Question parlementaire Nº 2581 Enseignants en luxembourgeois

03.06.2008

Luxembourg, le 3 juin 2008

Monsieur le Président,

J'ai l'honneur de vous informer que, conformément à l'article 80 de notre Règlement interne, je souhaite poser la question parlementaire suivante à Madame la Ministre de l'Education Nationale:

((En tenant compte du besoin d"enseignants en luxembourgeois, qui sera engendré par la nouvelle loi sur la double nationalité, et sachant que pour participer à la formation " Lëtzebuergesch als Friemsprooch" à l'Université du Luxembourg, étaient exigé une base d'études" bac plus 2" ou des références équivalentes, je voudrais poser les questions suivantes à Madame la Ministre.

-Madame la Ministre pourrait-elle m'informer sur les qualifications requises pour devenir enseignant en luxembourgeois au Centre de Langues?

- Est-il exact que désormais un diplôme de " Bachelor )~sera requis à cette fin ?

- Dans l'affirmative, Madame la Ministre, ne juge-t-;elle pas que les exigences sont exagérées par rapport aux tâches que les enseignants devront assurer ? En plus, qui formerait ces personnes pour donner cours en luxembourgeois?

- Dans l'affirmative, Madame la Ministre, estime-t-elle que le besoin en enseignants en luxembourgeois pourra être satisfait afin de donner des cours en luxembourgeois pour les candidats en vue de l'obtention de la nationalité luxembourgeoise, tenant compte des connaissances linguistiques requises à l'avenir pour obtenir notre nationalité?

- Madame la Ministre, pourrait-elle m'éclaircir à quelle fin les cours intensif en luxembourgeois, qui s'étalent sur deux semestres et qui incluent un examen théorique et divers travaux didactiques à présenter, sont organisés par l'Université du Luxembourg, si ceux-ci ne donnent pas accès à la tâche d'enseignant en luxembourgeois reconnue par le Ministère ?

-Madame la Ministre, pourrait-elle me confirmer que la plupart des formateurs employés par les associations et communes qui organisent des cours en langue luxembourgeoise, sont considérés comme indépendants, sans aucun statut.

- Dans l'affirmative, Madame la Ministre pourrait-elle m'informer, si elle entend créer un statut d'enseignant en luxembourgeois? "

Croyez, je vous prie, Monsieur le Président, à l'assurance de ma très haute considération.

Fernand ETGEN

Député
 
 
Luxembourg, le 1 juillet 2008
 
 
Réponse de Madame la Ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle à la question parlementaire N° 2581 de Monsieur le Député Fernand Etgen.
 
 
1.
 
 
Actuellement, le recrutement des enseignants au Centre de Langues Luxembourg est régi par la loi du 19 juillet 1991, article 6: " Les enseignants et les chargés de cours doivent être titulaires des certificats et diplômes légalement requis pour enseigner la branche respective dans l'enseignement primaire, dans l'enseignement secondaire technique ou dans l'enseignement secondaire ou supérieur ".
 
 
2.
 
 
Ces diplômes correspondent aujourd'hui à un bachelor pour l'enseignement primaire et à un master pour l'enseignement secondaire et secondaire technique. Comme il n'existe actuellement pas de cursus universitaire dans la branche " Luxembourgeois ", les qualifications demandées par le Centre de langues pour enseigner cette discipline sont les suivantes: être détenteur soit d'un diplôme de bachelor ou de master en langues soit d'un diplôme de bachelor ou de master en sciences de l'éducation. Avoir suivi des formations telles que la formation " Lëtzebuergesch als Friemsprooch " à l'Université du Luxembourg ou des stages pour formateurs de luxembourgeois au Centre de langues constitue un avantage au même titre qu'une expérience d'enseignement à des adultes.
 
 
3.
 
 
Outre le fait que ce niveau de recrutement correspond aux qualifications initiales demandées pour enseigner les langues dans les différents ordres d'enseignement au Luxembourg et dans d'autres pays d'Europe, il se justifie par la complexité des tâches qui incombent à un enseignant au Centre de langues.
 
 
Il s'agit bien sûr d'enseigner le luxembourgeois à des adultes, ce qui suppose une connaissance théorique en didactique des langues et des cultures. Il s'agit également d'assumer la responsabilité de la passation et de l'évaluation des examens nationaux et de respecter les critères du Cadre européen commun de référence pour les langues, ce qui requiert une solide formation dans le domaine de l'évaluation. Dans le cas du luxembourgeois, ce volet prend aujourd'hui une importance accrue dans la mesure où les enjeux dépassent l'obtention d'un diplôme et concernent l'attribution ou la non attribution de la nationalité luxembourgeoise. Il faudrait encore ajouter qu'un formateur est amené à élaborer du matériel didactique, méthodes d'apprentissage ou tests d'évaluation, qui fait l'objet de publications et est utilisé dans le pays et dans la Grande Région.
 
 
La formation des nouveaux enseignants devrait être assurée conjointement par l'Université du Luxembourg et par le Centre de langues. Ce dernier offre déjà actuellement à tout son personnel pédagogique quatre journées de formation continue par an, plusieurs journées pédagogiques et a mis en place, pour les nouveaux enseignants, un tutorat de deux années.
 
 
4.
 
 
Il est certain que le niveau des connaissances linguistiques requis pour obtenir la nationalité luxembourgeoise amènera une augmentation des demandes pour des cours de langue luxembourgeoise.
 
 
C'est pourquoi le Centre de langues a dès maintenant entrepris d'élargir l'équipe des enseignants de luxembourgeois et une annonce visant à recruter de nouveaux chargés de cours a été diffusée par voie de presse le 31 mai 2008.
 
 
Toutefois, l'organisation de cours de luxembourgeois n'incombe pas au seul Ministère de l'Education nationale mais relève également des communes et des a.s.b.l., et les chargés de cours actuellement en place dans ces organismes y poursuivront leur tâche d'enseignement.
 
 
5.
 
 
La formation continue actuellement proposée par l'Université du Luxembourg sur deux semestres représente une formation précieuse, spécifique à l'enseignement du luxembourgeois et s'inscrit dans la préparation d'un nouveau diplôme " Diplom Lëtzebuerger Sprooch a Kultur}) prévu dans le projet de loi portant création d'Un Institut national des langues, déposé le 23 mai 2008, diplôme habilitant son détenteur à enseigner le luxembourgeois.
 
 
Le projet de loi apportera une réponse professionnelle aux nombreuses demandes de certification réglementée habilitant à l'enseignement du luxembourgeois. Deux nouveautés s'inscrivent dans ces efforts:
 
 
? la création du Diplom Lëtzebuerger Sprooch a Kultur
 
 
Le Diplom Lëtzebuerger Sprooch a Kultur se distinguera des diplômes existants de luxembourgeois langue étrangère. La formation qui y mènera sera offerte par l'Institut national des langues et l'Université du Luxembourg. Elle permettra à toute personne intéressée, et notamment à celles qui envisagent de dispenser des cours de luxembourgeois, un approfondissement professionnel de tous les aspects de la langue (orthographe, linguistique, lexicographie, littérature, ... ) ainsi que des compétences d'enseignement et d'évaluation du luxembourgeois. Un autre volet de la formation portera sur l'histoire du Luxembourg, sa culture, sa littérature, sur des thèmes politiques et socioéconomiques d'actualité, etc.
 
 
Le diplôme Diplom Lëtzebuerger Sprooch a Kultur répond à une demande de la part des institutions et organismes qui dispensent des cours de luxembourgeois de pouvoir engager des enseignants habilités à enseigner la langue. Il s'inscrira également dans le contexte d'une expansion considérable des cours de luxembourgeois.
 
 
? la création du professorat de langue luxembourgeoise
 
 
Le projet de loi confère un statut reconnu aux enseignants de luxembourgeois en créant le professorat de langue luxembourgeoise.
 
 
À part le fait que les candidats devront être détenteurs du Diplom Lëtzebuerger Sprooch a Kultur, le recrutement des candidats sera identique à celui des autres professeurs en langues de l'enseignement secondaire et secondaire technique: être titulaire soit d'un diplôme de bachelor, soit d'un diplôme de master en langues, et passer par le stage pédagogique.
 
 
Le jour où l'Université du Luxembourg offrira un diplôme de master en luxembourgeois, les conditions pour devenir professeur de luxembourgeois y seront alignées.
 
 
6.
 
 
L'organisation des cours de luxembourgeois par des communes ou des associations se fait sous entière responsabilité de celles-ci. Ce sont également elles qui établissent et gèrent les contrats dans lesquels l'État n'intervient pas. Il n'y a donc pas lieu à ce stade d'introduire un statut différent de celui prévu au projet de loi créant le professeur de luxembourgeois.
 
 
Mady Delvaux-Stehres
 
 
Ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle