article paru dans le Quotidien du 20.2.2006: « Changer la façon de voir l'école

20.02.2006

« Changer la façon de voir l'école »



Le Syndicat éducation et sciences de l'OGB-L et la Fédération générale des instituteurs ont organisé, samedi, une journée de réflexion sur la loi scolaire.



La journée de réflexion sur la loi scolaire avait pour but de dégager de grands axes pour bâtir l'école de demain. Entretien avec Monique Adam, présidente du SEW, Syndicat éducation et sciences de l'OGB-L.

Le Quotidien: Quel bilan peut-on tirer de cette journée ?


Monique Adam: Ça a été une journée très intéressante. Beaucoup de monde s'est déèlacé. La présence de la ministre de l'Education, Mme Delvaux-Stehres, était très importante et son discours était très intéressant pour nos travaux, car elle veut déposer le projet de loi avant les grandes vacances.

Votre réflexion a-t-elle évolué pendant cette journée de travaux ?

Nous nous posons encore des questions. Notamment sur l'évaluation des écoles. Au cour de cette journée de travaux, un atelier était consacré à cette question. Cela nous a permis de relever tout ce dont nous ne voulions pas concernant l'évaluation des écoles. Cela nous a également permis d'avancer et de dégager des grands axes.

Ce que nous ne voulons absolument pas, c'est un classement des écoles ou des enseignants. Pourquoi ? Parce que c'est le meilleur moyen de laisser tomber les élèves en difficulté. On sait très bien que les « mauvais élèves » ne se verraient affecter ni les meilleurs élèves, ni les meilleurs enseignants.

Nous avons également peur que les critères des directives européennes tendent à restreindre les compétences de l'école. Il ne faut pas que l'école devienne trop « utilitaire », elle ne doit pas délaisser son rôle social, son côté humain.

Evaluer, c'est une bonne pratique. Mais cela doit venir d'une réflexion sur ce qu'on fait quand on enseigne. C'est pourquoi nous pensons qu'il est préférable de s'orienter vers un système d'autoévaluation.

Vous avez également évoqué le sujet de la cogestion...

Oui, et les discussions ont été très controversées. Pourtant, la cogestion, c'est la pierre angulaire de la réforme de l'école primaire. Mais impliquer les enseignants dans la recherche de nouveaux chemins pour atteindre les objectifs que l'école se fixe, ce n'est pas possible sans la création de comités de cogestion dans toutes les communes. Ces comités ne doivent pas seulement être chargés de l'aspect administratif, ils doivent aussi déterminer les projets pédagogiques. Ils pourraient rencontrer régulièrement des comités de parents d'élèves. On peut imaginer, par exemple, des rencontres trimestrielles pour discuter de l'organisation scolaire. Mais, attention, la gestion journalière de l'école doit rester le rôle des enseignants.

Qu'en est-il des équipes pluridisciplinaires ?

Former une équipe pluridisciplinaire au sein d'une école pour mieux intégrer les enfants handicapés, c'est bien. Mais il faut que ces spécialistes, psychomotriciens, orthophonistes, éducateurs gradués, soient présents au sein de l'école, pour former de vraies équipes avec les enseignants. On peut ainsi imaginer de telles équipes dans chaque école et, au niveau régional, des spécialistes. Jusqu'à présent, tout cela n'est qu'une énumération d'idées. Si on veut vraiment changer l'école, il faut changer les mentalités. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain.

Recueilli par Noël Labelle