09.10.2004


Il y a cinq ans, notre éditorial de la rentrée était marqué par l'espoir, espoir d'une nouvelle politique et d'un nouveau style au ministère de l'Education nationale. Cinq ans plus tard, nous revoilà à la case départ avec une nouvelle ministre de l'Education nationale. Cette constatation n'a, à première vue, rien de réjouissant, car il faut constater que l'espoir d'il y a cinq ans a été déçu. Ainsi, des investissements souhaités pour l'école publique ont été accordés aux écoles privés, l'aménagement du rythme scolaire a plutôt contribué à l'accroissement du stress, une sélectivité accrue nous a éloignés un peu plus de l'égalité des chances et la culture du dialogue a très vite muté vers un style très autoritaire. Si bien qu'aujourd'hui nous avons tout à espérer d'un changement de politique.

Et cependant, de même qu'il y a cinq ans, l'analyse du programme gouvernemental a de quoi pour tempérer un espoir renaissant. Comme par le passé, le MENFP reste déconnecté de l'enseignement supérieur et de la recherche. Il n'existe pas de réelle perspective pour l'Université du Luxembourg et surtout pour la faculté des Lettres, des Sciences Humaines, des Arts et des Sciences de l'Education, et la loi sur l'autonomie des lycées et lycées techniques n'est pas remis sur le chantier pour donner de réelles structures de participation aux enseignants du secondaire. Par contre, il y a quelques timides indications concernant la solidarité, l'équité et la participation, ainsi qu'une promesse d'évaluation du système scolaire et la réouverture des discussions sur la loi scolaire concernant l'éducation préscolaire et l'enseignement primaire. Pour une analyse plus approfondie, je renvoie le lecteur au tableau confrontant le programme gouvernemental aux revendications du SEW.

Il y a cinq ans, nous concluions notre éditorial par la réflexion suivante: "Dans ce contexte nous espérons évidemment pouvoir compter sur une discussion constructive avec Madame Anne Brasseur qui a prôné la culture du dialogue au cours de sa campagne électorale. Pour elle, la concertation avec les acteurs du terrain sera probablement l'outil le plus précieux pour ne pas se laisser enfermer dans un accord de coalition encore très marqué par son prédécesseur (aurait-il fallu dire par le partenaire de coalition ?), et pour faire mentir tous ceux qui prétendent qu'être Ministre de l'Education nationale, c'est bien la tâche la plus ingrate qui soit."

On aurait tendance à adresser le même souhait à Madame Mady Delvaux-Stehres, qui lors de ses premières interventions publiques s'est clairement démarquée de son prédécesseur. Sa réussite dépendra probablement de sa capacité à se mettre à l'écoute de tous les acteurs scolaires, élèves et enseignants en premier lieu. Renoncera- t-elle à la stratégie prescriptive de son prédécesseur qui faisait peu confiance au professionnalisme des enseignants, les exhortant à suivre les programmes et les manuels scolaires à la lettre ? Réussira-t-elle à établir le dialogue entre les spécialistes des sciences de l'éducation et les enseignants du terrain, afin qu'ils cherchent ensemble les pratiques pédagogiques qui permettront d'atteindre les objectifs fixés ? Permettra-t-elle aux enseignants d'investir leurs compétences professionnelles dans le développement de l'école à travers des structures de participation authentiques ?

De toute façon, l'école n'évoluera pas à coups de slogans, ni même à coups de nouveaux programmes, mais avec des enseignants capables de faire évoluer leurs pratiques professionnelles en fonction des besoins des élèves et des objectifs fixés par la société. On trouvera ces enseignants, si l'on est prêt à les prendre au sérieux, à leur donner les moyens de se concerter et d'accéder aux savoirs issus de la recherche en éducation. Voilà pourquoi le SEW/OGB-L insiste à la fois sur la formation des enseignants et les structures de participation pour faire évoluer l'école luxembourgeoise de façon durable.

Monique Adam Présidente du SEW