Critères de promotion (Françoise Hetto-Gaasch : 25.1.2006) (Q/R)

25.01.2006

Monsieur le Président,
Par la présente, j'ai l'honneur de vous infom1er que, conformément à l'article 75 du Règlement de la Chambre des Députés, je souhaiterais poser les questions suivantes à Madame la Ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle au sujet des nouveaux. critères de promotion.

Les nouveaux critères de promotion, qui déterminent l'évaluation et la promotion des élèves de l'enseignement secondaire et secondaire technique, ont été fixés par règlement grand-ducal le 14 juillet 2005. Cette nouvelle réglementation devra aboutir à mettre en place un système de promotion et d'orientation plus cohérent, qui permette aux élèves de progresser en fonction de leurs capacités réelles et d'éviter les échecs inutiles.

Pour ce qui est de la promotion des élèves, on peut lire dans l'article 6, point 1 du règlement que «dans les classes de 7e 8e, 9e de l'enseignement secondaire technique et les classes de 7e, 6e, 5e, 4e de l'enseignement secondaire, l'élève réussit …. s'il peut compenser toutes ses notes annuelles insuffisantes ou s'il a une moyenne générale d'au moins 40 points ». Pour ce qui touche à l'échec, il est précisé au point 2 du même article que l'élève échoue «si le nombre des notes annuelles insuffisantes est supérieur au tiers du nombre total des branches à moins que, pour les classes de 7e 8e, 9e de l'enseignement secondaire technique et les classes de 7e, 6e, 5e, 4e:de l'enseignement secondaire, sa moyenne générale annuelle soit supérieure ou égale à 40 points.» Ceci signifie dans d'autres mots qu'un élève du cycle inférieur peut réussir, même s'il présente des notes insuffisantes dans les trois branches principales. S'y ajoute qu'il n'y pas de note seuil minimum sollicité pour pouvoir compenser. Quant à l'ajournement, l'article 7 précise au point 1 que l'ajournement peut consister en «un travail de vacances fixé individuellement pour chaque élève et chaque branche, qui se solde par une épreuve portant sur le travail de vacances et une décision de promotion» ou bien en « un travail de révision qui peut, selon la décision du conseil de classe, se solder par une épreuve. »
Nombreuses sont les critiques qui se font entendre de la part des professeurs qui craignent qu'avec le nouveau système de compensation, le niveau des classes dans les lycées secondaires et secondaires techniques ne se dégrade continuellement. En effet ils argumentent que ce nouveau système prend la motivation aux élèves avec plus de difficultés et ne donne plus de défi stimulant aux élèves sans problèmes. En effet, les enseignants redoutent qu'eux-mêmes voire les parents ne réussissent plus à motiver les élèves à faire plus qu:un minimum d'efforts.
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Dans ce contexte j'aimerais poser les questions suivantes à Madame la Ministre de l'Education nationale et de la Formation professionnelle:
  • N'y a-t-il pas risque que ce nouveau système de compensation, au lieu d'encourager les élèves à exceller et à venir en aide aux plus faibles, n'entra1ne une perte de motivation chez les élèves?
    Comme la société d'aujourd'hui ne mise que sur les meilleurs quant aux critères d'embauche, ne met-on pas les mauvais accents par un système de compensation dans les écoles qui n'évalue que partiellement les compétences de l'élève?
  • Le fait qu'il existe deux différents types d'épreuves d'ajournement, les élèves ne courent-ils pas le risque d'être avantagés voire désavantagés par ce système?
  • Madame la Ministre a-t-elle prévu de procéder à une évaluation des résultats obtenus par la mise en oeuvre des nouveaux critères de promotion?


  • Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération.

    Françoise HETTO-GAASCH
    Députée


    Réponse de la Ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle à la question parlementaire N° 876 de Madame la Députée Françoise Hetto - Gaasch :

    Les nouveaux critères de promotion sont fondés sur l'idée qu'il faut stimuler les élèves à faire des efforts supplémentaires dans des branches ou des domaines où ils sont forts et où ils ont une chance réelle de prétendre à l'excellence, C'est un retournement sensible de la situation où l'élève qui p. ex, avait une faiblesse chronique en mathématique était constamment obligé de concentrer tous ses efforts sur cette matière dans laquelle il n'avait aucune chance de briller.

    Ces insuffisances insurmontables qui parfois tournaient au cauchemar des familles avaient pour effet dé démotiver l'élève et de lui faire négliger les autres matières pour lesquelles l'école n'honorait pas ses performances.

    1. L'honorable députée évoque le cas d'un élève qui pourrait réussir son année même s'il a obtenu des notes insuffisantes dans 3 branches principales. C'est un cas purement théorique, Pour l'année scolaire 04/05 aucun élève sur les quelque 15000 concernés n'a obtenu simultanément une note insuffisante en allemand, français et mathématique et une moyenne de 40 points,
    2. Ce n'est pas en promouvant la médiocrité, les résultats "passables" qu'on prépare les jeunes à la société qui ne mise que sur les meilleurs quant aux critères d'embauche. Il faut changer le modèle qui fait que les élèves apprennent surtout pour éviter de récolter des notes insuffisantes en un système où les élèves s'appliquent pour être bons ou excellents. Il est évident qu'il faut faire des choix et qu'on ne peut pas exiger des élèves qu'ils soient tous bons dans tous les domaines.
    3. Il importe que le conseil de classe dispose d'une marge de manoeuvre afin d'adapter les mesures de remédiation - dont l'ajournement fait partie - à la situation de l'élève.
    4. L'évaluation des résultats scolaires se fait en continu puisque tous les résultats trimestriels sont saisis. L'évolution des effectifs scolaires et des bilans scolaires est analysée chaque année et fait l'objet d'une publication spéciale par le SCRIPT.

    Mady Delvaux-Stehres
    Ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle