Politique du personnel dans l'ES et l'EST - les vieux problèmes persistent!

La politique du personnel est un domaine de prédilection pour le SEW et il est important de décrire correctement la réalité et de préciser les revendications qui en résultent!
Le MENFP a en effet tendance à enjoliver la situation et à taire les problèmes qui se présentent notamment dans l'enseignement postprimaire!
La tâche de l'enseignant
L'accord trouvé entre le gouvernement et les syndicats a donné lieu au règlement grand-ducal du 24 juillet 2007. Or, dans son jugement du 4 juin 2008, le
Tribunal administratif a annulé ce règlement.
Le MENFP a fait appel de ce jugement et il ne nous appartient pas de faire de la théorie sur la décision future de la Cour administrative. Néanmoins, au cas où le jugement en appel confirmerait celui du tribunal administratif, l'Intersyndicale ne permettra pas que les résultats de la négociation au sujet de la tâche des enseignants-fonctionnaires des lycées et lycées techniques soient remis en question.
Quant à la traduction du règlement grand-ducal dans la pratique, il faut dénoncer le fait que deux ans après la clôture du dossier «tâche», l'instruction ministérielle concernant l'organisation scolaire des lycées et lycées techniques ne correspond toujours pas au règlement, qui est le résultat des négociations entre le gouvernement et l'Intersyndicale. L'Intersyndicale était déjà intervenue auprès de la ministre au cours de l'année scolaire passée et on pouvait croire alors que le problème serait à présent résolu. Or, nous constatons que le MENFP a récidivé avec la nouvelle instruction du 25-07-2008 pour cette année scolaire, adressée aux établissements postprimaires début août 2008 (voir à ce sujet la communication intersyndicale du 15 septembre, adressée aux lycées et lycées techniques, ainsi qu'au MENFP). Nous pensons qu'un tel comportement tendant à mépriser la réglementation acceptée d'un commun accord est illégal et indigne et qu'il met en jeu la confiance et les relations entre les syndicats et le ministère.
La politique de recrutement et de formation du MENFP
Dans son rapport d'activité 2007, le MENFP a affiché un optimisme déplacé au sujet de la possibilité de faire face aux besoins en personnel qualifié. Il disait notamment: «Le nouveau bilan établi en 2007, qui tient compte du fait que de nombreux contrats de chargés d'éducation précédemment conclu à durée déterminée ont dû être transformés en contrats à durée indéterminée ( ) montre des besoins substantiellement inférieurs » [au rapport de planification de 2006].
Nous ne partageons pas cet optimisme, et cela pour plusieurs raisons:
1) Il faut d'abord constater que le rapport de planification de 2007 avait dit le contraire.
Il avait en effet noté ceci: «( ) les besoins prévisibles en personnel enseignant, malgré les conséquences de l'arrêt de la Cour administrative du 30 janvier 2007 concernant les chargés d'éducation CDD et CDI, dépassent le plan de recrutement quinquennal arrêté par le Gouvernement en conseil du 3 octobre 2006 et s'en rapprochent seulement en 2011/12.
Et il avait ajouté: «Afin de subvenir aux besoins en personnel enseignant durant la période quinquennale à venir, un recrutement plus important que celui prévu par le plan quinquennal serait nécessaire. A défaut, le recours à de nouveaux chargés d'éducation resterait indispensable pour couvrir les besoins en personnel enseignant.»
Au vu des nouveaux chiffres du rapport de 2008, cet avertissement lancé par les auteurs du rapport de planification de 2007 était plus qu'indiqué. En effet le nouveau rapport prévoit des besoins en personnel enseignant plus importants encore que le rapport de 2007. Voici une comparaison des chiffres du rapport de 2007 et de celui de 2008, compte tenu du programme de recrutement arrêté par le gouvernement en 2007 pour la période quinquennale 2007-2012:
Total des besoins prévisibles de personnel enseignant dans l'ES et l'EST

Rappelons que le gouvernement avait tout simplement reconduit en septembre 2007 l'ancien programme de recrutement 2006-2011, décalé d'une année et qu'il avait refusé de tenir compte de la mise en garde lancée par les auteurs du rapport 2007. Il a donc carrément misé sur l'engagement de nouveaux chargés d'éducation pour couvrir les besoins en personnel enseignant dans le postprimaire. Le SEW refuse évidemment une telle politique de recrutement et il l'a fait savoir à l'occasion de son avis sur le projet de loi sur les conditions d'engagement des chargés d'éducation et la création d'une réserve nationale de maîtres-auxiliaires pour les établissements de l'ES et de l'EST. Ce projet table en effet sur une formation pédagogique minimaliste de 60 (soixante!) heures offerte aux chargés d'éducation en place et sur la création d'une voie de recrutement parallèle d'enseignants du postprimaire à un niveau de formation inférieur (niveau bachelor) à celui prévu pour les titulaires actuels. En gros, il considère l'abaissement des conditions de formation dans la spécialité et de formation pédagogique comme la solution au problème de la pénurie d'enseignants. Le SEW a demandé le retrait de ce projet de loi et l'augmentation du nombre de candidats à recruter dans le cadre de l'examen- concours d'admission au stage pédagogique.
Nous exigeons que le nouveau programme de recrutement quinquennal, qui devrait être soumis au conseil de gouvernement tienne compte des besoins réels et soit fortement augmenté!
2) La deuxième raison pour laquelle nous ne partageons pas l'optimisme du rapport d'activité du MENFP, c'est que chaque année, le nombre de professeurs recrutés par le concours reste au-dessous du nombre de postes inscrits dans le budget. Il est urgent dès lors - et le SEW y a insisté à maintes reprises - de réformer l'examenconcours et de rendre plus attractif le stage.
Nos propositions au MENFP ont été les suivantes:
a) recruter au niveau d'un master académique disciplinaire avec 300 ECTS pour l'accès à l'examenconcours des futurs professeurs de l'enseignement postprimaire. Un mémoire commun des trois syndicats (APESS, FEDUSE et SEW) a été adressé début décembre à la ministre de l'Education
nationale au Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et au ministre de la Fonction publique, demandant que des entretiens avec les trois syndicats aient lieu dans les plus brefs délais. Or, rien d'a bougé depuis!
b) réorganiser l'examen-concours et le stage pédagogique et le rendre plus attractif
- fixer l'examen-concours avant le début de l'année scolaire
- fixer des objectifs cohérents pour les épreuves du concours et rendre le concours plus transparent, tant au niveau de la composition des jurys que de la motivation des décisions
- maintenir la durée du stage à 5 trimestres scolaires; au cours du 5e trimestre aurait lieu la soutenance au centre de formation pédagogique (UdL); pour ces 5 trimestres la collaboration stagiaires-tuteurs-UdL serait à intensifier et les procédures de certification à revoir (c'est là que le bât blesse actuellement!)
- organiser l'examen pratique (période probatoire) au cours du 6e trimestre, avant le congé de Pentecôte; la deuxième session aurait lieu une année plus tard
- nommer les professeurs-candidats en septembre de l'année scolaire suivante.
c) valoriser le stage pédagogique et réformer son contenu
- attribuer des points ECTS à la formation pédagogique qui fait l'objet du stage et conférer ainsi à celle-ci une équivalence dans cadre universitaire européen (système de Bologne)
- réformer le stage pédagogique; nous demandons
- une meilleure intégration du travail et de l'expertise des tuteurs dans le stage
- une meilleure concertation entre les formateurs de la partie théorique (formateurs modulaires) et ceux de la partie pratique (formateurs disciplinaires et tuteurs)
- la diminution du poids des cours purement théoriques et l'orientation de la formation théorique vers la pratique du métier d'enseignant.
Dans le dossier «recrutement et formation initiale des enseignants du postprimaire», l'ouverture d'un dialogue honnête avec les syndicats d'enseignants s'impose. Or, nous ne percevons actuellement aucun signal dans ce sens ni de la part du MENFP, ni de la part du gouvernement dans son ensemble.
Lancement en continu de nouveaux chantiers - sans disposer des moyens en personnel
Le MENFP n'a pas hésité à ouvrir des chantiers importants, comme l'introduction de l'enseignement par compétences et la réforme de l'enseignement des langues. Il faut dire que le SEW ne s'est pas exprimé contre ces réformes, mais qu'il s'interroge surtout sur leur mise en place concrète, qui est difficile surtout dans le contexte d'un manque de personnel formé et de la difficulté apparente des responsables du MENFP de gérer de manière professionnelle ces projets.
Sans entrer davantage dans les détails, nous renvoyons à la prise de position du SEW au sujet du plan d'action pour un réajustement de l'enseignement des langues. Les problèmes sont restés les mêmes depuis lors.
Quant aux projets des «nouvelles» écoles, nous constatons que ceux-ci bénéficient de cadres de personnel dont les lycées et lycées techniques «normaux» ne peuvent que rêver!
Guy Foetz
Professeur de sciences économiques et sociales au LTNB
Vice-président du SEW/OGBL