Formation pour tuteurs en entreprise – Attention au minimalisme!

27.10.2011

Formation pour tuteurs en entreprise –
Attention au minimalisme!



La formation des tuteurs au Luxembourg …



Dans le cadre de la loi du 19 décembre 2008 portant réforme de la formation professionnelle, les responsables du MENFP ont enfin légiféré en ce qui concerne la formation pour tuteurs en entreprise. Il s’agit ici d’une revendication du SEW qui a depuis toujours insisté sur une formation des tuteurs en entreprise avant que ces derniers n’aient le droit de former les jeunes apprentis.

Dorénavant, pour pouvoir exercer le droit de former, une formation des tuteurs devient obligatoire pour toute entreprise qui s’investit dans l’apprentissage1. C’est ainsi que, depuis mai 2010, la «Luxembourg School for Commerce» propose ces formations qui s’étalent sur deux journées entières suivies de deux demi-journées, soit un total de 24 heures2. Tout particulièrement sur ce dernier point, le SEW est en droit de se poser la question suivante: Trois journées de formation, aussi performante qu’elles soient, est-ce suffisant pour bien préparer les tuteurs à leur tâche importissime?

… et en Allemagne



A titre de comparaison, intéressons-nous brièvement à la formation des tuteurs en entreprise telle qu’elle est pratiquée en Allemagne. Afin de s’adapter à un monde en plein changement, que ce soit au niveau économique, social ou pédagogique, le BIBB – Bundesinstitut für Berufsbildung – celui là même qui participe à la mise en oeuvre de la réforme de la formation professionnelle au Luxembourg, a élaboré en 2009 un nouveau plan directeur pour la formation des tuteurs en Allemagne.
Cette formation est structurée selon 4 modules d’une durée totale qui se situe entre 90 et 115 heures3.



Questions et revendications du SEW



Comparativement aux 24 heures de formation pour tuteurs que propose le «Luxembourg School for Commerce», le SEW est en droit de se poser des questions sur la qualité de cette dernière et au-delà, par conséquent, sur la qualité générale de la formation des apprentis par les entreprises luxembourgeoises.

D’autres questions restent également sans réponse. Qu’en est-il d’une certification de réussite de la formation des tuteurs ou bien suffira-t-il simplement de faire acte de présence? Une évaluation de la qualité de l’encadrement des apprentis au Luxembourg est-elle envisagée dans les années à venir?

A la lumière de ce qui précède, le SEW demande à ce qu’une discussion sérieuse soit menée sur la qualité de la formation des tuteurs en général et de l’apprentissage en entreprise en particulier. Pour qu’une entreprise puisse participer à la formation des apprentis, il faudra qu’elle offre à ces derniers tous les éléments inscrits dans le programme-cadre de la formation en question et qui ne sont pas pris en charge par l’enseignement au lycée. Aussi faudra-t-il que l’entreprise s’investisse véritablement dans la formation initiale en mettant à disposition de cette dernière des moyens réels. Il ne suffit plus d’en rester aux déclarations de bonnes intentions, mais il est absolument nécessaire que les entreprises soient soumises à des critères précis pour qu’elles puissent obtenir le droit de former!

Nous attendons de la part du MENFP et en particulier du Service de la formation professionnelle des initiatives concrètes dans ce sens.



1 Notons toutefois que la loi prévoit d’ores et déjà des situations où, sous certaines conditions, le tuteur peut être dispensé de la formation.
2 Notons toutefois que la LSC vient d’offrir une matinée supplémentaire de formation destinée à familiariser le tuteur en entreprise avec l’évaluation des compétences.
3 Voir encadré ci-contre pour les détails.




Jules Barthel
Professeur des sciences économiques et sociales au LNW
Membre de la direction syndicale