Editorial Journal 6/2005: Un chemin vers l'avenir

28.12.2005

Mme Delvaux a relevé le défi de finaliser la nouvelle loi scolaire dans les meilleurs délais. Il s'agit en l'occurrence d'un projet ambitieux qui aura comme objectif de propulser notre Education Nationale enfin vers le 21e siècle. Un avant-projet de loi a été diffusé et le SEW, en commun accord avec la FGIL, élaborera un avis détaillé. Le texte relatif à l'organisation de l'éducation préscolaire et de l'enseignement primaire, possède tous les ingrédients pour changer très radicalement les structures et le fonctionnement de l'école. En même temps, des groupes d'élaboration sont en train de réaliser un nouveau plan d'études pour le primaire respectivement un plan cadre pour le l'éducation préscolaire. Des membres du comité du SEW ont été nommés dans un groupe d'accompagnement du plan d'études pour guider la conception du plan d'études.

Actuellement, l'Etat exerce son contrôle sur l'école et les enseignants en définissant l'input, c'est-à-dire en fixant les méthodes pédagogiques et en octroyant les manuels scolaires ainsi que le matériel didactique. La responsabilité de la réussite scolaire revient aux enfants (et aux parents). En mettant l'enfant au centre, l'école va vers un changement de paradigme important. Par l'introduction de socles de compétence et des cycles d'apprentissage, le système de l'Education définit l'output et reprend la responsabilité. Dorénavant l'école et l'enseignant devront mettre tout en œuvre pour garantir le succès de leurs élèves. On pourra donc Presque parler d'une révolution dans nos écoles. Nous allons nous retrouver dans un système identique à celui des pays scandinaves qui, on ne cesse de nous le rappeler, ont su convaincre par leurs résultats dans les études PISA. Le SEW a déjà formulé ses revendications pour la nouvelle formation des enseignants pour aller dans le même sens. Or l'Education Nationale est un grand navire qui ne changera que lentement de cap. Et n'oublions surtout pas les enseignants actuels avec leur engagement et leur savoir-faire. C'est surtout grâce à leur dévouement et leurs initiatives que les changements d'attitude et de mentalités ont pu s'effectuer. Il n'y aura pas de changement efficace dans les écoles sans le support des enseignants. Et pour cela, il faut que la nouvelle loi propose des structures de fonctionnement de l'école qui permettent aux enseignants de prendre leurs responsabilités.

Heureusement, le directeur ou administrateur d'école du projet avorté de Mme Brasseur a été remplacé par un comité de cogestion élu par les enseignants. Et là il faut bien souligner la notion de cogestion. Nous n'avons pas besoin d'un comité qui a pour mission de garantir une gestion simplement administrative au niveau d'un bâtiment, mais les missions et objectifs du comité de cogestion devront être définis de sorte que le comité, avec l'appui du corps enseignant, puisse prendre, au niveau communal, des initiatives de gestion et de développement des écoles. Nous veillerons donc à ce que ces conditions soient bien remplies. Les enseignants, qui sont du moins encouragés à collaborer dans des équipes pédagogiques, auront besoin d'une grande liberté pédagogique pour réagir à l'hétérogénéité des enfants qui leur sont confiés.

On retrouve d'ailleurs cette collaboration de tous les intervenants dans une école comme ligne directrice dans tout le texte. Dans ce sens les CMPP sortent un peu du contexte, car il s'agit d'une commission extérieure à l'école qui pourra jouer les trouble-fêtes en élaborant pour certains élèves des plans de prise en charge qui ne correspondent pas à l'organisation des écoles.

Il nous semble d'ailleurs incompatible avec cet ordre d'esprit que le ministre arrête la liste desmanuels scolaires et du matériel didactique et que l'utilisation d'autres matériels didactiques nécessite l'agrément de la commission scolaire nationale.

Une grille horaire type sera dressée qui laissera un grand nombre de plages libres pour que les enseignants puissent adapter leurs horaires aux besoins de leurs élèves. Or l'enseignement religieux, détaché complètement du contrôle de l'Etat, se retrouvera isolé dans l'horaire des classes et risquera de perturber sérieusement le déroulement des cours et compromettra la mise en place d'une grille horaire souple. Et à l'aube du 21e siècle ce ne sera certainement pas la seule raison de faire sortir l'enseignement religieux des écoles publiques et d'en faire une cause du domaine du privé.

Le groupe de travail du SEW et de la FGIL passera tous les articles de l'avant-projet de loi scolaire au crible fin afin d'analyser leur compatibilité avec nos idées et revendications et nous publierons bien sûr cet avis que nous soumettrons à Madame la Ministre, dans notre journal et sur les sites internet.
Patrick Arendt