Pour le bon sens et la défense de l’école publique !

08.12.2012

Pour le bon sens et la défense de l’école publique !


Nous sommes 4.500 à avoir signé le « Manifeste », refusant l’application des quatre principes marquants de la réforme prévue de la Fonction publique à l’enseignement. Ces principes mettent en péril la sérénité nécessaire au travail des enseignants et la qualité de l’école publique et ils sont préjudiciables à nos élèves.

« Plan de réussite scolaire », « Cellule de développement scolaire », « Agence-Qualité », « Profil du lycée », « Evaluation externe des établissements scolaires » sont autant d’éléments issus de la boîte à idées de l’OCDE qui visent à mettre en concurrence les écoles et à leur imposer le « diktat » néolibéral.

Nous, les enseignants signataires du « Manifeste », voulons préserver l’école publique luxembourgeoise de cette idéologie antidémocratique et antisociale, qui est en train d’inonder l’Europe tout entière.

Notre refus d’appliquer les principes de la réforme de la Fonction publique à l’enseignement procède du bon sens et du souci de défendre les missions de l’école publique et le climat social qui y règne.

  1. La gestion par objectifs, issue des entreprises privées, vise à stimuler la productivité. Voilà un modèle totalement étranger à notre façon de penser l’école et notre travail. Nos objectifs sont définis par nos plans d’études et nous visons à mobiliser les intérêts et les moyens de nos élèves dans ce cadre.
  2. L’évaluation des écoles et des enseignants, qui est au cœur de la gestion par objectifs, n’apporte aucune plus-value à nos élèves ou à la qualité de l’enseignement. Nous avons d’autres priorités que de traiter des paperasseries ou de pratiquer le tape-à-l’œil pour la galerie: l’action patiente et sereine en faveur des besoins spécifiques de nos élèves doit primer sur l’autopromotion des écoles et sur la concurrence entre collègues.

    L’expérience vécue jusqu’ici dans l’enseignement fondamental réformé est parlante: le PRS gaspille surtout les énergies des enseignants et l’évaluation a besoin d’un nombre toujours croissant d’experts. Elle donne naissance à une bureaucratie parasitaire et se nourrit du travail d’autrui. Il est exclu pour nous d’introduire son pendant, le PDS, dans l’enseignement secondaire et secondaire technique !
  3. La hiérarchisation des carrières dans l’enseignement – par la création de 15 à 20 % de « postes à responsabilités particulières » va à l’encontre de nos carrières planes actuelles. Nous sommes des personnes issues de formations initiales similaires et nous accomplissons un travail comparable, qui de surcroît, est souvent réalisé en équipe. Nous refusons toute stigmatisation de ceux qui, pour s’être « attardés » avec les élèves les plus faibles, ne rentreraient pas dans le moule du rendement chiffrable à tout prix, tout comme nous refusons tout esprit de flagornerie et de favoritisme.

    Même abstraction faite de la question de savoir quels pourraient bien être les critères servant à définir les 15 à 20 % de « postes à responsabilités particulières » dans l’enseignement, quelle plus grande et plus noble responsabilité peut-il y avoir que de travailler avec sa classe afin de faire progresser ses élèves, plutôt que de se dérober derrière des travaux administratifs ou de briguer un poste tranquille dans la hiérarchie ?
  4. Nous ne sommes pas dupes: puisque la réforme de la Fonction publique doit être financièrement neutre, les 25 points indiciaires dont profiteraient uniquement les génuflecteurs du pouvoir en place pour occuper les « postes à responsabilités particulières » engendrent une réduction salariale pour les carrières de base de l’instituteur et du professeur. C’est bien ce résultat que les calculs effectués ont donné !


La mobilisation commence ! Nous ne laisserons pas faire Biltgen, Delvaux et consorts !

SEW-OGBL

Luxembourg, le 21 novembre 2012

APESS