Avis du SEW/OGBL sur la proposition de l’équipe curriculaire pour la dernière année de formation du Technicien administratif et commercial

Avis du SEW/OGBL sur la proposition de l’équipe curriculaire pour la dernière année de formation du Technicien administratif et commercial
Remarque préliminaire
Nous nous demandons d’abord, quelles sont les raisons qui parlent en faveur du régime concomitant en dernière année pour le Technicien administratif et commercial, alors que toutes les autres DT (a deux exceptions près) fonctionneront entièrement en régime plein temps.
Nous pensons que celles et ceux qui prônent un tel fonctionnement devraient justifier leur revendication par des arguments vraiment convaincants.
En effet,
- il s’agit la d’un élément nouveau, qui n’a pas été évoqué tout au long du travail du groupe curriculaire au courant des deux années passées;
- le système de formation professionnelle issu de la loi du 19 décembre 2008, entièrement basé sur des modules présente déjà maintenant une structure extrêmement complexe.
Ceci place les lycées techniques devant des problèmes d’organisation énormes, compliqués davantage encore par l’offre de modules de rattrapage.
D’ores et déjà, le règlement grand-ducal du 30/09/2010 sur l’évaluation et la promotion dans la formation professionnelle prévoit que ≪la direction du lycée doit veiller à offrir, le cas échéant en coopération avec d’autres lycées, à chaque élève qui n’a pas réussi tous les modules, au moins une fois le(s) module(s) de rattrapage au cours de la durée de sa formation» (art. 7 pt. 4). En d’autres termes, les modules de rattrapage pourront être reculés dans le temps en attendant d’atteindre une masse critique d’élèves, voire être centralisés dans un seul ou plusieurs lycées du pays - manque d’enseignants et rationalisation des couts élevés obligent.
Or, on imagine bien que l’introduction du choix entre le régime plein-temps et le régime concomitant compliquera encore davantage le schéma organisationnel et risquera de le rendre ingérable. - le choix entre le régime concomitant et le régime a plein temps en dernière année comporte le risque d’aboutir a deux formations de technicien pour un même diplôme.
Il faudra le cas échéant empêcher une telle dérive.
1. Choix en dernière année de formation
Nous notons d’abord qu’il existe une grande différence entre un apprentissage en régime concomitant a raison de 2 jours au lycée technique et 3 jours dans l’entreprise et une solution 1/4 ! Pour la formation du TAC, la transmission de beaucoup d’éléments théoriques dans les branches professionnelles et dans la formation linguistique (cf. point 4 de la proposition, dont nous partageons le contenu) est cruciale et nous plaidons pour la solution 2/3. Nous pensons en effet que les lycées sont mieux aptes a transmettre ces éléments que les entreprises.
De toute façon, le SEW ne donnera son accord a l’option pour le régime concomitant en 4e année a défaut d’une discussion sérieuse sur la qualité de l’apprentissage offert.
Pour qu’une entreprise puisse agir dans ce contexte, il faudra qu’elle offre à l’apprenti-e tous les éléments qui sont inscrits dans le programme-cadre de la formation du TAC et qui ne sont pas pris en charge par le lycée technique.
Aussi faut-il qu’elle s’investisse véritablement dans la formation initiale en mettant à disposition de cette formation des moyens réels. Il ne suffit plus d’en rester aux déclarations de bonnes intentions, mais il est nécessaire d’établir des critères précis pour qu’une entreprise obtienne le droit de former!
Nous attendons de la part du MENFP et en particulier du Service de la Formation professionnelle des initiatives concrètes dans ce sens. Dans ce seul cas, nous sommes prêts à coopérer !
Or, malheureusement, à l’heure actuelle, ni le profil professionnel, ni le profil de formation,, ni le programme-cadre du TAC n’ont été publiés! C’est de mauvais augure!
2. Stage
Nous ne comprenons pas pourquoi un stage de 12 semaines consécutives en fin de la 3e année permettrait mieux l’entrée vers un apprentissage pour les élevés désirant intégrer la vie professionnelle durant la dernière année de formation qu’un stage de 6 semaines.
D’autre part, nous nous posons une série de questions au sujet de cette proposition:
- est-ce que ce stage de 2,5 mois serait prévu pour tous les élevés de T2CM ou uniquement pour ceux qui voudraient choisir le régime concomitant en 4e année?
- si oui, les élèves optant pour le régime à plein temps n’auraient-ils plus de stage en T3CM ?
- si non, que feraient les autres élèves pendant ce temps ?
- quand est-ce que ce stage aurait lieu?
- s’il a lieu pendant le temps scolaire, c’est l’ensemble du 3e trimestre qui y sera voué
- s’il a lieu pendant les vacances scolaires, il n’y aura pas de suivi de la part du tuteur scolaire et les élèves n’auront pas de vacances.
Nous sommes d’avis que les stages de 6 semaines en T2CM et en T3CM doivent être maintenus.
Cela permet aux élèves de T3CM optant pour le régime plein temps de voir deux entreprises et non une seule.
Quant à l’organisation des stages en général, il faudra s’assurer que les entreprises qui ≪prennent≫ des stagiaires leur offrent un stage de qualité. Ici aussi, il faudra établir des critères précis et relier le droit d’offrir des stages au droit de former!
Finalement, nous exigeons que les stages soient rémunérés et que notamment des cotisations sociales à la caisse de pension soient payées. Il est inadmissible que les jeunes soient balance-e-s de stage en stage sans être payé-e-s et qu’il s soient exclu-e-s des droits à la sécurité sociale!
3. Organisation du régime plein temps
Il faut assurer une polyvalence de la formation et nous nous demandons, pourquoi les élèves devraient choisir entre les spécialisations énumérées.
Nous insistons aussi qu’il faut prévoir les modules préparatoires pendant l’horaire régulier.
Lors d’une réunion au MENFP avec Madame la Ministre et les responsables du Service de la Formation professionnelle, il nous a été garanti que ces modules seraient prévus en 12e et en 13e et qu’ils seraient insérés à raison de 4 leçons sur 6 dans l’horaire normal. Voilà enfin une bonne nouvelle!
Les statistiques en matière de BTS au LTECG nous renseignent qu’au cours des 5 dernières années:
- 30 a 50 % des étudiant-e-s en BTS proviennent de la formation actuelle du TAC
- 80 % de ces techniciens administratifs et commerciaux réussissent au BTS.
Il est donc impérieux de continuer à soutenir l’engagement des TACs dans une formation supérieure (actuellement, 10 a 20 % des diplômés TAC choisissent cette voie), cela d’autant plus que de plus en plus d’emplois créés au Luxembourg dans le domaine administratif et commercial nécessitent un diplôme bac+.
Par contre, il serait inadmissible d’organiser notre système scolaire de façon telle que les résidents se présenteraient avec une formation légèrement supérieure au CATP actuel, alors que les frontaliers seraient recrutes au niveau bac+! Une telle stratégie ne serait compatible ni avec les intérêts des élèves, ni avec ceux du développement économique du pays!
4. Organisation du régime concomitant
Nous partageons les idées contenues dans ce paragraphe (cf. aussi en (1) notre remarque au sujet des modules à offrir à l’école) et nous insistons sur un partage 2/3.
Nous sommes d’avis aussi qu’il faut prendre rapidement une décision pour que les contenus du programme puissent être développes – sur la base d’un profil professionnel, d’un profil de formation et d’un programme-cadre!!!
5. Valeur du diplôme
Il est hors de question pour nous que l’option régime plein temps/régime concomitant puisse conduire à deux diplômes de technicien administratif et commercial différents!
Il faudra de toute façon assurer l’équivalence et garantir les voies d’accès é une formation supérieure pour tous les diplômés de cette formation!
Luxembourg, le 27 mai 2011