Le contingent de leçons d’enseignement dévoilerait-il les vrais objectifs de la réforme scolaire?!

Le contingent de leçons d’enseignement dévoilerait-il les vrais objectifs de la réforme scolaire?!
Les administrations communales viennent d’être informées au cours des vacances de Pâques par le ministère sur leur taux d’encadrement actuel, sur le taux à atteindre dans dix ans, ainsi que sur les leçons d’enseignement attribuées pour l’année scolaire 2010/2011.Malgré les promesses de Madame la ministre de garantir la transparence de la procédure, la fiche imprimée contenant ces informations ne fut envoyé qu’aux seuls administrations communales, tandis que l’information fournie aux présidents des écoles se limitait à une nième explication des calculs menant au taux d’encadrement accompagnée d’une fiche … vierge.
D’après les informations du SEW/OGBL, le taux d’encadrement actuel calculé par le MEN est fixé trop bas pour beaucoup de communes. D’emblée, les écoles risquent de se faire amputer d’un nombre considérable de leçons. Le SEW/OGBL invite les comités d’école à contrôler les taux présentés par le MEN et d’insister pour se voir attribuer au moins le contingent exact de leçons pour l’année scolaire 2010/2011.
Il semble d’ailleurs que la presque totalité des communes sorte perdant de cette opération. On aurait pu accepter une redistribution des ressources humaines (quel terme horrible) dans l’objectif d’une égalité des chances, mais cette manoeuvre a comme objectif ou du moins comme résultat (ce qui ne fera pas de différence pour les élèves concernés) une nette diminution des postes d’enseignants. Selon les récentes indications du MEN, quelques 4000 leçons hebdomadaires seront économisées au bout de dix ans, c.-à-d. 400 leçons par année.
Et comme le MEN a toujours refusé de publier les chiffres globaux du contingent au niveau national, il est à craindre que davantage de postes seront supprimées.
Quels sont par ailleurs les « vainqueurs » de l’introduction du contingent ? Il semble qu’il n’y en ait pas, sauf une grande ville du sud qui d’ailleurs est depuis toujours au-dessus de tout soupçon d’investir trop de moyens dans ses écoles. D’après les informations du SEW/OGBL, cette ville verra l’effectif de ses leçons s’accroître de quelques 400 leçons en dix ans, c.-à-d. moins de 2 postes d’enseignants par année. Et ceci principalement au détriment d’une autre grande ville du sud-ouest qui possède le même indice social défavorable. Les efforts et investissements de cette ville au cours des années passées dans ses écoles pour offrir des mesures d’aide et d’appui à des enfants presque tous issus d’un milieu social plus défavorisé semblent être de trop pour notre MEN.
Le nombre de leçons des écoles avec les indices sociaux les plus défavorisés de tout le pays n’est donc pas augmenté de façon significative comme le laissait toujours entendre le MEN, mais au contraire il ne s’agira que d’une goutte d’eau dans la mer ou plutôt dans la flaque d’eau voire même une diminution des postes d’enseignants.
Beaucoup de projets pédagogiques innovants des écoles qui ont été mises en vitrine ces dernières années et présentés comme modèles de bonne pratique devront été réduits au fur et à mesure de la réduction des leçons d’enseignement dans ces communes, à tel point qu’ils sont compromis à moyen terme.
La réduction des postes se fera au détriment des élèves qui ont le plus besoin de notre aide. Les écoles devront au fur et à mesure réduire leurs mesures d’appui pour éviter d’avoir des effectifs de classe trop importantes. Dans les petites et moyennes écoles qui représentent la quasi-totalité de notre système scolaire, les comités n’auront d’ailleurs pas le choix. Comme ils devront garantir le bon fonctionnement des classes, il ne restera plus de leçons pour un team-teaching ou des mesures d’appui.
L’organisation scolaire se fera donc dorénavant avec la calculatrice sans pouvoir s’adapter aux besoins réels des enfants.
Le MEN misera, comme toujours, sur la conscience profes- sionnelle des enseignants. Bientôt les enseignants vont s’apercevoir qu’il n’y a définitivement pas assez de leçons d’enseignement dans leur école. Dans ce cas, le MEN s’attend à ce qu’ils vont transformer une partie ou la totalité de leurs 54 leçons annuelles d’appui en enseignement direct. Rappelons encore une fois que l’introduction cette mesure se disait être un supplément au service des élèves et non une simple augmentation de la tâche des enseignants. Malheureusement l’introduction du contingent ne réduira très probablement pas le coût de l’éducation, bien au contraire. Toutes sortes de services, servant à augmenter « la productivité » des enseignants, comme le SCRIPT, l’agence qualité et autres ont été créés ou mieux fournis en personnel. On peut même se poser la question, si les instituteurs ressources, qui feront cruellement défaut dans l’enseignement direct ne serviront qu’à faire semblant de résoudre des problèmes créés justement l’augmentation des effectifs de classe.
Le SEW/OGBL demande en conséquence aux responsables de ne pas réduire les ressources en personnel des écoles, mais au contraire de mettre à leur disposition les mêmes moyens que possédaient jusqu’à présent les écoles étant présentées comme écoles modèles.

Patrick Arendt
Membre de la direction syndicale