Rapport du workshop : Egalité des chances et participation des parents à l'école
Coordinatrice: Monique Adam
Le groupe s'est d'abord posé la question d'où provenait l'inégalité des chances: il y a relevé les influences du milieu familial, culturel, socio-économique, mais également scolaire. Il a constaté que diverses tendances dans notre société allaient dans le sens d'une ségrégation sociale et donc d'un accroissement de l'inégalité des chances. Le vote d'une loi accordant des subventions accrues aux écoles privés en 2003 ( ?) est certainement un pas dans cette direction.
Dans certaines écoles, la provenance socioculturelle des élèves tend à s'homogénéiser, ce qui a tendance à rejaillir sur l'image de l'école et les performances des élèves. Il est dans ces conditions extrêmement difficile de maintenir des niveaux équivalents entre les résultats des différentes écoles. En France, on constate que les moyens supplémentaires accordés aux zones d'éducation prioritaires sont en général insuffisants pour relever les défis qui se posent dans certains quartiers.
Au Luxembourg se pose en outre le problème des moyens dont disposent les différentes communes ou alors des moyens qu'elles sont disposées à investir dans leurs écoles. Cela pose une question d'équité et certains vont jusqu'à demander une étatisation de l'école préscolaire et primaire. D'autres font remarquer cependant que les responsables communaux sont plus près du terrain, ce qui apporte une plus grande flexibilité pour répondre aux besoins. Ce qu'il faudrait cependant discuter, c'est la mise en place de certains standards de qualité, ainsi que d'une aide étatique aux communes les plus démunies.
Si la mixité sociale est importante pour le bon fonctionnement des écoles, elle l'est autant pour les activités péri- et parascolaires et un foyer scolaire qui a tendance à devenir un ghetto pour les élèves défavorisés ne peut plus jouer son rôle intégrateur.
L'étude PISA montre également que les sociétés qui sont plus égalitaires révèlent moins d'inégalités de chances entre les élèves. Il s'agit d'un phénomène qu'on ne peut combattre uniquement à l'école, mais où l'école a un rôle à jouer.
Le fait de répartir les élèves entrant en 7e sur 3 types de classes différentes selon leurs performances en 6e année d'études est indéniablement un facteur scolaire susceptible d'accroître les inégalités.
Le groupe s'est ensuite penché sur la question de la participation des parents à l'école pour constater qu'elle peut revêtir différentes formes et selon le cas accroître ou diminuer l'inégalité des chances.
Si les parents sont considérés comme des maîtres auxiliaires susceptibles de réviser à la maison les matières apprises à l'école, voire d'expliquer ce qui n'a pas été compris à l'école, leur participation respectivement, selon les cas, leur non-participation a de fortes chances de creuser l'écart entre les performances des élèves.
Si par contre, les parents d'élèves ont la possibilité de formuler leurs attentes face à l'école, si leur point de vue est pris en compte lors de l'établissement de l'organisation scolaire, il y a de fortes chances que les élèves puissent bénéficier d'un climat d'apprentissage plus serein. Pour peu que les représentants des parents d'élèves s'intéressent un peu au fonctionnement de l'école, ils comprendront rapidement que les mesures prises en faveur des élèves les plus en difficulté bénéficieront en fin de compte à tous les élèves d'une école.
Un responsable du ministère de l'Education nationale présent dans l'atelier a averti les participants, que les réflexions au sein du ministère allaient dans le sens de confier la gestion des écoles à des comités d'enseignants sous la surveillance d'un conseil d'école dont feraient partie les représentants des parents d'élèves.
La question de savoir où trouver assez de parents engagés pour s'investir dans ces conseils d'école, a été reprise par une institutrice de l'école de Bridel, qui a signalé que nos élèves d'aujourd'hui, seront les parents de demain. La démocratie, ça s'apprend et il vaut mieux semer aujourd'hui ce qu'on veut récolter demain. Sans vouloir embrigader les enfants dans des responsabilités qu'ils sont incapables d'assumer ou encore de leur faire croire qu'ils peuvent tenir le rôle des adultes, il faut peu à peu les amener à comprendre comment des décisions démocratiques voient le jour et leur donner la parole sur des sujets qui sont à leur portée. Dans leur école, il existe un parlement scolaire avec des délégués des élèves de chaque classe. Il s'agit également d'une façon de ne pas oublier les enfants dans la discussion sur le partenariat.
Quant à savoir quelle serait la meilleure façon d'enseigner dans des classes composées d'un public hétérogène, cela a mené le groupe à discuter de cycles d'apprentissage et de team-teaching. Se pose évidemment la difficile question de la gestion de l'hétérogénéité que ce soit au niveau de l'apprentissage des langues ou dans d'autres domaines: comment faire bénéficier tout un groupe des compétences de certains sans freiner les uns, ni décourager les autres ? Là encore, différents modèles sont expérimentés avec plus ou moins de succès. Une collègue participant à une telle expérience s'est plainte du manque de collaboration de la part des services de guidance en charge des élèves en difficulté, mais également du manque d'intérêt de la part des parents d'élèves.
Même si on sent qu'il y a actuellement beaucoup de bonne volonté dans tous les camps pour changer l'école, il faut constater qu'on n'en est qu'au début et que les mentalités n'évoluent pas toujours assez vite. Il faudra certes changer les structures de partenariat et de gestion des écoles, mais une fois que la nouvelle loi scolaire aura introduit des structures de participation, il faudra leur donner vie à travers l'engagement de tous les partenaires.
Un point essentiel sera dans ce contexte la formation des enseignants. L'enseignant de demain devra avoir une connaissance approfondie des sciences de l'éducation, du système scolaire et des stratégies de communication avec les élèves, leurs parents et tous les professionnels d'une équipe multidisciplinaire. Il devra évidemment connaître les matières à enseigner, ainsi que les approches didactiques et méthodologiques pour les enseigner. Mais son souci primordial sera celui du développement des capacités intellectuelles et affectives des élèves qui lui sont confiés.
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