Rentrée scolaire 2007/2008: Conférence de presse du SEW/OGBL (13-09-2007)

13.09.2007

Rentrée scolaire 2007/2008
Conférence de presse du SEW/OGBL (13-09-2007)




  1. Le projet de loi sur l'enseignement fondamental
  2. La carrière des instituteurs
  3. La politique du personnel dans l'enseignement secondaire
  4. Le projet de loi formation professionnelle
  5. La réforme de l'enseignement des langues
  6. Le calendrier des vacances scolaires


Le projet de loi sur l'enseignement fondamental :


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  • décevant surtout à cause de l'étatisation :

    • qui risque de réduire les moyens disponibles sur le terrain (contingent, programme de recrutement quinquennal, recours aux chargés de cours institutionnalisé)
    • de court-circuiter le partenariat établi au niveau des commissions scolaires (parents, enseignants, autorités communales)
    • de bureaucratiser le travail des équipes pédagogiques et surtout des comités de cogestion


Madame Delvaux nous a toujours assurés qu'elle n'était pas partisane de l'étatisation, pourquoi met-elle en danger ses bonnes idées sur la responsabilisation des équipes éducatives et la démocratisation des commissions scolaires avec cette étatisation ?

Nous allons lancer un appel aux élus communaux: ce n'est pas seulement la nomination des instituteurs qui leur échappe, mais la majeure partie de leur autonomie sur l'organisation scolaire.

Le maintien de l'instruction religieuse risque également de créer des problèmes; tôt ou tard il faudra organiser 3 ou 4 cours parallèles ayant des autorités de tutelle différentes. On ne peut exiger le travail en équipes pédagogiques si la responsabilité sur le contenu des cours incombe à des instances différentes.

Beaucoup de réformes contenues dans le projet de loi sont basées sur des propositions du SEW qui a toujours revendiqué une amélioration de l'égalité des chances à travers une responsabilisation des équipes pédagogiques sur le terrain et une autre gestion des écoles. Les socles de compétences, les cycles d'apprentissage, les équipes multidisciplinaires, les comités d'école pourraient être les jalons pour une école plus efficace à condition d'en faire le bon usage et de leur accorder les moyens nécessaires.
La plupart de ces exigences sont d'ailleurs reprises dans le projet autorisant l'Etat à créer une école primaire de recherche fondée sur la pédagogie inclusive, mais cette fois avec les moyens nécessaires: l'équipe multidisciplinaire est sur le terrain et la gestion de l'école est entre les mains des partenaires. Cela risque de faire des jaloux, d'autant plus que cette école aura la possibilité de choisir ses élèves.
Le projet sur l'enseignement fondamental contient de nombreux pièges :

  • socles de compétences utilisés pour l'élaboration d'épreuves standardisées en vue de l'évaluation des écoles, ranking, concurrence, mise en avant des bonnes performances
  • cycles d'apprentissage: concertations oui, mais pas de réunionite aiguë et stérile avec coordinateur de cycles dont les attributions sont à fixer par règlement grand-ducal, voir déjà les attributions du titulaire de classe (Art.10)
  • équipes multidisciplinaires éloignées du terrain, travaillant sur des dossiers plutôt qu'avec des enfants
  • comités d'écoles submergés de travail administratif risquent de se noyer dans la gestion journalière et ne pas constituer une force de proposition pour l'innovation scolaire, surcharge du président du comité


Les exigences quant à l'évaluation des élèves, la concertation, l'aide aux élèves en difficulté, la collaboration avec les parents augmentent, mais sur le terrain il n'y a pas de moyens supplémentaires prévus. Ainsi ces dispositions risquent de rester lettre morte. Les enseignants gardent la même tâche d'enseignement, mais les tâches accessoires augmentent. Comment feront-ils face ?

Il faudrait augmenter les moyens sur le terrain, étoffer les équipes pédagogiques et valoriser leur travail. Or c'est le contraire qui est fait: des instituteurs-ressources seront désormais affectés au collège des inspecteurs d'où ils redescendront sur le terrain pour accompagner les équipes pédagogiques. Il y aura donc encore plus de conseillers, mais un manque cruel de personnel appelé à s'investir auprès des élèves, or c'est là, où les moyens font défaut.

Pour le précoce, où le SEW a toujours demandé une équipe pédagogique avec un instituteur et un éducateur gradué pouvant travailler avec des formations complémentaires sur un pied d'égalité pour planifier et préparer les différentes activités, par contre, le modèle hiérarchique, plus économique instituteur, éducateur a été retenu.

En tout et pour tout un projet décevant, par rapport aux attentes suscitées, mais qui risque par ailleurs à nous faire régresser si l'étatisation est réalisé. Le SEW essayera d'empêcher ce dérapage.

Mais le projet sur le personnel est à nos yeux scandaleux et absolument inacceptable

La carrière des instituteurs :


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  • toujours carrière moyenne, comme les rédacteurs (fin d'études secondaires), ni les 2 ans de l'IP depuis 1958, ni les 3 ans de l'ISERP depuis 1983, on ne parle même pas de la nouvelle formation de 4 ans ne sont reconnus à leur juste valeur
  • dans les équipes multidisciplinaires les instituteurs risquent d'avoir du mal à imposer leur point de vue face aux autres professionnels reconnus carrière supérieure


Cette fois on ne nous fera plus patienter avec la perspective d'une révision générale des carrières dans la fonction publique comme c'est le cas depuis plus de 20 ans. D'ailleurs l'injustice qui frappe la carrière de l'instituteur ne touche justement pas toutes les carrières sinon nous ne pourrions nous sentir lésés en comparaison avec d'autres carrières.

La carrière de l'éducateur gradué est certainement lésée de la même façon car là également les études supérieures ne sont pas reconnues. Il ne faut pas s'étonner qu'il s'agisse dans les deux cas de professions dans le domaine du travail avec les enfants et de professions qui se féminisent. Il ne suffit pas que le Ministère de l'Egalité des Chances se lance dans des campagnes de sensibilisation pour des revenus égaux entre hommes et femmes, il faudrait commencer par respecter le principe dans la fonction publique.
Le SEW a demandé au SNE de créer une Intersyndicale pour planifier des actions communes en vue d'obtenir une revalorisation de la carrière de l'instituteur.

La politique du personnel dans l'enseignement secondaire:


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La tâche de l'enseignant
Un accord a été trouvé entre le gouvernement et les syndicats, qui a donné lieu au règlement G-D du 24 juillet 2007. Or l'instruction ministérielle transmise aux directeurs des lycées et lycées techniques fin juillet 2007 s'écarte sur certains points de ce règlement.
Le SEW/Ogb-l interviendra auprès de Madame la Ministre et insistera pour que l'esprit et à la lettre tant de la négociation syndicats-gouvernement que du règlement grand-ducal sur la tâche des enseignants soient respectés.

La politique de recrutement et de formation du MENFP
D'après le nouveau plan de recrutement 1025 nouveaux enseignants vont être recrutés jusqu'en 2012. Nous n'avons pu vérifier les détails, puisque nous ne sommes pas encore en possession du rapport de planification.

Or, nous savons que année par année, le nombre de professeurs recrutés reste au-dessous du nombre de postes inscrits dans le budget. Il est urgent dès lors - et nous y avons insisté à maintes reprises - de réformer l'examen-concours et de rendre plus attractif le stage. Nous pensons aussi qu'il n'est pas admissible de réduire le niveau du diplôme permettant d'accéder au métier de professeur dans l'ES et l'EST ou de continuer à recruter des chargés d'éducation.
Nos propositions au MENFP sont les suivantes :

  • recruter au niveau d'un master académique disciplinaire pour l'accès à l'examen-concours des futurs professeurs de l'enseignement postprimaire
  • organiser l'examen-concours avant le début de l'année scolaire
  • fixer des objectifs cohérents pour les épreuves du concours et rendre le concours plus transparent, tant au niveau de la composition des jurys que de la motivation des décisions
  • ne pas écourter le stage




Les conditions de travail des chercheurs
Un projet de loi déposé par le ministre Fr. Biltgen prévoit systématiquement des CDD pour les chercheurs et tend à allonger la durée maximale de ces contrats de 24 à 60 mois. Nous approuvons l'avis de la CEPL, qui met en garde contre la banalisation des CDD et la précarisation du travail de recherche et qui demande d'accorder des contrats de travail à durée indéterminée aux chercheurs.

Le projet de loi portant réforme de la formation professionnelle


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A notre avis négatif sur ce projet se sont ajoutés les avis négatifs de la Chambre des employés privés et de la Chambre de travail ainsi que l'avis très critique de la Chambre des métiers.
Nous voudrions insister néanmoins que notre critique est souvent différente de celle des Chambres professionnelles et nous aimerions rappeler à cette occasion trois réflexions fondamentales à l'encontre de ce projet de loi:

1re réflexion

  • Ce projet veut renforcer l'impact des entreprises dans la formation, tant pour le CATP que pour le technicien. Il part de l'idée qu'une fois intégrés dans les entreprises, les apprentis et les techniciens auront de meilleures chances de trouver un emploi.
    Or, dans la réalité, peu d'entreprises établies au Luxembourg s'engagent vraiment dans la formation (qui est chère) - on constate plutôt l'évolution inverse: les entreprises pensent à court terme à ce niveau et se servent abondamment sur le marché frontalier. Nous doutons fort qu'une accentuation du système dual y changera quelque chose (les deux chambres professionnelles patronales se gardent bien de s'engager) et nous disons qu'il faudra bien se garder d'engager l'enseignement secondaire technique dans une voie sans issue assurée.
  • Le problème du chômage est mis en exergue tout particulièrement pour les techniciens. Or, il faut dire qu'il n'y a que deux types de techniciens qui rencontrent actuellement certains problèmes à trouver un emploi, dont les techniciens administratifs et commerciaux. Or, pour les emplois visés par ces derniers, les entreprises recrutent allègrement sur le marché frontalier, et cela à un niveau de diplôme bien supérieur. Les diplômés en question y sont mis en concurrence avec des personnes formées à un niveau supérieur et ce n'est pas une professionnalisation de la formation du technicien qui apportera une solution, bien au contraire.
  • En effet, la formation actuellement en place pour les différents techniciens - et qui a été élaborée, rappelons-le - en concertation avec les entreprises est assez exigeante; accentuer fortement le temps passé au contact direct avec le métier dans les entreprises privera ces élèves du bagage théorique indispensable et ne leur permettra guère de poursuivre des études supérieures. (cf. les propos de M. Biltgen: 56 % des emplois créés sont actuellement des emplois bac+).


2e réflexion

  • le projet en question entend subdiviser en modules toutes les formations.
    Si nous sommes bien conscients des avantages d'un tel système, nous voudrions aussi mettre en garde contre l'envers de la médaille, c'est-à-dire la perte de cohérence du groupe classe (particulièrement importante pour le type d'élèves auxquels on a affaire), l'absence d'interdisciplinarité et les problèmes d'organisation énormes qui en résultent pour les lycées techniques.


3e réflexion

  • Alors que les lois de 1979 et de 1990 sur l'Enseignement secondaire technique ont misé sur une augmentation du niveau des diplômes techniques, le projet de loi 5622 rapproche le diplôme de technicien de celui du CATP/DAP et refait de celui-ci le diplôme de référence de l'EST. Ce retour vers l'école professionnelle « ancien régime » n'est nullement compatible avec le développement technologique et social actuel et risque de nuire gravement tant à l'avenir professionnel des élèves du niveau « technicien » qu'à l'avenir économique du pays.


Voici les 3 principales revendications au sujet de la formation du technicien :

Nous demandons :

  • le maintien des classes de 10e, 11e, 12e et 13e Technicien plein exercice existantes avec des périodes de stage de formation en entreprise
  • le maintien d'un examen national de fin d'études pour le diplôme de Technicien
  • le maintien de l'admissibilité des Techniciens à des études techniques supérieures dans leur spécialité, sans examen ou modules supplémentaires.



Documentation en annexe :


La réforme de l'enseignement des langues


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Disons d'emblée que le SEW souhaite une réforme de l'enseignement des langues !
Au sujet du plan d'action « Réajustement de l'enseignement des langues », nous avons publié notre position en mai 2007 et nous avons passé trois après-midis avec Madame la Ministre et ses collaborateurs à ce sujet pour en débattre. La discussion fut certes très ouverte et agréable, mais nous n'avons reçu aucun feedback au sujet de nos propositions.
Il nous semble que le MENFP d'une part et les enseignants et leurs syndicats d'autre part raisonnent sur deux niveaux sensiblement différents. Alors que pour le MENFP, le sujet de la réforme des langues est traité à un niveau très théorique et abstrait, les enseignants s'interrogent sur les moyens et la mise en place concrets. Il en résulte un dialogue de sourds.
Prenons le plan d'action: il comporte 66 actions, dont la plupart constituent des déclarations d'intention de la part du MENFP. Il s'agit en réalité d'un plan d'actions (au pluriel), mais nullement d'un projet cohérent précisant qui doit faire quoi à quel moment avec quels moyens.
Or c'est précisément cela que les enseignants attendent: l'opérationnalisation des différentes actions proposées par le MENFP !
Quelques exemples :

  • Il est généralement admis que pour motiver un élève à apprendre une langue, il faut dépasser le terrain scolaire. Ainsi, l'action 45 prévoit le partenariat avec des établissements scolaires de la Grande Région. Mais écrire cela reste lettre morte sans une mise en œuvre concrète et la mise à disposition des moyens Qui doit alors faire quoi à quel moment ?
  • Des socles de compétences pour l'allemand et le français pour les classes de 7e ont été établis. Qu'en est-il de l'opérationnalisation au niveau des programmes, qui, d'après le MENFP doit être prise en charge par les lycées et lycées techniques. Il faut dire qu'elle reste à faire dans pratiquement tous les établissements. J'en connais un, où devant l'absence totale de matériel pédagogique, les enseignants ressortent les anciennes fiches de grammaire.
  • Dans la lettre de rentrée aux enseignants et aux inspecteurs du primaire, Madame la Ministre écrit: « Lors des réunions régionales sur les socles de compétences, j'ai souvent entendu dire qu'il faut dire aux enseignants comment faire. Je vous rends attentifs au cycle de conférences organisées par le SCRIPT qui propose des conférenciers aussi prestigieux que Jacqueline Caron …, Gérard de Vecchi, … Philippe Perrenoud. … » .
    Or, on ne pourra certainement pas attendre que ces pédagogues éminents résoudront le problème de la transposition de telle compétence dans le programmes de telle classe !
    Quant aux cours de formation continue obligatoires organisés en 2006-2007, nombre d'entre eux ont laissé les participants sur leur faim.

Tout n'est donc pas parfait dans le meilleur des mondes du MENFP; à vrai dire, on devrait plutôt parler d'état embryonnaire. Nous attendons de la part du MENFP en 2007-2008 une démarche plus réaliste et plus proche de ce qu'on appelle « gestion de projets ». Le MENFP en sera-t-il capable ?
Documentation en annexe :


Le calendrier des vacances scolaires


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Une dernière remarque finalement au sujet du calendrier des vacances solaires 2007-2008, qui voulant respecter le rythme de l'année religieuse (c'est-à-dire le calendrier lunaire) est particulièrement déséquilibré cette année: on note pour le 2e trimestre: 10 semaines au total; et pour le 3e trimestre; 8 semaines après le congé de Pentecôte. Nous avions adressé une lettre à ce sujet à Madame la Ministre lui demandant d'organiser dorénavant l'année scolaire suivant des blocs réguliers de 6 semaines. Cette lettre est restée sans réponse jusqu'à maintenant.


Journal 4/2007: Rentrée dans l'ES et l'EST:il y a du pain sur la planche!