«Wéini ass et souwäit, dass ee net méi muss an d’Schoul goën, fir en Diplom ze kréien?»

«Wéini ass et souwäit, dass ee net méi muss an d’Schoul goën, fir en Diplom ze kréien?»
C’est la question que se pose une ancienne élève dans le courrier des lecteurs du «Wort» en date du 31 mars 2010. Réponse: ce moment est arrivé avec la validation des acquis de l’expérience (VAE), inscrite dans la nouvelle loi sur la formation professionnelle et présentée officiellement par la ministre de l’Education nationale le 16 mars 2010.
En fait, la VAE en relation avec des diplômes professionnels (CATP, CCM, CITP ou brevet de maîtrise) existe depuis un certain temps déjà dans l’Union européenne. On peut effectivement admettre que l’exercice d’une profession permet à la longue de certifier l’acquisition du diplôme professionnel respectif sur la base de l’expérience acquise.
Par contre, ce raisonnement n’est plus de mise lorsqu’il s’agit d’un diplôme non professionnel, comme le bac. Pour obtenir ce diplôme, il faut en effet – à côté d’éléments qui serviront durablement dans la vie professionnelle – faire preuve de notions de culture générale (littérature, histoire, philosophie, économie politique), qui n’ont directement rien à voir avec l’exercice d’une profession. Par ricochet, ces notions de culture générale ne pourront être ni acquises, ni validées sur la base d’expériences résultant de l’exercice d’une profession.
Or, pour notre ministre de l’Education nationale et ses collaborateurs, le raisonnement «expérience professionnelle vaut acquisition d’éléments de culture générale» reste valable. En effet au Luxembourg, on pourra dorénavant via la VAE aussi obtenir le bac technique. La page internet du MENFP se réjouit que «le Grand-Duché est aujourd’hui un des pays européens les plus avancés dans la mise en place d’un système de VAE cohérent.»
La procédure VAE, qui est la même pour le bac technique que pour les diplômes professionnels, est décrite dans le règlement grand-ducal du 11 janvier 2010. Celui-ci prévoit que sur la base d’un dossier introduit par le candidat après trois années d’activité rémunérée ou bénévole (en continu ou non), une commission décide quant au degré de validation. Cette commission, nommée par le ministre de l’éducation pour 5 ans, est composée de deux représentants patronaux, deux représentants salariaux et deux représentants du milieu scolaire. Suite à la décision de validation, la certification du MENFP se fait en partenariat avec les chambres patronales.
Résultats:
- Il sera dorénavant possible au Luxembourg d’avoir son bac technique non plus par la voie d’un examen national, équitable et transparent organisé par le MENFP, mais via la décision d’une commission composée paritairement de représentants des chambres patronale et salariale et de l’Education nationale, qui prendra ses décisions au cas par cas.
- Cette commission devra rendre un jugement absurde: décider si oui ou non un candidat a acquis par son expérience professionnelle des notions de culture générale qui en réalité ne résultent nullement de l’exercice d’une profession. Les recours en justice sont programmés d’avance !
- La porte est désormais ouverte pour s’attaquer au bac «classique», d’autant plus que dans le document d’orientation pour une réforme du cycle supérieur, le MENFP ne parle plus guère de savoirs (terme 8 fois mentionné, dont 3 fois négativement), mais avant tout de compétences (terme 66 fois mentionné), en relation bien sûr avec le monde du travail. Gageons que dans cet ordre d’idées, des notions de culture générale en matière de VAE rangeront plutôt du côté de l’accessoire.
Tout cela promet un bel avenir à notre enseignement !
Luxembourg, le 15 avril 2010
Communiqué par le département secondaire du SEW