Recrutement de professeurs de mathématiques – encore une consultation pour la galerie ! (Journal 4/2013)

03.12.2013

Recrutement de professeurs de mathématiques – encore une consultation pour la galerie !



En mai dernier, le MENFP avait consulté les trois syndicats d’enseignants du postfondamental au sujet d’un recrutement éventuel de professeurs de mathématiques sans les soumettre aux épreuves de langues préliminaires. D’après les représentants du MENFP présents lors de cette réunion ,la réalisation de ce projet allait dépendre de l’assentiment syndical. Or, le SEW a fait savoir au MENFP dans une lettre du 7 juin – publiée au SEW-Journal no 3-2013 – qu’il ne pouvait donner son accord.

Grand fut alors notre étonnement d’apprendre via le dossier de la conférence de presse de rentrée du MENFP qu’ « un appel a été lancé en juillet 2013 pour recruter des professeurs de mathématiques qui ont une formation pédagogique et qui maîtrisent obligatoirement le français, mais non forcément l’allemand et le luxembourgeois. Un examen de recrutement spécial sera organisé à l’intention des candidats en octobre 2013. Les enseignants recrutés suivront des cours de langue luxembourgeoise et allemande pendant leur stage »

Les réserves invoquées par le SEW dans sa lettre au MENFP n’étaient pourtant pas gratuites et nous voudrions les renouveler ici :

  • l’argument tout à fait légitime de la spécificité linguistique du Luxembourg et de la nécessité pour les enseignants de pratiquer les trois langues officielles du pays au contact avec leurs élèves
  • argument que le gouvernement a toujours mis en évidence à l’occasion de litiges devant la Cour de Justice européenne en matière de libre circulation des personnes – serait ainsi battu en brèche de par sa propre action. En créant un tel précédent, le gouvernement rendrait cet argument légitime caduc et intenable d’un point de vue juridique, et cela pour toutes les branches!
  • cette façon d’agir serait à notre avis discriminatoire tout à la fois
    • pour ceux qui n’ont pas réussi les épreuves de langues dans le concours régulier précédant le concours exceptionnel pour les enseignants de mathématiques étrangers
    • pour les ressortissants de pays germanophones
    • pour des candidats dans d’autres branches
  • nous savons très bien et nous comprenons parfaitement que le droit européen permet une diminution de stage pour des personnes ayant déjà bénéficié d’une formation pédagogique et d’une expérience professionnelle antérieures.

    N’empêche qu’en limitant le stage à l’apprentissage intensif du luxembourgeois (tout en y incorporant des éléments de droit et d’instruction civique), on manquerait de préparer ces enseignants tant à la situation réelle qui se présente dans les classes des lycées et lycées techniques qu’à l’épreuve probatoire.


Dans la même lettre, le SEW avait proposé deux pistes, dont la deuxième est valable aussi pour d’autres branches.

  • Tout en restant dans le cadre légal usuel, le MENFP pourrait lancer une campagne de recrutement pour professurs de mathématiques dans les régions frontalières, et cela particulièrement dans les cantons belges germanophones. Outre la très bonne réputation de l’enseignement des mathématiques en Belgique, ces personnes pratiquent tout aussi bien le français que l’allemand et ils pourraient sans problème maîtriser rapidement la langue luxembourgeoise !
  • Dans son rapport de synthèse sur la réforme du lycée, la DNL a fait maintes propositions pour améliorer le recrutement des enseignants du secondaire et secondaire technique.
    Les mesures proposées vont aussi bien dans le sens d’une meilleure sensibilisation des lycéens et des étudiants que d’une réorganisation du concours et du stage. En tant qu’organisation syndicale ayant participé à l’élaboration et à la rédaction de ce rapport, nous attendons que les responsables du MENFP examinent ces propositions et nous fassent part de leur réaction !

En passant outre nos objections, le MENFP a une nouvelle fois fourni la preuve qu’il organise des consultations pour la galerie et qu’il fait finalement comme il l’entend. Dans le cas en question, il n’a même pas daigné nous informer de sa décision !

Le prochain ministre de l’Education nationale aura beaucoup de mal à rétablir la confiance !