22.11.2009

Les réformes des pensions accentuent-elles l'inégalité salariale entre hommes et femmes et perpétuent-elles cette inégalité au-delà de la vie active? Quelles sont les politiques qui peuvent contribuer à réduire les différences entre la situation économique des hommes et celle des femmes à l'heure de la retraite? Telles sont quelques-unes des questions abordées dans une nouvelle étude de l'Internationale de l'Education (IE), la fédération syndicale mondiale représentant les enseignantes et enseignants et le personnel de l'éducation. L’étude «Les réformes des pensions en Europe et leur impact sur les femmes» a été rédigée pour l'IE par Vanja Ivosevic, spécialiste de la dimension de genre dans les politiques éducatives à l'Université de Zagreb. L'étude de l'IE montre que les réformes des pensions peuvent renforcer les désavantages liés au genre que rencontrent les femmes. Accorder une attention particulière aux principales caractéristiques des refontes des pensions, qui sont discutées dans cette étude, peut faire une différence essentielle pour l’amélioration de la situation des retraitées.

Vanja Ivosevic a fondé son analyse sur une enquête indépendante menée auprès de 48 syndicats d'enseignants membres de l'IE dans 33 pays de la région paneuropéenne, donnant une vue d'ensemble sans précédent des répercussions des réformes des pensions sur les femmes, et en particulier les enseignantes en Europe. Le rapport peut aider à faire prendre conscience aux syndicats de l’importance de prendre en compte les critères de genre lors des négociations sur les réformes de pension.

L'une des préoccupations mises en lumière dans le rapport est l'abandon généralisé par les gouvernements des idéaux de protection sociale en raison de leur coût. Avec la réduction progressive du soutien financier des gouvernements, les revenus globaux de retraite sont désormais plus étroitement liés aux cotisations des salariés aux plans de pension, ce qui a entraîné la perpétuation des inégalités salariales entre hommes et femmes. Les coupes dans les dépenses publiques sont également allées de pair avec un recul des politiques prônant davantage d'égalité dans les revenus de retraite, comme les revenus minimaux garantis, les taux forfaitaires et les plafonds de revenus. Cet abandon de l'Etat accroît donc les inégalités entre hommes et femmes en matière de prestations totales de retraite.

Le rapport souligne donc combien il est important que la réforme des retraites atténue ou, à tout le moins, n'exacerbe pas davantage ces différences entre hommes et femmes de niveau des retraites. L'étude de l'IE insiste sur certains éléments essentiels. Les formules de calcul des pensions peuvent influencer les différences entre hommes et femmes par le choix de l'intervalle de base des années de revenu et par le rejet ou l'acceptation des tableaux d'espérance de vie en fonction du sexe. Les critères d'accès à des droits à la pension complète sont également déterminants dans la manière dont ils traitent le travail à temps partiel et les interruptions de carrière, dont ils fixent des niveaux de cotisation régulière et minimale et dont ils autorisent ou pénalisent la retraite anticipée.

Ainsi, en montrant ce qui se fait dans plusieurs systèmes européens, l'IE cherche à donner aux syndicats les moyens d'évaluer les propositions de réforme des pensions et de promouvoir des changements appropriés. En outre, en soulignant les nuances et la complexité des différentes situations nationales, cette étude insiste sur la nécessité d'une approche exhaustive de l'impact de la dimension de genre dans la réforme des plans de pension.

L’étude de l’IE sur les réformes des pensions en Europe est disponible en ligne à l’adresse: www.ei-ie.org/gender/.