Rapport workshop: Equipes pluridisciplinaires

18.02.2006

Le SEW vient d'organiser sa 2e journée de réflexion sur le sujet de la réforme de la loi scolaire.
L'atelier « équipes pluridisciplinaires » a été créé à la suite d'une innovation importante inscrite dans l'avant-projet de loi, à savoir l'introduction de nouvelles professions dans l'enseignement préscolaire et primaire.

En effet, l'article 103 énonce un certain nombre de professions des domaines psycho-pédagogique et paramédical, destinées à intervenir dans l'encadrement quotidien de l'enfant à l'école. Dès lors, l'on ne verra plus l'instituteur en tant que combattant solitaire, mais la prise en charge de l'enfant en milieu scolaire est confiée à toute une équipe pluridisciplinaire qui veille à son épanouissement et à sa progression. La notion d'« équipe pédagogique » (voir article 2, point 5 « équipe pédagogique: le personnel qui assure la prise en charge des élèves d'un cycle donné dans une école ») se voit donc amplifiée de la notion de pluridisciplinarité (article 15, point 3 « instaurer au sein des écoles une culture de coopération professionnelle »).

Le but de l'atelier « équipes pluridisciplinaires » consistait à permettre un échange d'idées sur la pluridisciplinarité voire une certaine interdisciplinarité à l'école dans le contexte d'une offre scolaire globale cohérente.

L'atelier a réuni une vingtaine de personnes des professions suivantes :
  • éducateur
  • éducateur gradué
  • orthophoniste
  • psychorééducateur
  • kinésithérapeute
  • instituteur
  • pédagogue diplômé

    À noter également la diversité des lieux de travail :
  • classe primaire
  • classe d'appui
  • classe d'intégration
  • centre d'apprentissage
  • CED
  • SREA
  • SGE
  • SCAP
  • CHL/Centre de jour
    ainsi que la panoplie de situations professionnelles :
  • fonctionnaire
  • employé communal
  • employé privé
  • indépendant
  • chargé de cours

    Un premier tour de table a permis de situer les différents participants quant à leur profession, leur lieu de travail et leur situation professionnelle. De même, l'on a pu dégager de ce tour de table que tous travaillent, malgré la diversité des situations constatées, avec l'enfant en tant qu'élève.

    Tout le monde a déploré le manque de communication entre les différents acteurs, souvent dû à des barrières administratives et professionnelles. La lourdeur et la lenteur de la mise en place de signalement, de diagnostic et de prise en charge d'un enfant ont été évoquées. La disparité des services d'intervention (services conventionnés, services étatiques) et la relève lors de l'entrée à l'école ont été abordées. Certaines prises en charge ont lieu à l'école, d'autres sont offertes au sein d'un service, d'autres doivent être prescrites par un médecin.

    L'on a discuté de l'échange d'informations, de la constitution de dossiers et du secret professionnel. L'importance du temps nécessaire à la concertation entre les professionnels et au dialogue avec les parents a été soulignée.

    La formation continue et la supervision des professionnels ont été signalées.

    Un 2e tour de table a permis d'approfondir certaines déclarations et de les relier avec les intentions et les visées de l'avant-projet de loi concernant la réforme de l'enseignement préscolaire et primaire.

    Les participants saluent l'introduction de nouvelles professions dans la mission de prise en charge scolaire d'enfants de 3 à 16 ans. Ils considèrent que l'avant-projet de loi est centré sur l'enfant pour lequel il s'agit de créer une situation globale favorable permettant un développement personnel et cognitif harmonieux. Ainsi, la stimulation du langage, le développement de la motricité ainsi que la socialisation doivent trouver leur entrée dans le concept de la scolarisation.

    La présence d'une équipe pluridisciplinaire (noyau dur: instituteur, pédagogue spécialisé, éducateur gradué, psychomotricien et orthophoniste) à l'école doit permettre d'agir quotidiennement au sein d'une école, d'une classe et auprès d'élèves particuliers, sans que ce travail doive être ressenti à tout moment en tant que mesure spécifique. L'offre scolaire doit comprendre à la base une prise en charge globale de l'enfant (ganzheitliche Förderung), afin de garantir l'égalité des chances des élèves.

    Les participants saluent l'idée de recruter tous les intervenants d'après les mêmes procédures. Ils recommandent de les intégrer dans toutes les procédures actuellement en vigueur ou à créer par la nouvelle loi (permutation, comité de cogestion, formation continue, commission scolaire, …) afin de favoriser la mise en place d'une équipe pluridisciplinaire. L'idée de renoncer à l'attribution annuelle de postes d'instituteur sur le niveau communal, au profit de l'attribution d'un portefeuille global de crédits/heures (ou intercommunal / tous les intervenants confondus) garantit une flexibilité dans la satisfaction des besoins réels spécifiques sur le plan scolaire communal (ou intercommunal/ régional).

    L'avant-projet de loi prévoit la constitution de dossiers pour chaque élève. Le cas échéant, ce dossier, accessible aux seuls intervenants auprès de l'élève, contiendra donc utilement toutes observations et mesures destinées à le soutenir dans son développement. Les informations périmées sont à retirer régulièrement. Une équipe pluridisciplinaire se crée à travers un langage professionnel commun, à travers une certaine interdisciplinarité, à travers une mission commune au sein de l'école. Il importe donc d'investir beaucoup de temps dans la mise en place et dans l'animation de cette équipe. De même, il nous semble que la réalisation d'une équipe pluridisciplinaire ainsi que le travail à entreprendre pourrait se faire plutôt dans une structure scolaire du genre « journée continue » que dans une structure scolaire ou d'autres ministères et associations interviennent.

    Il est évident que toutes les écoles ne pourront pas avoir recours à une équipe pluridisciplinaire à plein temps. Il importe donc de penser en direction de syndicats scolaires intercommunaux. Une estimation en vue d'instaurer une équipe pluridisciplinaire à plein temps, pourrait porter le chiffre à plus ou moins 500 élèves (précoce, préscolaire et primaire).

    Finalement l'on pourra dire que la mission de l'école a évolué que la mission d'instruction scolaire s'est vue augmenté d'une mission d'éducation (complémentaire à celle des parents) et de rééducation. Il est donc logique de doter les écoles d'un ensemble de professionnels du domaine de l'éducation qui constitueront dorénavant le corps enseignant de base capable relever les nouveaux défis et qui relaient l'instituteur en tant que combattant solitaire.




    L'atelier « équipes pluridisciplinaires » n'a pas abordé le sujet abordé dans la section 3: « les mesures d'aide, d'appui et d'assistance destinées aux élèves » tel qu'il est défini dans l'article 49, pour s'occuper prioritairement de mesures d'encadrement pouvant être réalisées à la base durant le fonctionnement scolaire quotidien. Toujours est-il qu'un certain nombre de problèmes auprès d'un enfant nécessitent, comme par le passé, un investissement en diagnostic plus approfondi et plus complexe, de même qu'une prise en charge plus diversifiée et plus rigoureuse, ainsi qu'un suivi plus long.

    Il importe donc de créer, sur le plan régional rapproché, un service scolaire qui assume ces priorités-là. Ce service comprendra utilement, à côté des professions énumérées plus haut, des psychologues, des pédagogues, voire des pédopsychiatres. Les équipes pluridisciplinaires (sur le plan communal) travailleront en étroite collaboration avec ce service, qui aura également la fonction de « service ressource pédagogique».

    Modérateur: Gil Steinbach
    Rapporteuse: Monique Adam