Le SEW demande au MEN de porter remède dans les meilleurs délais au problème des remplacements à l'école fondamentale

Lundi 9 novembre, école fondamentale de Schouweiler, il est 8.00 heures, les cours ont débuté depuis dix minutes. Mon portable annonce un message du bureau régional des inspecteurs. Une collègue malade, absente pour la journée, ne sera pas remplacée. Le message électronique a bien été envoyé à 7.40 heures, mais a accumulé 20 minutes de retard dans les embranchements de la Toile. En tant que président d'école, je dois donc improviser une solution. Malheureusement la classe se trouve dans le bâtiment du cycle 1 à l'autre bout de la cour. A cette heure-ci il n'y a pas encore d'enseignants, car le cycle 1 ne commence qu'à 8.15 heures. Déjà les élèves abandonnés accourent pour savoir ce qui se passe. Ils sont restés dix minutes devant la porte fermée de leur bâtiment sans surveillance. Je procède rapidement à une vérification des présences et partage la classe en deux groupes. Maintenant il s'agit de comparer vite les horaires des autres titulaires pour contrôler leurs disponibilités et les compatibilités avant d'amener les élèves dans les autres classes du cycle. Au cas très fréquent, où les classes d'accueil partent à la piscine ou pour d'autres activités hors de la classe, il faut bien sûr trouver d'autres dispositions et déranger davantage de classes pour les autres plages horaires. Comme d'habitude, les titulaires concernés ne se réjouissent guère. L'accueil est plutôt froid et ça se comprend. Les activités prévues pour la journée ne sont plus possibles, ils doivent donc improviser leurs cours. Mais auparavant il faut aller récupérer des chaises et des tables supplémentaires dans d'autres salles. N'oublions pas d'avertir les élèves qui sont déjà partis dans les cours d'appui, sinon ils vont se perdre au moment de réintégrer leur classe d'attache plus tard dans la journée. Et voilà, je commence mes cours, il est 8.20 heures.
Cette scène ou des scènes très semblables se déroulent régulièrement dans les écoles fondamentales depuis le début de l'année. Et les périodes de maladies ne font que commencer.
Avant la réforme scolaire, les remplacements étaient organisés soit par les services scolaires, soit par un responsable des enseignants ou par le comité de cogestion. Ils passaient de longs moments au téléphone pour trouver un remplaçant tôt le matin avant le début des cours. Leur outil était une liste sur support de papier de remplaçants mise à jour tant bien que mal par le ministère.
Afin d'éviter que trop de responsables travaillent en même temps sur une même liste sans être au courant des affectations en cours, les bureaux régionaux des inspecteurs furent chargés des remplacements.
Par l'étatisation de la fonction des instituteurs, les contrats de travail des remplaçants doivent être signés avec l'Etat. La nouvelle loi fut voté en février 2009 et laissa le temps nécessaire au ministère de calculer les besoins en remplaçants, ainsi qu'aux inspecteurs d'organiser leurs bureaux de façon à affronter ces défis.
Avant la rentrée, les inspecteurs ont proposé aux communes ou aux enseignants de s'occuper eux-mêmes des remplaçants. En effet, il s'est avéré que les enseignants ou les responsables des communes réussissent presque toujours à trouver un remplaçant, tandis que les bureaux régionaux doivent systématiquement annoncer aux comités d'école qu'ils n'ont trouvé personne. Or ceci est simplement dû au fait que ceux-là commencent beaucoup plus tôt à engager les rares personnes aptes à effectuer des remplacements.
L'organisation des bureaux régionaux laisse beaucoup à désirer. Au lieu d'avoir installé un répondeur donnant la possibilité de recueillir les appels pendant la nuit et très tôt le matin, les bureaux ne répondent qu'à partir de 7.00 heures. Ainsi des collègues n'ont pu joindre le bureau qu'à 7.30 heures. Dans ce cas il est bien compréhensible qu'il est impossible d'avoir un remplaçant pour le début des cours à 7.50 heures.
Il ne s'agit ici en aucun cas d'accuser les employés des bureaux régionaux qui font de leur mieux, mais se voient confrontés à une situation ingérable. D'autant plus que le système informatique qui leur permettait de voir en temps réel les affectations des remplaçants disponibles fait toujours défaut.
D'aucuns voient d'ailleurs dans cette situation un argument valable pour le directeur d'école, étant donné que l'organisation des remplacements dans les écoles demande tellement de temps et empêche les présidents des comités d'école de débuter leurs cours à temps. Or avant l'étatisation de la fonction des instituteurs et l'organisation des remplacements au niveau des bureaux régionaux, l'organisation des remplacements fut une tâche difficile et ingrate, mais à quelques rares exceptions près, il y avait toujours quelqu'un de disponible. Au lieu de demander un directeur d'école pour gérer la pénurie, essayant plutôt de l'abolir.
A cette désorganisation s'ajoute le fait que le nombre des remplaçants est complètement insuffisant. Le ministère a donc été incapable de calculer les besoins en se basant sur les données existants des années passées.
Entretemps la situation dans les écoles va de pire en pire. Les enseignants qui doivent régulièrement accueillir les élèves de leur collègue malade (ou absent pour une formation continue) n'en sont pas contents. Sans avertissement préalable, ils doivent adapter et improviser tout d'un coup les activités préparées. Il est clair que dans ce cas la qualité de l'enseignement est détériorée et en même temps la motivation des enseignants s'amenuise.
Le climat dans les écoles risque de se dégrader. Ainsi des enseignants malades préfèrent se rendre à l'école, présentant bien sûr un danger de contamination pour leurs élèves. Souvent ils ne sont plus capables d'assumer leurs responsabilités et tout cela par respect vis-à-vis de leurs collègues. Mais d'une façon inconsciente, ils vont peut-être soupçonner le collègue absent de ne pas être «assez» malade pour avoir le droit de chômer les cours. L'atmosphère de travail dans les équipes pédagogiques va en souffrir à long terme.
Le ministère semble être conscient du problème. Les heures supplémentaires des enseignants pour remplacer des collègues pendant leur temps libre sont rémunérées contrairement à ce qui a été déclaré au début de l'année scolaire.
Mais les quelques remplaçants qui seront engagés suite à l'appel du ministère dans les médias ne sont qu'une goutte d'eau dans la mer.
Pour vraiment résoudre ce problème grave, il faut au plus vite arrêter le système trop compliqué des contrats à courte durée et augmenter le nombre des personnes ayant un contrat dans la réserve des suppléants.
Le SEW propose aux écoles d'avertir à chaque reprise les parents des élèves d'un remplacement non effectué et d'adresser une lettre à Madame la ministre et une copie à l'inspecteur de l'arrondissement.
Des lettres modèles sont également téléchargeables sur le site du SEW