Nº 2914 Poids des cartables

Monsieur le Président,
Par la présente, j'ai l'honneur de vous informer que conformément à l'article 80 du règlement de la Chambre des Députés, je souhaiterais poser une question parlementaire à Madame la Ministre de l'Éducation nationale et à Monsieur le Ministre de la Santé concernant le poids des cartables,
En 2006, le Ministère de la Santé, le Ministère de la Famille, le Ministère de
l'Education Nationale et le Département Ministériel des Sports ont conçu et initié un plan d'action pour la promotion de l'alimentation saine et de l'activité physique chez les enfants et les jeunes, Ce plan a comme but de promouvoir des modes de vie sains et actifs.
Si les différentes actions entreprises dans les écoles et lycées sont certes louables, aucune initiative n'a cependant été prise afin de lutter contre le poids du cartable des élèves qui s'est alourdi au cours des dernières années. Selon certains médecins, les problèmes de dos rencontrés par de nombreux enfants, notamment à l'adolescence, sont dus au poids jugé trop lourd de leurs cartables. Les élèves d'école primaire ou du secondaire doivent souvent transporter du matériel scolaire dépassant 10% de leurs poids .Le port d'un cartable surchargé peut favoriser à la longue des douleurs dorsales chroniques,
Or, il existe aujourd'hui de nouvelles techniques d'enseignement basées sur une documentation photocopiée, audiovisuelle ou informatique qui allègent considérablement le poids du cartable mais qui ne sont pas encore utilisés systématiquement à travers tout le système scolaire luxembourgeois.
Au vu de ce, qui précède, j'aimerais poser les questions suivantes à Madame la Ministre de l'Education nationale et à Monsieur le Ministre de la Santé :
? Le gouvernement peut-il me confirmer ces informations et partage-t-il mes
préoccupations?
? Dans l'affirmative, le gouvernement n'estime-t-il pas nécessaire d'informer le corps enseignant et les parents des risques pour la santé liés à un cartable surchargé et/ou lancer une campagne de sensibilisation?
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération.
Marc Spautz
Député
Réponse commune de la Ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle et de Monsieur le Ministre de la Santé à la question parlementaire no 2914 de Monsieur le Député Marc Spautz :
D'après les recommandations des médecins orthopédistes, le poids du cartable ne devrait pas dépasser 10% du poids corporel de l'élève pour éviter des répercussions négatives sur la santé de l'enfant et de l'adolescent. Il s'agit d'un thème régulièrement traité au début de chaque année scolaire dans la presse écrite.
Une petite enquête avait été effectuée au cours de l'année scolaire 2005/2006 dans un lycée luxembourgeois, à l'initiative du SPOS et en collaboration avec l'équipe médico-scolaire, à des fins de sensibilisation et d'action auprès des enseignants, des élèves et des parents.
Les résultats de cette enquête qui concernait un échantillon d'élèves, pesés le matin à l'entrée du bâtiment scolaire, avaient montré qu'en moyenne 61 % des élèves avaient porté des cartables dont le poids s'élevait à plus de 10% de leur poids corporel et chaque 10ième élève avait au moins une charge correspondant à 20% de son poids corporel.
Dans une même classe, toutefois il y avait d'importantes différences concernant le poids des cartables. Ces différences dépendaient de ce que les élèves avaient jugé important d'emporter.
Les élèves des cycles moyens et supérieurs étaient moins affectés par ce problème. La plupart de leurs cartables ne dépassaient pas 10% du poids corporel.
Dans les classes de 7ième et 6ième, le problème était le plus important avec 81% de cartables qui dépassaient 10% du poids de l'élève.
Selon les résultats d'une étude française, le poids moyen du cartable des collégiens se situait autour de 8 kg avec un écart type important, le poids pouvant varier considérablement d'un élève à un autre.
Le poids global des cartables se compose du poids du cartable lui-même (entre 2 et 3 kg), du poids des manuels scolaires (entre 3 et 4,5 kg), du poids des fournitures scolaires (environ 2 kg) auquel viennent s'ajouter, le cas échéant, les affaires de sport qui varient entre 1,5 et 2,5 kg).
Des études scientifiques ont montré qu'il existe une corrélation entre la présence du mal de dos et la façon dont le sac à dos est porté.
Des douleurs lombaires et thoraciques ainsi que des douleurs au niveau des jambes ont été signalées. D'importants changements dans la façon de se déplacer et dans la position du tronc ont pu être observés quand la charge augmentait à 20% du poids corporel.
Le port d'un cartable trop lourd diminue la mobilité de l'enfant, agit sur l'équilibre et peut favoriser les risques de chute. Même le sac à roulettes doit être porté à certains moment pour vaincre les obstacles ou monter des escaliers.
Le poids du cartable est certes une préoccupation de santé publique, mais il n'est pas le seul responsable des problèmes du dos. D'autres facteurs peuvent être en cause: la position assise prolongée (devant la télévision, les jeux vidéo, l'ordinateur), l'absence de mobilité et d'activités physiques régulières, le mobilier scolaire inadapté et peu ergonomique, le soulèvement incorrect de charges etc.
Il ne faudra pas oublier que la meilleure prévention de douleurs du dos restera une musculation forte. Des récréations actives, l'éducation physique et sportive et beaucoup de mobilité pendant les temps de loisirs constituent une excellente protection des enfants contre les douleurs de dos.
D'un côté il est important d'informer et de sensibiliser aux risques liés au port de cartables trop lourds, d'un autre côté faudra-t-il proposer des solutions pertinentes et réalistes pour pouvoir remédier à cette situation.
Le poids du cartable est à l'évidence aussi une préoccupation de l'Éducation nationale.
1) Il ?uvre pour l'achat de cartables aussi légers que possible pour les enfants.
2) Depuis plusieurs années déjà, il recommande l'emploi de manuels imprimés sur papier léger.
3) Il s'avère inopportun et d'ailleurs peu probable que les écoliers ramènent quotidiennement à leur domicile l'ensemble de leurs manuels et cahiers, d'autant plus qu'en règle générale, dans les salles de classe des écoles primaires, les enfants disposent d'une case pour y placer les affaires scolaires qu'ils n'ont pas besoin d'emporter à la maison.
En cas de besoin, le dialogue entre enseignants et parents est à encourager pour permettre de trouver des solutions satisfaisantes en la matière dans l'intérêt bien compris des écoliers et sans recourir à une réglementation supplémentaire.
Une campagne de sensibilisation relative à la problématique en question, et à l'attention à la fois des enseignants et des parents d'élèves, pourrait contribuer à parer à tout excès en la matière.
4) Pour l'enseignement secondaire et secondaire technique, aucun problème toutefois n'a été signalé.
Mady Delvaux-Stehres
Ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle