Les réformes de notre système scolaire: Trop de projets immatures (Patrick Arendt)

30.06.2011

Les réformes de notre système scolaire


Trop de projets immatures



Dans l’enseignement fondamental, l’année scolaire sera marquée par un premier bilan politique intermédiaire de la nouvelle loi scolaire. Le SEW/OGBL exige d’amender les articles et les règlements afférents qui sont contradictoires aux objectifs avancés de la réforme.

Le système du contingent de leçons d’enseignement attribuées aux écoles montre à l’heure actuelle déjà ses effets néfastes sur la qualité de l’enseignement. Le SEW/OGBL ne s’oppose pas à une répartition utile et équitable des ressources sur les différentes communes, mais le coefficient de base actuel mène vers une réduction sensible des leçons au niveau national. Dans les petites communes, il sera à l’avenir pratiquement impossible d’élaborer une organisation scolaire efficace du point de vue pédagogique. La qualité de l’école publique ne sera pas améliorée en augmentant les effectifs de classe et en supprimant les centres d’apprentissage. Il est donc urgent de faire les changements nécessaires.

Le SEW/OGBL a dû constater qu’avec les nouvelles dispositions, le contingent des experts de tout genre, oeuvrant loin des enfants, ne cesse d’augmenter, engendrant en même temps une augmentation de la tâche administrative des enseignants du terrain. Avec le contingent, ce sont les enfants qui payent très cher ce principe. Une mesure concrète sera d’affecter, comme prévu initialement, les équipes multiprofessionnelles dans les écoles et d’abolir la fonction des instituteurs ressources.

Il faut réduire les charges administratives des enseignants à un strict minimum, afin qu’ils puissent concentrer toute leur énergie sur le travail avec les enfants. Le plan de réussite scolaire est une de ces mesures kafkaïennes qui se réduisent à des exercices de styles sans avoir des répercussions concrètes dans les écoles en corrélation avec le temps investi. Le SEW/OGBL exige de supprimer la corvée du PRS.

La cogestion ayant fait ses preuves au cours de ces premières années, ce modèle ne devra pas être remis en question.

Au sujet de l’évaluation, Madame Delvaux avait consulté les syndicats. Il n’y aura que deux bilans intermédiaires chaque année au cycle 4 et le nombre des compétences à évaluer sera sensiblement réduit. Les deux syndicats ont fini par accepter la proposition émanant de Madame la Ministre, même si leurs doléances n’ont pas été prises en considération.

D’ores et déjà, le SEW/OGBL a pris l’initiative de créer une plateforme de concertation avec le SNE afin d’organiser des actions communes. Les premiers pourparlers ont été entamés et ont abouti à un large consensus.

Notre système scolaire risque par ailleurs d’être soumis d’une manière inacceptable au modèle d’un enseignement limité aux seules compétences. Le SEW/OGBL s’opposera à une telle politique, orchestrée par l’OCDE, qui tend à remplacer des connaissances précises par des compétences vagues et exige enfin une discussion sur le fond d’une telle réforme.

Le SEW/OGBL multiplie ses critiques vis-à-vis de la réforme de la formation professionnelle. Le MENFP veut mettre en place dans la précipitation la plupart des formations à la rentrée suivante; quant aux futurs diplômés, ils risquent de se trouver dans une position désavantageuse par rapport aux exigences du marché du travail et par rapport aux diplômes des frontaliers.

Concernant la réforme du cycle supérieur de l’ES et de l’EST, le complément d’information publié récemment par le MENFP soulève plus de questions qu’il ne fournit de réponses. Le SEW prendra position dans un avis détaillé après la rentrée 2011/12.

L’Education nationale reste un vaste chantier et il devient de plus en plus difficile de retrouver un concept global et cohérent pour l’ensemble du système.
Nous espérons que les élèves n’en payeront pas les frais !


Patrick Arendt
instituteur de l'enseignement fondamental
président du SEW/OGBL