Adhérer au syndicat s'impose! (Journal 1/2007) Monique Adam
Dire qu'il y a encore des collègues qui pensent qu'il est inutile d'adhérer à un syndicat! Il y en a même qui estiment qu'être fonctionnaire et de travailler dans l'école publique les classe parmi les véritables privilégiés. Ils pensent avoir trouvé la niche qui les met à l'abri des politiques néolibérales visant à précariser les emplois et à réduire les coûts salariaux. Par ailleurs, ils ont tellement intégré les discours ambiants qu'ils n'osent plus mettre en avant leurs revendications les plus légitimes, voire défendre leurs acquis sociaux les plus élémentaires.
Que les instituteurs et les éducateurs gradués n'ont toujours pas accès à la carrière supérieure, alors que les responsabilités qu'ils assument et les études qui sanctionnent leurs diplômes l'exigeraient, tout le monde le ressent comme une injustice, mais où est la mobilisation générale pour faire aboutir nos revendications?
Et que n'a-t-on pas dû entendre sur la tâche des enseignants de l'enseignement secondaire et secondaire technique quand la ministre de l'Education nationale avait décidé de la relever ? Heureusement les syndicats ont rapidement réussi à se mettre d'accord dans une intersyndicale et à négocier de pied ferme afin de limiter les dégâts. N'auraient-ils pas été encore plus efficaces, s'ils avaient pu compter sur l'adhésion de tous leurs collègues?
Pourquoi donc les enseignants ont-ils si rapidement tendance à se sentir sur la défensive quand il est question de leur tâche ou des vacances scolaires? Sont-ils vraiment d'avis qu'ils travaillent moins que les autres salariés? Ils ont effectivement un grand avantage, c'est de n'avoir qu'une partie de leur temps de travail qui soit assignée à un horaire fixe. Mais, dans la plupart des cas, cela fait que nous travaillons plus que le temps de travail réglementaire. Comment peut-on effectivement comprendre que des enseignants se portent volontaires pour organiser des classes découvertes avec leurs élèves pendant lesquelles ils ont souvent une semaine de travail dépassant les 70 heures? Nombre d'entre eux passent leurs week-ends à corriger des copies et leurs soirées à préparer des leçons ou vice-versa. Ils n'avaient nul besoin d'un profil d'enseignant pour savoir que leur tâche ne se réduit pas à la tenue d'un cours, mais que le métier d'enseignant comporte 1001 responsabilités à l'égard des élèves et de la société en général, si bien qu'on n'en assumera toujours qu'une partie.
C'est que ce travail aux frontières floues, cette pratique de la culture nécessaire à l'éducation des futures générations, n'est que difficilement mesurable. D'aucuns croient néanmoins qu'on ne peut faire du bon travail sans qu'il ne soit documenté et chiffré. Ils tentent de nous imposer un modèle où le travail de l'enseignant sera mesurable, au nombre d'heures passées en réunions de concertation, au nombre de projets d'école auxquels il participera, à la longueur des rapports qu'il produira et au poids des portfolios documentant les progrès d'apprentissage de ses élèves. Les compétences des élèves seront mesurées à travers des épreuves standardisées qui mettront en concurrence les élèves entre eux, mais également les performances des différentes écoles. Voilà pour ceux qui se croyaient à l'abri des politiques néolibérales.
Il est grand temps que les enseignants défendent offensivement leurs conditions de travail et la dignité de leur métier. C'est dans leur propre intérêt, mais également dans l'intérêt de leurs élèves. L'école doit rester un lieu de culture où tout n'est pas chiffrable et mesurable, mais où la qualité des apprentissages doit beaucoup à la qualité des relations humaines et à la force de conviction avec laquelle les enseignants exercent leur profession.
S'engager au SEW/OGBL en tant qu'enseignant ou en tant qu'éducateur, c'est défendre ses propres intérêts professionnels, mais également la qualité de l'école publique qui est nécessaire au progrès social. Cet engagement aux côtés d'autres salariés pour faire passer le respect de la dignité du travail et des valeurs humaines avant la maximation des profits donne aux enseignants un rôle important au sein du mouvement syndical.
En tant qu'intellectuels et en tant qu'éducateurs des futures générations nous avons un rôle clé à jouer dans notre société, ne nous laissons pas dominer par les entrepreneurs et manageurs de tous bords! Cela passe aussi par la défense de nos intérêts professionnels. Montrez aux responsables politiques que vous ne vous laisserez pas faire! Adhérez massivement au SEW/OGBL pour défendre vos intérêts professionnels et la qualité de l'école publique!

Monique Adam
Présidente du SEW