Lettre à Mady Delvaux-Stehres au sujet de l'orientation en 6e année d'études

23.09.2006

Lorentzweiler, 27 juin 2006

Concerne : procédure d'orientation en 6e année d'études épreuves standardisées

Madame la Ministre,
Par la présente, nous nous permettons de vous adresser quelques réflexions concernant les épreuves standardisées servant à orienter les élèves de la 6e année d'études. Pour que ces épreuves soient un outil important contribuant à l'objectivité de l'évaluation des élèves, il faut que tous les enseignants se tiennent strictement aux instructions de votre service.

Or, on constate que
  • dans quelques classes, les épreuves se sont déroulées quelques jours avant la date prévue par le MEN

  • les sujets des épreuves (p.ex. de l'épreuve allemande, des rédactions) étaient déjà connus par quelques classes et ont été préparés la veille à domicile

  • quelques parents ont réussi à se procurer les épreuves des années précédentes et entraînent leurs enfants systématiquement. (comme au temps de l'examen d'admission)

  • dans quelques classes, le temps accordé aux élèves pour terminer leurs exercices a largement dépassé le temps prévu officiellement par vos services.

  • quelques enseignants n'observent nullement les règles d'un test standardisé (en donnant des instructions et explications supplémentaires, en aidant leurs élèves...)



Ainsi les épreuves standardisées ne reflètent aucunement le savoir des élèves d'une 6e année d'études, mais sont subjectives, falsifiées et donc sans valeur quant aux résultats mesurés. Aussi longtemps que certains enseignants mesurent le niveau de leur propre compétence à l'aide du nombre d'enfants orientés vers l'enseignement classique, ils continuent à préparer leur classe aux épreuves et ne se tiennent pas aux instructions du MEN. La mentalité actuelle est telle que l'enseignement technique ne peut pas se valoriser face à l'enseignement classique.


Deuxième conséquence fâcheuse: une fois les épreuves passées, les élèves n'ont plus envie de s'investir dans l'apprentissage et adoptent une mentalité généralisée de laisser-faire et de laisser passer le temps pendant le 3e trimestre. Quelle perte de temps pour l'enseignement !

Vu le coût de ces épreuves et vu que l'objectivité (nécessaire à une évaluation et une orientation valables) n'est plus donnée, nous suggérons donc de renoncer aux épreuves standardisées obligatoires.

Pourquoi ne pas envisager auprès des enseignants d'une 6e année d'études une évaluation du degré de satisfaction concernant la procédure d'orientation ? D'ailleurs, beaucoup d'enseignants sont d'avis que (dans la majeure partie des cas) les décisions d'orientation prises finalement sont les mêmes qu'ils auraient prises en concertation avec les parents, sans avoir recours à une procédure d'orientation coûteuse et compliquée.

Si l'enseignant et les parents n'arrivent pas à se mettre d'accord (cela ne concerne que quelques élèves !), nous proposons la possibilité d'un examen de recours (comme c'est le cas déjà maintenant).

En s'appuyant sur les résultats des 5ième et 6ième années d'études, un enseignant professionnel et consciencieux devrait être à même d'orienter ses élèves et de conseiller le meilleur choix possible aux parents. Rien n'empêche qu'un(e) psychologue fasse des tests pour aider l'enseignant et les parents dans cette décision.

Dans l'espoir que nos réflexions contribueront au bon fonctionnement de notre école publique et dans l'intérêt de nos élèves, nous resterons à votre entière disponibilité.

Veuillez croire, Madame, à l'assurance de notre considération distinguée.

Les enseignantes du degré supérieur de Lorentzweiler

Chantal MERTENS
Nadine ELCHEROTH
publiée dans le Journal 4/2006