Entrevue avec Madame la Ministre de l'Education nationale au sujet de la loi scolaire (Journal 3/2006) PAtrick Arendt

11.06.2006

Entrevue avec Madame la Ministre de l'Education nationale au sujet de la loi scolaire


Sur demande du SEW, une délégation du comité primaire, représenté par Monique Adam, Marie-Paule Kohn, Sonja Delli-Zotti, Gil Steinbach et Patrick Arendt a été reçue le 9 mai 2005 au ministère par Madame Delvaux qui de son côté était accompagnée par Mme Origer, M Jeitz et M Brachmond pour discuter des conclusions de la Journée de réflexion du SEW et de la FGIL du 18 février.

D'entrée Monique Adam a rappelé l'attitude positive du SEW et des enseignants du préscolaire et du primaire envers une réforme de la loi scolaire. Mais ce dynamisme qui règne pour le moment dans nos écoles risque d'être freiné par un retardement de la mise en oeuvre de la nouvelle loi scolaire.

Madame Delvaux a informé le SEW de l'avancement des procédures de la nouvelle loi scolaire pour le primaire. Actuellement, une Commission Parlementaire discute d'une éventuelle étatisation de l'enseignement primaire et de l'éducation préscolaire. Un déplacement de l'enseignement primaire sous la tutelle de l'Etat anéantirait tous les travaux et discussions sur la gestion des écoles qui ont eu lieu jusqu'à présent et retarderait considérablement l'élaboration d'une nouvelle loi scolaire.

Rappelons que jusqu'à présent, il n'y a pas eu de texte sur l'évaluation des écoles, ni sur le cadre du personnel.

Madame Delvaux attend les conclusions de la Commission pour juillet et prévoit un nouveau texte pour fin septembre 2006.

Madame Delvaux a également annoncé une réforme du passage primaire-secondaire qui devient trop bureaucratique et ne donne satisfaction ni aux parents, ni aux enseignants. Le rôle du titulaire devrait être renforcé. Les réflexions vont dans le sens d'une proposition d'orientation faite par le titulaire de classe après discussion avec les parents et ceux-ci gardent le droit d'inscrire leurs enfants à un examen de recours aussi bien pour le passage dans le classique que dans le technique. Toutefois les résultats d'une évaluation de la procédure actuelle seront attendus avant de lancer les débats.

En ce qui concerne la gestion des écoles, le SEW/OGB-L a insisté sur l'importance qu'il accorde à la mise en place des comités de cogestion. Celle-ci semble toujours fortement contestée dans certains milieux politiques. Madame Delvaux a proposé de prévoir des comités de cogestion élus pour une certaine durée (2 à 3 ans) au lieu de comités élus annuellement.


Etatisation des écoles préscolaires et primaires



Rappelons la position du SEW :

Le SEW s'exprime clairement pour le maintien de l'enseignement primaire et de l'éducation préscolaire sous la tutelle des Communes.

Le SEW a toujours mis au pilori les magouilles et manigances de certaines communes lors de la publication des postes dans leurs écoles. Des enseignants désireux de briguer un poste se voient parfois contraints à se soumettre à des démarches humiliantes (faire du porte-à-porte) pour avoir une chance de décrocher le poste publié. D'autres sont tout simplement découragés et invités plus ou moins poliment à retirer leurs candidatures pour des postes apparemment « réservés » à des non brevetés. Par ailleurs des instituteurs et institutrices qui changent de commune perdent généralement leurs droits d'ancienneté lors des permutations.

D'aucuns nous disent que tous ces inconvénients seraient supprimés avec l'étatisation. D'abord ceci reste à voir, car combien de lycées ne publient pas tous leurs postes sous prétexte de disposer de chargés de cours ? Nos collègues du secondaire sont-ils vraiment mieux lotis lorsqu'ils changent de lycée ?

Une étatisation risque par ailleurs d'éloigner les décisions sur l'organisation scolaire des acteurs locaux et de ne point prendre en compte les difficultés du terrain.

Elle rendrait l'autonomie des écoles et la cogestion très difficiles, voire impossibles. Nous entrerions à nouveau dans le concept d'une centralisation et hiérarchisation du système scolaire. Il serait de plus en plus difficile de respecter la situation socio-économique de la population scolaire locale et d'organiser l'école selon les besoins des différentes communes.

Et n'oublions surtout pas que toutes les innovations dans l'enseignement primaire ont toujours eu lieu dans les communes et ne se sont généralisées que par la suite. Une étatisation de l'école signifierait certainement une entrave au développement de notre système scolaire.

L'école préscolaire et primaire ne doit pas être centralisée, mais elle doit rester au niveau des communes pour qu'elle puisse garder la flexibilité nécessaire à un fonctionnement efficace.



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Patrick Arendt