50ème anniversaire de la LASEP: Félicitations ! (Journal 1/2014) Patrick Arendt

06.02.2014

50ème anniversaire de la LASEP


Félicitations !


Le rôle de l’éducation sportive à l’école



La Ligue des Associations sportives de l’Enseignement Primaire fête cette année son 50ème anniversaire. Profitons de l’occasion non seulement pour féliciter les nombreux dirigeants sportifs et membres des différents comités qui pendant ces longues années ont contribué par leur engagement à faciliter l’accès au sport à de très nombreux enfants, mais jetons aussi un regard critique sur le rôle, l’importance, les missions et les objectifs de l’éducation sportive à l’heure actuelle.

En 1964 une poignée d’instituteurs très engagés et dévoués à la cause du sport, fondèrent la LASEP. A cette époque, la majorité des écoles communales n’étaient pas équipées d’installations sportives. Les associations sportives locales ne recrutèrent que très rarement les tout jeunes et un grand nombre d’enfants n’avaient pas la chance de bénéficier d’enseignement sportif dans leur classe.

La LASEP avait comme objectif principal de présenter les sports individuels et collectifs de base aux enfants, de leur apprendre les règles et techniques de base et d’organiser des rencontres et compétitions où ils pouvaient se mesurer avec leurs camarades au niveau régional et national.

Beaucoup de sportifs d’élite luxembourgeois ont fait leurs premières expériences et gagné leurs premières compétitions avec une association locale de la LASEP, ce qui les motivait à entamer une carrière dans cette discipline.

Dans un premier temps, la LASEP s’adressait plutôt à des enfants qui voulaient faire du sport, mais qui ne trouvaient pas leur sport favori au niveau local. Ils étaient dans la plupart des cas en bonne condition et forme physique et le dirigeant pouvait mettre l’accent sur un apprentissage des premières techniques spécifiques des sports proposés par la LASEP.

Au fil des années, la situation a beaucoup évoluée. Les écoles possèdent des installations sportives et le recrutement des clubs se fait dès un âge très jeune. L’offre en dehors du sport scolaire est abondante et les enfants qui désirent pratiquer un sport le trouvent généralement dans les alentours.

Ces enfants qui formaient au début les actifs de la LASEP, souvent ne participent plus aux activités de la LASEP (si ce n’est pour renforcer occasionnellement l’équipe locale). Le public cible de la LASEP sont désormais les enfants qui en règle général sont plus réticent aux activités physiques et sportives. Plus question aujourd’hui de se limiter à vouloir apprendre les techniques de base et les tactiques élémentaires des sports collectifs, mais il s’agit plutôt de motiver les enfants à bouger, à faire des petits efforts à prendre goût au défi sportif.

Beaucoup de ces jeunes ne rallieront jamais un club sportif. Ils présentent tellement de déficiences et faiblesses physiques qu’ils ne peuvent rivaliser avec leurs collègues dans les équipes de jeunes et se découragent facilement pour abandonner toute activité sportive organisée.

La LASEP a donc pour objectif principal de s’occuper de ces enfants, de les motiver à pratiquer une activité sportive et de surtout de rester actif tout au long de la vie.

Inutile de rappeler que le style de vie de nos enfants qui souvent passent la plupart du temps sans activité physique et l’obésité qui en résulte, constituent un énorme danger pour la santé.

Les résultats de cette évolution peuvent être résumés de la façon suivante: une certaine partie des jeunes qui pratiquent régulièrement des activités sportives dans les clubs, sont en bonne forme, tandis que les autres renoncent à toute activité physique avec toutes les conséquences néfastes qui en résultent. Et en règle générale, ce sont aujourd’hui souvent les enfants issus d’une couche sociale plus aisée qui pratiquent davantage de sport.

Avec la réforme du fondamental de 2009, tous ces problèmes disparaissaient de l’ordre du jour du MEN. Avec toutes les difficultés qui résultaient de la mise en oeuvre de la réforme scolaire, personne ne parlait plus de l’éducation physique.

Au niveau du fondamental, le sport à l’école semble manquer cruellement de lobby. Le COSL se limitait pendant cette époque à l’encadrement des sportifs d’élite et de la mise en place de nouvelles installations sportives. La commission du sport à l’école du COSL cessait pratiquement toute activité.

Le sport à l’école ne figure actuellement plus parmi les dossiers à la une de l’Education nationale. Il est à craindre que les déficits de la motricité d’un groupe croissant d’enfants vont encore s’aggraver dans les années à venir. Il est clair que les quelques leçons d’enseignement physiques, amputés du temps consommé par les transports vers les installations sportives ne pourront pas être un remède efficace. Il faut élaborer au niveau local des concepts pour proposer des activités sportives pour tous les enfants, pour les motiver à des activités physiques et en même temps à leur fournir les bases et techniques nécessaires à leur sport favori. Pour atteindre cet objectif, tous les acteurs, l’école, la LASEP, les structures d’accueil et les clubs sportifs doivent unir leurs efforts sans se considérer comme concurrents pour attirer les enfants et les jeunes.

Avec le programme des festivités organisées par la LASEP autour de son 50ème anniversaire, le sport à l’école pourra (re)trouver sa place dans l’intérêt général.

Unissons nos forces et agissons vite: Il s’agit de garantir le développement physique et mental ainsi que la santé de nos générations futures.

Patrick Arendt
ancien directeur sportif basket-ball de la LASEP