Le SEW multiplie ses critiques sur la réforme de la formation professionnelle:

10.07.2011

La mise en pratique de la reforme de la formation professionnelle, reforme fleuve du MENFP, entre dans sa dernière ligne droite. Apres les quelques ≪formations-phares≫, commencées au début de l’année scolaire 2010/11, la plupart des formations sont appelées a démarrer – très souvent dans la précipitation – a la rentrée 2011/12. Seules quelques formations, dont la plus importante au niveau du nombre d’élèves inscrits, le DT administratif et commercial, ne débuteront qu’a la rentrée 2012/13, date limite prévue par la loi.

Depuis le début, le SEW s’est montre très critique vis-à-vis de cette reforme. L’enseignement général, réduit a peau de chagrin, et un enseignement professionnel en modules par trop schématisé et réducteur, risquent d’aboutir a ce que les élèves et futurs salaries soient de simples exécutants bon marche au service de nos entreprises. Fait aggravant, la possibilité de poursuivre les études au-delà du diplôme de DAP respectivement du DT sera – contrairement aux affirmations du MENFP – limitée voire inexistante.

Pour le SEW, il est inadmissible que l’organisation de la formation professionnelle luxembourgeoise n’aboutisse au résultat que les élèves résidents se présenteraient sur le marche du travail avec une formation légèrement supérieure a l’actuel CATP, alors que les frontaliers belges, français et allemands les concurrenceraient avec des diplômes BAC+.




Le SEW met également en garde devant les problèmes d’organisation qui risqueront de se poser au sein des lycées techniques. Avec les ≪formations-phares≫ actuelles déjà, les directions des lycées techniques ont des problèmes a proposer le déroulement optimal de tous les modules. On a du constater notamment de gros problèmes au niveau de l’organisation de certains modules de rattrapage. En effet, alors que la loi stipule qu’ «en principe, la durée d’un module de rattrapage s’étend sur un semestre à raison de la moitié des leçons hebdomadaires prévues par la grille horaires», tout porte a croire que les responsables de la reforme savaient déjà a l’avance que l’organisation des modules de rattrapage allait causer problème puisque cette même loi stipule aussi que «pour des raison de disponibilité des titulaires, d’infrastructures ou d’emploi du temps, la direction du lycée peut adapter la durée, le volume horaire et le mode d’apprentissage du module de rattrapage». Problèmes de personnel, problèmes d’infrastructures, restrictions budgétaires, voila des difficultés que le SEW ne se fatigue pas de relever depuis des années et qui vont se faire sentir dramatiquement lors de l’exécution sur le terrain, de la reforme de la formation professionnelle. Ajoutons a cela que la même loi prévoit également que «dans tous les cas, la direction du lycée doit veiller à offrir, le cas échéant en coopération avec d’autres lycées, à chaque élève qui n’a pas réussi tous les modules, au moins une fois le(s) module(s) de rattrapage au cours de la durée de sa formation». Voila la porte grande ouverte a toutes sortes de marchandages entre les directions des lycées aux dépens de l’élève ou de l’apprenti.

Par ailleurs, lors d’une récente entrevue avec Madame la Ministre et ses collaborateurs, le SEW a mis en avant les problèmes suivants:
  • la collaboration entre les différents acteurs de la reforme – experts étrangers du BIBB, chambres professionnelles, responsables ministériels et enseignants – ne fonctionne pas dans beaucoup de formations;
  • malgré le fait que les travaux de préparation de nombreuses formations ne soient pas achevés, le MENFP persiste a les faire démarrer en septembre 2011 au détriment de la qualité de l’enseignement;
  • la politique de communication et d’information du MENFP est largement déficitaire, notamment au niveau des profils professionnels, des profils de formation, des référentiels d’évaluations, … qui manquent toujours pour un certain nombre de formations ou qui ne sont disponibles que depuis très peu de temps.

Pour montrer l’incohérence de la politique du MENFP dans la mise en œuvre de la reforme de la formation professionnelle, le SEW a mis en avant la formation du Technicien administratif et commercial. Trois années après le démarrage des travaux du groupe curriculaire et après maints blocages et revirements, la dernière trouvaille n’est autre qu’une proposition de la Chambre de Commerce d’organiser le DT administratif et commercial selon le régime concomitant. Fallait-il vraiment trois années de travail d’un groupe curriculaire pour en arriver la ? Il est bien évident que le SEW s’oppose avec détermination à une telle professionnalisation a outrance du DT administratif et commercial a une époque ou de plus en plus d’emplois créés au Luxembourg dans ce secteur nécessitent un diplôme BAC+.





L’organisation des stages de formation et le contrôle de la qualité d’apprentissage



Le SEW se prononce contre la tenue des stages pendant les vacances scolaires. De plus, le SEW demande a ce que les stages soient rémunérés et que les jeunes apprenants aient le droit d’être affilies a la caisse de pension pendant les périodes de stage. Il est inadmissible pour le SEW que les jeunes apprenants soient balances de stage en stage sans être payes et qu’ils soient exclus des droits a la sécurité sociale!
Le SEW exige également qu’une discussion sérieuse soit menée sur la qualité de l’apprentissage offert. Pour qu’une entreprise puisse agir dans ce contexte, il faudra qu’elle offre a l’apprenti tous les éléments qui sont inscrits dans le programme-cadre de la formation en question et qui ne sont pas pris en charge par l’enseignement au lycée technique. Pour le SEW il est donc primordial d’établir des critères précis pour qu’une entreprise obtienne le droit de former!


Jules Barthel
Professeur des sciences économiques
et sociales au LNW
Membre de la direction syndicale