22.11.2006

Au début de l'année scolaire 2005/2006, le SEW fut invité à envoyer une délégation dans un groupe d'accompagnement ayant pour mission de suivre l'élaboration d'un nouveau plan d'études. Ce groupe était constitué de représentants de tous les protagonistes de l'école; du ministère, des parents, des syndicats et des inspecteurs.

Une première mission des inspecteurs du groupe de travail consistait à définir des socles de compétences pour les différents cycles d'apprentissage. Les avancements de leurs travaux furent discutés lors des réunions du groupe d'accompagnement. Ces réunions furent présidées par Madame Delvaux.

Au cours des différents stades des discussions, les membres du groupe durent se rendre compte qu'une définition des différents socles de compétences n'est pas une tâche facile. Le document « Les socles de compétences » qui découle de ces discussions définit les socles de compétences comme un référentiel présentant de manière structurée les noyaux de compétences indispensables à développer jusqu'au terme d'une période d'apprentissage (dans notre cas un cycle d'apprentissage réunissant deux années d'études). Les recherches dans les autres pays ont démontré que les experts ont rencontré beaucoup de mal à définir les socles de compétences. Il était difficile voire impossible de trouver des socles de compétences opérationnels adaptables au système luxembourgeois.

Le consensus du groupe consistait à définir des socles de compétences que tous les élèves devaient pouvoir atteindre et ceci dans les deux tiers du temps d'enseignement. Ces socles peuvent être comparés au « minimale Bildungsstandards », très controversés chez nos voisins d'outre-Moselle. Les enseignants (le document parle uniquement des équipes pédagogiques) élaborent à cet effet des plans d'apprentissage individualisés.

Les membres du SEW ont toujours souligné les différences des différentes écoles selon le niveau socio-économique de la population locale. Des socles faciles à atteindre dans certaines écoles, ne le sont pas aussi facilement dans d'autres quartiers. La pression exercée par ces socles de compétences risque de dominer l'enseignement dans certaines classes à tel point qu'un maximum de temps soit consacré au développement des compétences. L'enseignant devrait en principe avoir plus de libertés à adapter son enseignement par ses méthodes et ses contenus aux demandes et besoins de ses élèves. Nous craignons cependant que les enseignants se verront contraints à négliger les autres valeurs et branches d'enseignement, d'autant plus que l'introduction des compétences devrait être accompagnée de tout un arsenal d'épreuves standardisés. L'enseignement risque de se dégrader en un « teaching to the test » dont résulte un appauvrissement de notre culture scolaire. L'exemple des épreuves standardisées, fort contestées, en sixième année d'études pour le passage primaire-secondaire, a montré qu'il est très difficile d'élaborer un tel instrument.

Les exemples des socles opérationnalisés des mathématiques ont d'ailleurs montré qu'on a à peu près repris les chapitres des manuels existants. Vu les grands problèmes rencontré lors de l'élaboration des socles et le résultat insatisfaisant, nous restons d'avis que le document présenté n'est pas prêt à être mis en pratique, qu'il peut tout juste être considéré comme une esquisse, une base de discussion.

Le SEW avait d'ailleurs demandé tout au début d'associer les enseignants au processus d'élaboration des socles de compétences. Les inspecteurs ont eu la mission de présenter le document dans leur secteur et de rassembler les opinions et avis des enseignants ce qui devrait se faire dans les semaines à venir.

L'introduction des socles de compétences suit les recommandations de l'OCDE. Dans une perspective néolibérale, la productivité de l'école doit être augmentée. Guidée par tout un système d'évaluations, l'école doit former au moindre coût des jeunes qui correspondent aux exigences du marché du travail. A première vue, il n'y a rien à dire. Mais n'oublions pas que notre société se base toujours sur des valeurs que nous devons transmettre à nos enfants et qui risquent de se perdre dans une école orientée strictement selon cette logique.

Restons donc vigilants.

Le SEW reviendra prochainement en détail sur le document des socles de compétences.

Patrick Arendt