Hiérarchisation dans l’enseignement fondamental (Journal 4/2011) Nadine Elcheroth

Hiérarchisation dans l’enseignement fondamental
Depuis la mise en oeuvre de la Nouvelle Loi Scolaire du 6 février 2009 portant organisation de l’enseignement fondamental, les enseignants et les écoles se retrouvent face à une hiérarchisation croissante dans le domaine de l’éducation.
L’autonomie des enseignants et des écoles en souffre: souvent, les projets pédagogiques des écoles, nés d’un besoin concret et nécessitant des réponses à court terme, se heurtent aux décisions de multiples instances.
D’un côté, il y a les administrations communales qui prennent la décision finale quant à l’organisation scolaire. Les comités d’école doivent se limiter à faire des propositions concernant le nombre de classes, les titulaires de classe etc. Souvent, ces propositions, fruits de longues réflexions pédagogiques dans l’intérêt des élèves et d’un bon fonctionnement sur le terrain, sont contrecarrées par les responsables politiques. A la veille des élections communales, les autorités communales se soucient surtout de l’impact politique de leurs décisions concernant l’organisation scolaire. Rarement, des réflexions pédagogiques sont prises en considération.
Du même côté, il y a les représentants des parents qui constituent ensemble avec les représentants des enseignants et des membres du conseil communal la Commission Scolaire. Il y a des écoles qui se voient confrontées -lors de discussions pédagogiques- à l’intérêt strictement personnel des représentants des parents. Dans ce cas, ces derniers se rallient aux autorités communales pour faire valoir leurs revendications personnelles. Il serait plus judicieux de faire confiance aux argumentations pédagogiques des comités d’école et de se limiter en tant que Commission Scolaire à vérifier les propositions des comités d’école quant à leur conformité par rapport à la Loi Scolaire.
D’un autre côté, le MENFP exerce, par le biais de multiples organes administratifs, son autorité sur les écoles et le personnel enseignant. L’Agence pour le Développement de la Qualité Scolaire, l’inspectorat et les instituteurs-ressource sont vécus par les comités d’école et par les enseignants comme des instances hiérarchiques qui souvent ne soutiennent pas les décisions pédagogiques des enseignants (exemple: le libre choix des manuels), mais qui revendiquent des justifications sous forme de relevés, rapports.... en décourageant ainsi toute démarche pédagogique née d’un besoin réel sur le terrain. La tâche complexe d’enseignants et de comités d’école responsables est alourdie par cette hiérarchisation croissante qui n’encourage, ne soutient et ne valorise pas le travail quotidien des enseignants et des comités d’école.
Le SEW revendique une autonomie véritable pour les écoles: L’objectif de chaque enseignement devrait être d’encadrer au mieux les élèves, de réagir rapidement et de manière flexible sur les besoins des élèves et des écoles sans se heurter aux multiples autorités hiérarchiques.

Nadine Elcheroth
Membre de la direction syndicale