Limitation de l’autonomie pédagogique des enseignants et des comités d’école!

12.07.2011

Limitation de l’autonomie pédagogique des enseignants et des comités d’école!


Le SEW/OGBL insiste sur le droit d’autonomie des comités d’école et dénonce la procédure actuelle des inspecteurs qui semblent avoir mal compris leur mission de « conseiller pédagogique »!



A l’heure actuelle, sous la contrainte du contingent, tous les comités d’école préparent leurs propositions quant à l’organisation scolaire 2011/2012. Après les réunions de permutation, les équipes pédagogiques sont en train de se concerter au sujet des manuels scolaires qu’elles entendent utiliser dès la rentrée scolaire pour aider les élèves à développer au mieux les compétences définies par le plan d’études.

  • (Art.11): Les équipes pédagogiques peuvent utiliser du matériel didactique autre que le matériel recommandé par le ministère, à condition que son utilisation ait été approuvé par le comité d’école et qu’il soit conforme au plan d’études.


Afin de garantir une continuité didactique et méthodologique, il est évident que les équipes pédagogiques de tous les cycles d’une même école doivent se mettre d’accord pour chaque branche principale (mathématiques, allemand, français) sur une didactique et des méthodes communes pour assurer au mieux un enseignement professionnel par compétences et pour garantir la cohérence et la continuité pédagogique d’un cycle à l’autre.

Les équipes décident – en tenant compte des spécificités de leurs élèves – quels manuels leur semblent les plus appropriés. De plus, il ne faut pas sous-estimer le fait qu’un enseignant doit aussi se sentir à l’aise avec la didactique et les méthodes d’un manuel qui l’accompagne lors de son travail quotidien avec les élèves. Le MENFP propose à son tour chaque année des manuels et les fait imprimer par le Service Central des Imprimés qui les vend à un prix avantageux aux communes.

Pour les mathématiques par exemple, le MENFP propose le livre suisse «Das Zahlenbuch», et ceci dès le cycle 1. De nombreuses formations continues, assurées pour la plupart par les instituteurs ressource faisant fonction de « multiplicateurs de formations », ont permis à beaucoup d’enseignants de s’informer sur les contenus et la didactique de ce manuel. Cependant, bon nombre d’équipes pédagogiques ont constaté de nombreuses difficultés en travaillant avec ce manuel: les compétences mathématiques visées dépassent largement le niveau socle, et donc le niveau de la plupart des élèves; la mise en page n’est pas réussie (pages surchargées), le niveau de langue est trop élevé (cf article journal SEW/OGBL 1/2011 …). De plus, le livre n’a pas encore été adapté pour le cycle 4, p.ex. on y calcule avec la monnaie suisse …

Et donc, le MENFP propose deux manuels supplémentaires pour le cycle 4: les versions retravaillées MATHE 5 / MATHE 6 (Westermann) et MATHE LIVE 5 / MATHE LIVE 6 (Klett).

Etant donné que la loi stipule que les équipes pédagogiques sont libres de faire leur choix en matière de manuels, sous condition que le choix ait été approuvé par le comité d’école, surtout les équipes pédagogiques des cycles 2 et 3 se décident souvent pour un autre manuel (p.ex. «Flex und Flo; Diesterweg»).

Mais attention, voilà l’inspecteur qui entend, ensemble avec son instituteur ressource, exercer son autorité hiérarchique en imposant aux équipes de travailler avec le «Zahlenbuch». Même si, par exemple, les élèves du cycle 2.1 ont déjà travaillé en 2010/2011 avec un autre manuel, ils devront changer de manuel (=> «Zahlenbuch») pour l’année scolaire 2011/2012. Dans ce cas, l’argument en faveur de la continuité didactique et méthodologique ne compte plus pour l’inspecteur.

Motif: le manuel «Zahlenbuch» serait l’unique manuel qui encourage une vraie approche mathématique et un véritable enseignement par compétences des mathématiques. Tous les autres manuels seraient bien inférieurs du point de vue contenu.

Quel affront vis-à-vis de chaque enseignant engagé qui justement fait preuve de professionnalisme en ne se limitant pas à un manuel proposé par le MENFP, mais en essayant de trouver un manuel plus adapté aux besoins des élèves qui lui sont confiés! Et même si les comités d’école doivent entamer souvent des démarches plus ou moins pénibles pour convaincre les autorités communales à augmenter le budget scolaire (vu le prix élevé de ces manuels qui ne figurent pas sur la liste proposée par le MENFP), ils optent quand même pour l’application d’autres manuels qui leur semblent plus adaptés à leurs élèves.

Les enseignants engagés et responsables se sentent désavoués par les inspecteurs: ces supérieurs hiérarchiques, souvent loin de la réalité scolaire de tous les jours, n’ont donc aucune confiance dans les compétences professionnelles des enseignants qui sont le mieux placés pour juger des compétences de leurs élèves.

Afin de décourager davantage les enseignants osant prendre des décisions autonomes, les inspecteurs exigent que les équipes pédagogiques rédigent une documentation complète sur les compétences visées par tous les manuels ne figurant pas sur la liste officielle des manuels proposés par le MENFP. Comme si la bureaucratie imposée par la nouvelle loi scolaire n’avait pas encore causé assez de dégâts, en voilà une autre trouvaille perfide pour tracasser les enseignants!

Et de quel droit les inspecteurs osent-ils imposer de tels travaux supplémentaires aux enseignants? Pourquoi les inspecteurs et les instituteurs-ressources prêchent-ils comme des missionnaires fidèles ou des représentants exaltés du «Zahlenbuch» les effets mathématiques extraordinaires et tellement bénéfiques de ce manuel … (on se demande comment un élève ait pu acquérir jusqu’à maintenant des compétences en mathématiques sans ce manuel miraculeux …).

Comme la loi le stipule, ce sont les comités d’école qui décident sur les manuels proposés par les équipes pédagogiques, et non pas l’inspecteur du ressort!

Le SEW/OGBL propose aux inspecteurs qui ont des objections à faire quant au choix d’un manuel, de justifier leurs objections par écrit et d’en adresser une documentation au comité d’école concerné!

Le SEW/OGBL insiste sur le droit d’autonomie des comités d’école et dénonce cette manière de procéder des inspecteurs qui semblent avoir mal compris leur mission de «conseiller pédagogique»!

Nadine Elcheroth
Membre de la direction syndicale