Kommt mir maache net esou weider ! (Journal 3/2004) Monique Adam

04.05.2004

Kommt mir maache net esou weider !


Il y a cinq ans, le parti démocratique a obtenu la responsabilité du Ministère de l'Education nationale en promettant une « Bildungsoffensiv ». La devise avait été forgée quelque temps auparavant par le OGB-L qui avait publié en 1998 un papier de réflexion sur les carences de notre système éducatif en concluant que seul un investissement conséquent dans l'école publique pourrait garantir l'égalité des chances et relever le niveau de qualification de notre population.

En 2004, il faut malheureusement constater que nous en sommes encore à la case départ avec une problématique qui va croissant. Entre temps, des études internationales et européennes sont venues confirmer nos analyses, mais les changements réels se font attendre. Personne à part peut-être les adeptes du parti démocratique ne constate une augmentation des performances de notre système scolaire.

Certes, l'école n'est peut-être pas seule en cause quand nos enfants et nos adolescents sont de plus en plus assiégés par l'industrie du divertissement. L'école et la famille doivent désormais faire face à des concurrents puissants dans leurs projets éducatifs. Mais réfléchit-on seulement à une redistribution des
moyens à ce niveau ?

Par ailleurs, le malaise de l'école reflète aussi ce mal de vivre ensemble, par lequel nos sociétés se caractérisent. L'intégration ne fonctionne plus, les inégalités s'accroissent, de plus en plus d'individus vivent dans la marge.

À ces difficultés, on peut réagir par la nostalgie des temps passés où tout était plus facile. Face au sentiment de dérive généralisée, le retour aux bonnes vieilles recettes d'antan en a pu séduire plus d'un. Encore faut-il constater que ces recettes ne fonctionnent plus. Derrière la façade de la rigueur prônée par la Ministre de l'Education nationale, le fonctionnement de l'école publique est de plus en plus remis en question et l'augmentation des subsides aux écoles privées favorise ceux qui ne croient plus au vivre ensemble et qui croient avoir les moyens de se créer leur niche individuelle.

Par ailleurs, le Gouvernement luxembourgeois ne semble pas avoir compris que la prospérité d'un pays dépendra de plus en plus du niveau de qualification de sa population. Les réformes entreprises par l'actuelle Ministre de l'Education nationale visent plutôt à drainer les élèves le plus rapidement possible à travers le système scolaire en leur refusant la quête d'une qualification plus élevée. Cette politique néfaste pour le développement économiqueet culturel de notre pays semble cautionné par certains milieux soucieux de réserver l'acquisition de diplômes universitaires à un petit nombre jaloux de ses privilèges. Une telle façon de penser est foncièrement antidémocratique et contraire aux intérêts réels du pays. Il s'agit d'une visée à court terme et profondément rétrograde.

Le SEW/OGB-L se place résolument aux cotés de ceux qui exigent des chances de réussite pour tous. Voilà pourquoi nous participons activement au Pôle pour une école démocratique et que nous soutiendrons tous les efforts sérieux pour améliorer notre système éducatif.

En vue des prochaines élections, nous attendons les réponses des différents partis politiques à nos questions en espérant rencontrer enfin une réelle volonté politique pour une école publique et démocratique.


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Monique Adam
Présidente du SEW