Conférence de presse SEW/OGBL- rentrée 2003/2004
« Egalité des chances et
participation de tous les partenaires scolaires»
Importance de ces deux revendications pour le rôle que l'école doit jouer dans notre société :
Egalité des chances: L'école ne peut se permettre de ne pas prendre en compte les besoins de tous les élèves. Nos sociétés complexes ont besoin de citoyens cultivés. Ceux que l'école laisse tomber seront ceux qui coûteront cher à la société demain. L'ignorance est un grave fléau qu'il s'agit de combattre.
Nous ne pouvons partager l'optimisme de Madame la Ministre qui constate qu'au cycle inférieur de l'EST le cumul des années de retard a nettement diminué concluant par là que les résultats se sont améliorés. C'est tout simplement l'effet du refus au redoublement. Pour voir si les résultats se sont améliorés il faut aller voir avec quel type de diplôme les élèves quittent l'école.Une orientation vers des filières moins exigeantes ne peut être considérée comme un succès scolaire.
Nous saluons évidemment toutes les mesures d'appui ou encore la création de voies spécifiques répondant à certaines faiblesses des élèves. Un certain nombre d'initiatives encourageantes ont été prises, il faut évaluer ce qu'elles apportent à la qualité de l'enseignement et progresser ensuite dans cette direction. Le teamteaching en 1ère et 2e année d'études demande également à être évalué. Le nouvel abécédaire est annoncé comme pouvant résoudre tous les problèmes, sans que ses principaux atouts soient vraiment présentés
Une initiative à saluer est à point sûr la priorité donné à l'enseignement de la lecture, encore faut-il qu'on n'en reste pas à une banale campagne de promotion, mais qu'on revoie toute la didactique de l'apprentissage de la lecture et qu'on lui accorde une réelle priorité dans nos programmes de langues. Voir résultats étude ens.primaire.
Soulignons cependant que le temps dont nous disposons à l'école et limité et l'accent mis par ailleurs sur l'apprentissage de vocables français dans leur traduction allemande pourrait rapidement entrer en conflit avec la priorité accordée à la lecture.
Pour vraiment améliorer l'égalité des chances, il faut mobiliser la recherche pédagogique et investir dans la formation initiale et continue des enseignants. Nous espérons que le MEN saisira la chance que représente la création de la nouvelle Université de Luxembourg pour se doter d'une recherche pédagogique digne de ce nom et pour former des enseignants experts en sciences de l'éducation.
Le respect des règles de civilité est certes très important à l'école et il faut que tous les partenaires y soient incités régulièrement. Il est cependant discutable s'il faut évaluer le comportement adapté des élèves. Le SEW/OGBwL s'est opposé à l'inscription du comportement social de l'enfant dans le bulletin scolaire qui est un document officiel accompagnant le jeune sur une partie de leur vie. Pour former des citoyens engagés et responsables, tolérants et respectueux envers les autres, il faut que les règles démocratiques soient profondément ancrées dans l'école.
Participation de tous les partenaires scolaires :
Or, c'est là, où nous avons un grand problème. L'école luxembourgeoise n'a jamais été caractérisée par une très grande implication des différents partenaires scolaires: élèves, parents et enseignants. Madame Brasseur a réussi à renforcer le caractère hiérarchique des relations à l'école. L'autonomie pédagogique des enseignants est restreinte de toute part. Elèves et parents reçoivent pleins de bons conseils, mais ne sont pas vraiment écoutés. L'autonomie des lycées n'est finalement qu'un avatar pour permettre au MENFPS d'expérimenter un certain nombre de projets. Ce qui manque, ce sont les structures dans lesquelles les différents partenaires se rencontrent pour discuter des changements qu'ils désirent entreprendre.
L'élaboration d'une nouvelle législation scolaire aurait été l'occasion rêvée pour mettre en place ces structures, or on constate que les différents projets que Madame la Ministre entend encore faire voter sous cette législature ne donnent aucune satisfaction aux différents partenaires sur ces points.
Pour Le SEW/OGBwL il s'agit pourtant d'un point central, une école pour tous doit aussi être une école avec tous. L'égalité des chances a besoin de la participation de tous.
Madame Brasseur a ses convictions, ce qui est tout à son honneur, mais en tant que responsable politique elle doit aussi écouter ce que lui disent les différents partenaires. Le SEW/OGBwL fera tout son possible pour faire entrer dans ces textes des structures de cogestion pour les enseignants. Il faut aussi permettre aux enseignants de s'engager.
En dehors de ce travail à accomplir sur le terrain politique le SEW/OGBwL continuera à affiner sa propre vision des réformes à entreprendre. Après la présentation du modèle finnois, nous nous sommes engagés ensemble avec d'autres partenaires sous l'égide de l'ASTI dans le pôle pour une école démocratique et nous participerons à la conférence et au séminaire avec le professeur Walo Hutmacher sur L 'école face aux exigences de qualité, d'égalité et d'équité.
Luxembourg, le 16 septembre 2003