Reconnaître le travail des enseignants à sa juste valeur !

22.06.2007

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ne nouvelle loi scolaire sur l'enseignement fondamental se fait attendre. Tout porte à croire qu'il n'est plus si facile de trouver un nouveau consensus sur l'école publique. Pourtant l'école fondamentale est un des éléments clés du vivre ensemble et les instituteurs et institutrices ont un rôle important à jouer dans la construction du sentiment d'appartenance à une société commune. Au moment où cette société est traversée par des bouleversements importants et une remise en question d'un certain nombre de valeurs traditionnelles, il revient à l'école et à ses enseignants d'accompagner ce processus en essayant d'offrir à chacun la possibilité de s'exprimer et de participer à une vie commune. Ceci n'est possible qu'à travers une école publique où les rôles des différents partenaires sont clairement fixés. C'est ce cadre qui nous fait défaut actuellement.

Certains comités de cogestion, dont les pionniers viennent de fêter leur 30e ou leur 25e anniversaire indiquent cependant clairement le chemin à suivre. L'actuelle Ministre de l'Education nationale a élaboré un avant-projet de loi s'engageant sur cette voie.

Il semble néanmoins qu'il y ait encore des hésitations sur l'opportunité de confier aux enseignants un rôle aussi central dans l'organisation de l'école. Il y en a encore qui préféreraient voir les enseignants dans un rôle de purs exécutants, suivant à la lettre des instructions transmises par la hiérarchie. Or, tous ceux qui connaissent le travail quotidien d'un enseignant savent que cette tâche est devenue de plus en plus complexe au cours des dernières décennies. Satisfaire à une mission d'instruction avec des contenus déterminés par un plan d'études et selon des méthodologies préétablies n'est tout simplement plus possible. Qu'elle le veuille ou non, l'école doit aujourd'hui s'encombrer de missions accessoires si elle veut encore remplir sa mission principale. Elle doit tenir compte des réalités du terrain et elle doit prendre en compte les différents besoins de tous les partenaires. C'est bien ce que les enseignants engagés dans les comités de cogestion ont réalisé en s'établissant comme des interlocuteurs fiables face aux parents d'élèves et aux autorités communales et en proposant à ces dernières les adaptations dont l'école publique a besoin.

Aujourd'hui nous pouvons constater que grâce à ces comités de cogestion un certain nombre de communes ont réussi à organiser leurs écoles préscolaires et primaires de façon à prendre en compte un nombre croissant de besoins nouveaux de leur population scolaire, que ce soit dans le domaine de l'offre culturelle ou sportive, dans la différenciation des apprentissages ou encore dans celui d'un encadrement en dehors des horaires scolaires.

Des instituteurs et institutrices à s'engager de la sorte, il en existe encore beaucoup aujourd'hui; ce sont eux qui font vivre l'école publique au jour le jour et qui travaillent à son adaptation aux nouvelles exigences. Mais ils constatent aussi que ce travail devient de plus en plus difficile et qu'il n'est par ailleurs pas reconnu à sa juste valeur. Il leur faut aussi de plus en plus souvent indiquer leurs limites professionnelles. Selon les circonstances, l'intégration d'un enfant à besoins spécifiques peut témoigner de la même conscience professionnelle, que le refus de celle-ci, car les arguments à peser sont multiples et ce n'est souvent que dans l'après-coup que la décision pourra être validée ou invalidée. Cette situation inconfortable et lourde de responsabilités est assumée par de nombreux instituteurs et institutrices, alors qu'ils restent cantonnés dans la carrière moyenne et connaissent bien des difficultés pour travailler sur un pied d'égalité avec les autres intervenants auprès d'un enfant à besoins spécifiques

Alors que les enseignants n'ont cessé de revendiquer des études plus longues et plus approfondies afin de pouvoir répondre correctement aux exigences accrues auxquelles ils se trouvent confrontées, leur profession n'a jamais été reconnue à sa juste valeur.

Avec la nouvelle loi scolaire, il y a des choix à réaliser. On peut compter sur la capacité et l'engagement des enseignants en consentant à reconnaître leur travail à sa juste valeur. On peut également continuer à ignorer leurs revendications et renoncer à réformer l'école.

Monique Adam