Stage pédagogique des enseignants du postprimaire - retour à la case départ?

22.11.2009

Le contenu de l'accord gouvernemental au sujet du stage



L'accord gouvernemental 2009 prévoit au sujet du stage pédagogique
« …vu les difficultés d‘organiser un stage pédagogique pour 190 stagiaires, alors qu‘il était conçu pour en former quelque 90, il est impérieux d‘apporter des modifications au stage actuel.

Il s‘agit d‘une part d‘éviter une surcharge de travail aux stagiaires et d‘autre part d‘agencer les responsabilités entre les différents intervenants. Le stage pédagogique est censé former des praticiens réflexifs: il est donc indispensable que les stagiaires puissent intervenir en première année sur le terrain pour acquérir cette pratique, sous la tutelle d‘un tuteur qui les conseille et les supervise. La deuxième année de stage sera davantage consacrée à la formation théorique assurée par l‘Université du Luxembourg.»


Les acquis de la réforme de1998 …



De telles paroles font sursauter et ravivent la discussion sur l'orientation du stage pédagogique menée il y a 15 ans. Les stagiaires avaient alors à assumer dès leur entrée en stage une tâche quasiment complète de leçons de cours ou de surveillance, doublée d'un tutorat « intra muros » dans les lycées et lycées techniques ainsi que de quelques cours de méthodologie générale enseignés au « Centre universitaire » par des personnes éloignées de la pratique et de cours de méthodologie spéciale donnés par des enseignants-formateurs issus des lycées, qui se référaient constamment à leur expérience pratique.

Le SEW revendiquait à l'époque une meilleure préparation pédagogique des stagiaires à leur futur métier
  • en les libérant de leur tâche d'enseignement et de surveillance lors de la première année et en leur donnant la possibilité de visiter les classes de leur tuteur et d'y enseigner sous la surveillance de celui-ci
  • en leur offrant un forum de discussion et d'échange régulier avec les autres stagiaires
  • en organisant des cours de formation théorique intimement liés à la pratique.


La formation des formateurs eux-mêmes, aussi bien au niveau de la théorie en pédagogie, psychologie et sociologie qu'au niveau de la formation des adultes fut une autre revendication majeure de notre syndicat.

Le «nouveau stage pédagogique», mis en place en 1998 a constitué une amélioration notable par rapport à l'ancien stage: il a réduit le nombre de leçons à donner par les stagiaires, il a réservé une place plus importante à la formation pédagogique des futurs enseignants du postprimaire et il a organisé des formations pour les formateurs.

…à présent remis en question



Or, il s'avère qu'un concours de facteurs et d'intérêts tend maintenant à remettre en question ces acquis.

Parmi ces facteurs et intérêts, il faut citer:
  • le poids trop important de la théorie par rapport à la pratique pédagogique et le surmenage des stagiaires, ce qui rend souvent le stage détestable pour ceux-ci
  • l'aversion notoire de nombreux enseignants contre toute théorie pédagogique, psychologique et sociologique
  • l'affolement de certains professeurs E7 devant la menace que certains cours ou formations à l'UdL dans le cadre du stage puissent être partagés avec des instituteurs
  • enfin et surtout le manque sévère d'enseignants et le déficit public croissant, poussant les collèges des directeurs de l'ES et de l'EST, le MENFP et le gouvernement dans une même direction, celle de charger les stagiaires de plus de leçons et de négliger d'autant la formation pédagogique.


Les déficiences du stage actuel …



Le SEW n'ignore certainement pas les déficiences du stage actuel et il a émis de sévères critiques à son égard au cours des dernières années, dont voici les principales :
  • le stage est trop éprouvant pour les stagiaires, au dépens d‘échanges avec leurs tuteurs et leurs collègues et, parfois, de la préparation de leurs leçons
  • des cours purement théoriques sans lien direct avec la pratique occupent une grande partie du programme • les contacts entre les différents acteurs sont notoirement sous-développés et le stage manque de cohérence dans son ensemble
  • il n'existe pratiquement pas de liens entre les tuteurs dans les lycées et les formateurs (modulaires surtout) à l'Université du Luxembourg
  • l'expertise des tuteurs est négligée et le choix des tuteurs est souvent aléatoire et ne répond pas aux exigences
  • la pratique enseignante n'est pas placée au centre de la formation.


… qu'il faut corriger sans jeter l'enfant avec l'eau du bain



N'empêche que ces insuffisances graves pourront être corrigées tout en maintenant la philosophie du «nouveau stage». C'est bien au MENFP qu'il incombe en tant que donneur d'ordre, de préciser ce qu'il attend de l'institution (actuellement l'Université du Luxembourg) chargée de la formation pédagogique de ses futurs enseignants.

Augmenter le nombre de leçons d'enseignement à assurer par les stagiaires et les priver de la préparation théorique concomitante nécessaire en matière pédagogique et méthodologique pendant la première année de stage serait contraire à cette philosophie et signifierait retourner à la situation d'avant 1998.

Nous refusons ce scénario et nous demandons à la ministre de discuter avec nous une réforme du stage actuel et du concours de recrutement sur la base de nos propositions.

Guy Foetz