entre la théorie et la pratique a toujours été un souci majeur du SEW
- l’évaluation des stagiaires, actuellement extrêmement lourde et assortie de tracasseries bureaucratiques devra être allégée
- la période probatoire devra refléter le contenu du stage.
Se limiter à une adaptation organisationnelle du stage pédagogique sans vouloir s’engager dans une vraie réforme, qui consisterait à discuter de manière fondamentale les contenus de la formation et les relations entre les formateurs à l’UdL et les tuteurs dans les lycées et lycées techniques, serait tout à fait inacceptable.
Luxembourg, le 1er février 2010